Mon fils a aujourd'hui 7 mois et dans quelque jours il en aura 8. Mon meilleur ami me faisait remarquer qu'il n'y avait que les mères qui comptaient en semaines de vie. C'est vrai. Quand on devient maman, on compte la croissance de notre enfant par mois, semaines et même jours. On voit sa petite vie nous filer entre les doigts. On a hâte qu'il rampe, marche à quatre pattes, fasse ses premiers pas, mais en même temps, on aurait envie que le temps se fige et qu'on puisse le garder tout petit. Je parle pour moi ici... je suis en constante nostalgie de voir mon bébé grandir. Voir mon bébé devenir un "vrai p'tit mec".
Par exemple, je sais qu'il ne se souviendra pas de toutes les journées que nous passons ensemble cette année. Personne ne se souvient de ses premières années de vie. Des fois, j'ai l'impression que je vais perdre cette petite personne avec qui je partage plein de moments. Quand je vais lui raconter ces anecdotes : quand il riait lorsque je lui chatouillais le ventre ou quand il se mettait plein de purée dans le visage, je serai la seule à m'en souvenir. Il ne s'en rappellera pas. Je vais avoir perdu mon fils à l'âge bébé. C'est drôlement fait. Pourquoi le cerveau est-il ainsi fait? Je me demande. Peut-être parce qu'il n'a pas encore les facultés d'emmagasiner des souvenirs, ou encore vit-il trop de moments nouveaux, trop de petits traumatismes (première fois qu'il tombe, première fois qu'il se sépare de moi, etc) et qu'il refoule ces expériences de trop grande intensité pour son coeur de bébé?
Pendant ce temps, j'essaie de garder le plus de souvenirs dans ma tête de maman pour pouvoir un jour lui partager. Je suis la seule gardienne de ces moments. Si je les oublie, plus personne ne s'en souviendra. J'ai une grosse responsabilité. Je photographie ces moments dans mon coeur et parfois j'ai l'impression que mon disque dur commence à être saturé autant que mon téléphone qui n'a plus de place pour emmagasiner trop de photos de lui.
Mon chum me faisait remarquer que déjà, on ne peut plus prendre Lionel dans nos bras comme on le faisait quand il était naissant. Il est déjà très grand et bien vite, il ne voudra plus qu'on le couvre de baisers. Il voudra découvrir le monde et cessera de se cacher dans ma jupe.
C'est là qu'on se dit, je veux revivre ces moments que je perds à vue d'oeil. Pourquoi ne pas avoir un autre enfant? Mais là, un gros paradoxe se dresse devant moi. Tous ces moments nouveaux qu'expérimente mon fils, toutes ces premières fois et rires que je tente tant bien que mal de capter...ils ne passeront qu'encore plus rapidement si j'ai un deuxième enfant. J'aurai moins de temps pour pouvoir tout voir aller. Mon coeur ne sera plus où donner de la tête. C'est là qu'on comprend tous les gens qui nous disaient ... "tu vas voir, ça va aller vite".
Dans le fond, la vie ne va pas plus vite...Non. Elle n'accélère pas. Je pensais que les parents disaient ça puisqu'avoir des enfants c'est beaucoup de responsabilités, qu'on a de la misère à concilier travail-famille, ou encore puisqu'on est fatigué de devoir s'occuper d'eux. Non. J'avais tout faux. On a la perception que la vie passe vite puisqu'on ne veut plus manquer aucun moment de la vie de nos enfants. Pourtant on n'accordait pas autant d'importance aux banalités qu'était notre vie. Jamais je n'ai accordé autant d'importance à vouloir me souvenir de l'émotion que j'avais quand j'ai goûté la première fois un aliment. Quand je vois mon fils goûter un nouveau fruit, je veux tout garder en tête. On prend un plaisir incroyable à observer notre bébé vivre. C'est ça la beauté de voir la vie à travers les yeux de notre enfant. Un drôle de phénomène. Merci Lionel, merci d'avoir transformé ma vie et de l'avoir enrichie par ta façon de découvrir la tienne. J'essaie de trouver le bouton "pause" ... pendant que je cherche encore, je sais que tu deviens déjà un "vrai p'tit mec".
Le look:
T-shirt & Bermudas –P'tit Mec P'tite Nana
Foulard – Little Marine Design
Lieu – La Ruche Blanche
Stylisme – Laurie TB
Photos - Eva-Maude Tc