Décembre 2017: ma sœur, alors âgée de 15 ans, m’écrit car elle veut venir passer une soirée chez moi. Heureuse de son désir de passer du temps avec moi, je vais la chercher chez mes parents. Nous avions prévu commander du St-Hubert, prendre ça relax devant des films. Par contre, nous ne nous sommes jamais rendues chez moi.
À peine montées sur l’autoroute 30, je vois la voiture devant moi changer de voie à une vitesse étonnante. Je comprends assez rapidement son mouvement et je réalise: nous allons avoir un accident. C’est inévitable. Une des voitures devant avait mal attaché son échelle sur sa voiture et elle est tombée au milieu de la chaussée. Et là, tout se passe vite.
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Est-ce que je change de voie vers la gauche? Est-ce que je fonce directement dans l’échelle? Est-ce que je freine sec? Est-ce que j’essaie de me mettre dans la voie d’accotement? L'instinct et l’adrénaline embarquent assez vite. Je «décide» donc de me coller le plus possible vers la voie de gauche, qui est remplie de voitures, de ralentir en même temps, en sachant que peu importe l’option que je prenais, nous allions avoir un accident. Simultanément, la voiture qui me suivait derrière n’a pas ralenti et ma voiture a foncé dans l’échelle… Double impact.
Ça se passe si vite que j’ai perdu un peu la carte. Je me souviens de l’impact et ensuite d’être arrêtée dans la voie d’accotement. La dame derrière (qui n’a clairement pas vu l’échelle), impatiente, me crie après que je n’aurais jamais dû freiner, que l’accident était de ma faute. Moi en panique, qui cherche l’échelle du regard pour lui expliquer. Je regarde à ma droite, je vois ma sœur et, tout de suite, je me mets à pleurer. J’ai la chose la plus précieuse de mes parents à ma charge et je pogne un accident.
J’appelle immédiatement le 911, qui rapidement envoie les services d’urgence sur place. J’appelle ma mère, je lui dis que ma soeur est correcte, que je suis désolée. Encore une fois, tout se passe tellement vite. L’ambulancier vient me parler, mais dans ma tête il s’agissait d’un pompier. Confusion totale. Je cherche ma soeur du regard, mais rapidement, je suis immobilisée sur une planche. Je n’arrive pas à la trouver. Je demande aux ambulanciers où elle est et j’entends sa voix. Soulagement.
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Il paraîtrait que durant tout le trajet vers l’hôpital, tout ce que je demandais à l’ambulancier, c'était: « c’est quoi les chances ». Toutes les fois, il me répondait: « pour toi, 10/10 ». Puis les blagues commençaient, question de détendre un peu l’atmosphère. « Sur une échelle de 1 à 10, à quel point tu as mal au dos? »
J’ai été mise en arrêt de travail immédiatement. Cet arrêt aura duré un peu plus d’un an. Moi qui pensais être arrêtée un beau deux semaines…. Rapidement, je me suis retrouvée avec des problème de mémoire, maux de tête, fatigue, confusion, étourdissements, problèmes de concentration. Mon cerveau ne voulait pas vraiment coopérer. Ça a été long. Ça a été demandant, épuisant mentalement.
Je suis maintenant de retour au travail. Un travail que j’adore, difficile, demandant, mais aussi enrichissant. Tranquillement je retrouve mes acquis, j’adopte de nouvelles stratégies de travail, je m’ajuste. J’ai la chance de faire partie d’une équipe de travail accueillante, soutenante et un patron hors pair, ce qui rend mon retour au travail un élément positif et une réussite.
Je passe au lieu de l’accident tous les jours. Je me souviens de l’impact. Du visage de ma soeur lorsqu’on a réalisé que nous allions avoir un accident. Je suis alerte toutes les fois que j’y passe, au cas où il y aurait une échelle. Dans notre malchance, nous avons été chanceuses. Les deux en vie, avec une famille qui nous soutient, qui nous encourage et qui soulève chaque petit pas comme étant une grande réussite. Un an plus tard, nous sommes capable d’en faire des blagues: « sur une échelle de 1 à 10.... », « c’est quoi les chances? ». Faut bien en rire un peu!
Ceci étant dit, une échelle a basculé ma vie le temps d’une année. Morale de l’histoire: soyez prudents sur les routes. Attachez bien les objets que vous transportez. Adaptez votre conduite aux facteurs externes. Et s’il-vous-plaît, ne suivez pas les gens avec une distance de deux centimètres. En cas d’urgence vous ne serez pas capable de freiner à temps. Prendre des précautions peut sauver la vie de quelqu’un et vous sauver bien des ennuis!