ET Boum… Comment la maladie prend contrôle de notre vie

Ce matin, je me sens nostalgique. Est-ce le ciel gris qui m'empêche de prendre ma marche quotidienne ou simplement mes pensées qui se retournent vers les moments importants de ma vie?

Ma vie d’avant ou ma vie maintenant?

Avant l’année 2016, j’étais une femme de 50 ans qui avait pas mal tout pour être heureuse. Mère de 4 jeunes adultes qui heureusement vont bien dans la vie. Ils sont tous en bonne santé, ils sont tous accompagnés d’un partenaire qui les rend heureux, ils pratiquent un métier qui les passionne et ils ont tous des rêves qui se réaliseront dans un futur rapproché.

Mariée et toujours très en amour depuis presque 30 ans à un producteur laitier encore aussi passionné par son métier qu’il y a 40 ans, je suis très occupée, debout à 4:45 tous les matins pour la traite des vaches. Je cours dans la vie, et ce n’est pas seulement une expression. Je cours 5 kilomètres 3 fois par semaine, 10 kilomètres à vélo 2 fois par semaine et Pilates 5 fois par semaine. Et oui je veux être une belle petite vieille en forme…

Depuis que j’ai obtenu mon diplôme en gestion de projet, je travaille aussi pour un organisme à but non lucratif 3 jours par semaine. Les adolescents, popote, ménage, commissions, jardin et l'entretien de ma belle grande propriété me tiennent pas mal occupée. Je trouve aussi le temps pour sortir avec mon amoureux et passer du bon temps avec des amis.

Et voilà qu’en 2017, alors qu’un de mes plus grands rêve, bâtir ma maison de rêve, commence à se réaliser, la maladie frappe à ma porte. Et ça frappe fort… Je souffre d’une maladie auto-immune appelée dermatomyosite. Mes muscles vont s'atrophier et plusieurs plaies apparaîtront partout sur mon corps.

Étant optimiste et ayant toujours pris grand soin de mon alimentation, je pars à la guerre. Je lis beaucoup… Hélas, comme les maladies auto-immunes sont relativement nouvelles et qu’il n’y a aucun protocole d’établi, les solutions proposées par les spécialistes en médecines traditionnelles ne sont pas très concluantes. Après avoir essayé pendant un an les médicaments qu’on m’a prescrits, je suis de plus en plus faible. Je ne marche presque plus, je pèse 39 kg.

Je suis tellement faible et j’ai tellement de mal que je décide d’aller vers les soins palliatifs.

Avec beaucoup de chagrin, je prépare ma famille à mon départ. ET boum… En arrêtant les médicaments, je commence à aller mieux. Je reprends du poids et mes jambes sont de plus en plus légères, la douleur s’atténue. Je retourne voir ma naturopathe et avec ses conseils, je reprends des forces. Je suis prête à essayer plein de choses. Chambre hyperbare, diète sans gluten, diète keto, méditation, exercices légers, etc.

Ça va mieux, mais je n’arrive pas à guérir complètement. Mon apparence physique ne s’améliore pas beaucoup. Je suis très enflammée surtout au niveau du visage, je n’ai presque plus de cheveux, je ne me reconnais plus quand je me regarde dans un miroir, une chose que je ne fais quasiment plus. On dit que l’apparence physique est secondaire, mais laissez-moi vous dire que c’est très difficile quand notre visage et notre corps ne correspondent plus aux normes de notre société.

Je décide alors de consulter pour ma santé émotionnelle.

Toute ma vie, j’ai été une personne docile qui a toujours fait passer les besoins des autres avant les miens. Je n’en étais pas malheureuse, car je me disais, ce sera bientôt mon tour…

Mon mari m’a toujours dit : « Je sais qu’on travaille dur et beaucoup, mais plus tard on va se la couler douce ». Ce que je ne savais pas c’est que pour lui le plus tard était dans un autre 20 ans. Notre ‘’timing’’ n’était pas du tout aligné. Même le fait que j’étais malade ne changeait pas ses propos.

Nous n’étions plus du tout sur la même page. Moi je voulais aller de l’avant avec nos projets de construction, de voyage. Je voulais que nos semaines de travail soient des semaines de 40 heures et non plus de 60 heures. Lui, il voulait continuer de faire grandir notre entreprise familiale.

J’essaie de me plier à ses désirs, mais les années passent. Je ne vais pas mieux et nous nous éloignons l'un de l’autre. Il ne me voit plus comme une femme. De mon côté je consulte, car pour moi la famille c’est ce qui est le plus important. Lui, il laisse les choses aller, car d’après lui la seule façon pour que nous nous retrouvions est que je guérisse et redevienne la femme que j’étais avant.

Après 4 ans, je dois me rendre à l’évidence que si mon mari n’y met pas du sien, notre mariage ne sera pas sauvé. C’est avec beaucoup de peine et d’inquiétude que je prends la dure décision de me séparer.

Mon monde vient de chambouler. À 57 ans, je me retrouve seule, mais si je veux avoir la chance de retrouver un peu de bonheur, il faut que je passe à l’action.

Je me retrousse les manches et je prends un nouveau départ…
Image de couverture d'Ivan Samkov
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