Je suis accro à mon cellulaire. Pour le travail. Mais je suis tout de même accro. Depuis 2008, j'ai l'impression de vivre dans un tourbillon qui ne s'arrête jamais. Je ne savais pas à l'époque le choix que je faisais, je ne savais pas que je choisissais un chemin où la technologie devenait un outil indispensable. Avant, je n'étais pas comme cela. Je suis une des dernières cohortes qui n'avait pas de cellulaire au secondaire et qui hésitait à en avoir un au cégep. Ça devenait notre grosse dépense, la première vraie dépense mensuelle qui serait appliquée automatiquement sur la carte de crédit. Je me souviens de mon immense ordinateur portable du cégep, que j'avais acheté 500$ l'été avant de commencer. Il était lourd, il était tout noir et je l'utilisais pour prendre des notes. Il n'y avait aucun WiFi au cégep, ce n'était pas pour me connecter. Puis, je me souviens qu'à l'université, je me suis acheté un tout nouveau MAC et que là, on avait, souvent, internet dans les classes. Ça a changé ma vie. J'ai commencé à lire des blogues et des sites de nouvelles, regarder la webtélé, suivre des influenceurs à travers la planète. Et j'ai vu un monde s'ouvrir devant moi. Un monde encore peu développer ici. Puis, tout à débouler, Bombe.tv, Les Bachelières et j'en passe. J'étais devenue une de ces bibittes du web. Je twittais à la vitesse de l'éclair et j'aimais cela. Mes écrans me permettaient non seulement d'échanger, mais ils venaient de me permettre de me tailler une place dans le monde difficile de la communication. J'avais trouvé une niche.
Je fonçais à mille à l'heure dans ce monde. Sans me poser de questions. Et j'ai vieilli avec ce monde. Il y a maintenant plein de jeunes, aussi fonceur ou plus que je l'étais à l'époque qui commence à apparaître dans mes fils de nouvelles. Et j'aime les suivre. Ils sont plus jeunes que je l'étais à l'époque. Ils ont 17, 18 ans. Moi, à cet âge, rien de cet univers n'existait. Je les suis et je prends plaisir à voir leur évolution. C'est beau, c'est enivrant. Mais depuis quelques mois, je ressens une fatigue. Le web, c'est un monde merveilleux, mais c'est aussi un océan qui t'avale en moins de deux. Tu te sens vite englouti par la marée d'informations et de contenu que tu reçois et que tu dois créer. Quand j'étudiais en journalisme à l'université, je rêvais de vivre de ma plume et de mes apparitions télés. Je m'arrête. J'en vis. Et je ne m'arrête pas souvent pour le réaliser. Je ne prends pas le temps de savourer cette petite victoire entre moi et moi. Pourquoi? Parce que je suis déjà en train de créer mon prochain contenu via mon cellulaire. L'automne 2015 va changer pour moi. Mes proches et mes amis m'en parlent souvent. Je suis rivée à mes écrans, toujours prête. Je me permets de décrocher. Pas tout le temps, non, je ne vous quitte pas, mais de parfois laisser la technologie plus loin, le temps d'une soirée ou d'une fin de semaine. Pour qui est-ce que ce sera le plus compliqué au début? Moi. Parce que j'aime foncièrement cela. Mais je veux retrouver la Camille qui lisait un livre sans s'interrompre pour regarder Instagram. Je veux retrouver la Camille qui va nager sans se demander si son billet de blogue a été partagé sur la page Facebook LeCahier. Je veux retrouver la Camille qui n'est pas la Camille Dg. Qui est seulement elle. Tout simplement.
Le web m'a transformée avec les années. Dg, c'est un surnom qui est apparu au primaire, mais Camille Dg, c'est une marque que j'ai crée à l'époque de Bombe.tv. Je ne savais pas encore ce qu'était du branding personnel et je savais encore moins que j'étais en train de me mettre sur le marché. Je n'étais pas à l'époque, une spécialiste de marketing. Je n'en connaissais rien. J'étais une fille qui avait fini un DEC en art dramatique, qui aimait écrire ses pièces de théâtre et ses romans et qui étudiait en journalisme pour écrire et faire de la télé. Dès le début du Bac, je savais que je ne serais pas une journaliste classique pour le papier. C'est un métier fabuleux, que j'admire énormément, mais d'autres y étaient bien plus doués que moi. Et je trouvais un grand plaisir à animer de la webtélé. Avec les années, Camille Dg, la marque, a pris beaucoup de place. Peut-être même trop sur le web. On me dit parfait «tu es partout». Non. Je ne suis pas partout. En tout cas, pas partout où je voudrais être... encore. Je suis une femme fonceuse. Et de laisser tomber la technologie par moment, ce ne sera que pour mieux la retrouver et mieux atteindre mes rêves.
Quand je regarde ces jeunes de 17, 18 ans, je leur souhaite ceci que j'ai: de rêver, encore, d'atteindre de nouveaux buts à 28 ans. Oui, vieillir ce sont des petites pattes d'oie, mais c'est surtout une sérénité face à la vie et c'est de se permettre de choisir ce qu'on veut collectionner comme souvenir... et regarder un écran alors que je suis avec des gens que j'aime n'en fait pas partie. Sur ce, bonne fin de semaine!
Le look:
Chandail - Wuup
Jeans - Lola
Souliers - Sanuk
Téléphone - HTC ONE M9
Sac - Cokcluch
Photos – Emilie Hebert
Maquillage et cheveux – Katia Proulx
Lieu – W Montreal