Savoir faire fi des autres

J'ai cessé de tenir compte de l'avis de tout le monde. Est-ce l'âge, une écoeurantite aigue ou une confiance en moi grandissante? Je ne sais pas. Probablement un mélange de tout cela. Mais je possède maintenant des petites portes qui ferment mon ouïe. Vous aurez beau me parler, crier ou l'écrire sur le web, je fais à ma tête. J'ai toujours eu un peu ce trait de caractère. À l'adolescence, c'était dans le mauvais sens du terme où je ne portais pas du tout attention à ce que disaient les adultes qui m'entouraient préférant de loin suivre mon chemin avec mes idées. J'ai pris en maturité et j'ai su que seul on ne se rend pas bien loin, en équipe on est vraiment plus fort et mieux outillé. J'ai donc ouvert mes oeillères et j'ai écouté. Mais c'est comme si j'étais tombée dans l'autre extrême. Tout s'est mis à me toucher droit au coeur, me blessant souvent. Et les remises en questions ont commencé. Je n'ai rien contre ces dernières, mais quand on y pense chaque jour, quand on veut se réinventer sans cesse, c'est épuisant et ça tire tout ce que j'ai de jus.

J'étais fatiguée de chercher qui j'étais à travers chaque commentaire, chaque conseil, chaque idée. J'avais l'impression de ne jamais être ce que les gens voulaient et de ne jamais être ce que je voulais non plus, en fait je n'étais pas grand chose en dedans.

Mais sur le web, ce magnifique terrain de jeu, j'étais une jeune femme en pleine possession de ses moyens, une femme forte, une entrepreneure. Et je restais dans ce stéréotype, c'était mon image de marque personnelle que je bâtissais depuis des années.

Et ce fut trop. Une série d'événements ont fait en sorte qu'il y a quelques années, j'ai fermé les portes. Et j'ai recommencé à faire à ma tête. Mais de manière adulte. J'ai appris à faire fi des commentaires des autres si je n'estime pas cette personne ou si le commentaire se veut simplement blessant.

Après l'université, on croit entrer dans le doux monde des adultes où les guerres de l'adolescence sont derrière nous et où régnera une harmonie où chacun vit sa vie. On se trompe. J'ai cessé d'espérer que plus tard sera mieux, je veux vivre maintenant. Je sais, j'ai peut-être l'air de me plaindre, mais pas du tout. D'abord, je ne me plains pas, puis je sais à quel point je suis privilégiée de faire un travail que j'aime en toute liberté et de pouvoir être Camille à chaque seconde de ma vie.

Quand j'ai choisi de faire fi des opinions qui ne sont pas importantes à mes yeux, soudainement, je me suis mise à me sentir mieux. C'est comme si je choisissais, seule, de ce que j'avais envie de devenir, sans chercher un appui populaire ou un vote unanime. Il fut un moment dans ma vie où je voulais plaire, je cherchais cet appui, cette validation. C'est fini. J'ai envie de plaire aux gens que j'aime et même, si je ne leur plais pas, tant pis. Je me donne le droit à l'erreur, je me donne le droit d'avoir mes opinions, mes idées et je me donne le droit de changer mon fusil d'épaule, d'évoluer. Je ne serai pas demain en tout point ce que je suis aujourd'hui et c'est bien correct comme cela.

Apprendre à faire fi de ces commentaires, de ces opinions, ce fut pour moi une manière de me libérer d'une pression sociale que je ressentais au secondaire et qui s'est transposée sur le web. Je ne suis plus l'ado qui fait à sa tête, ni l'adolescente qui écoute tout. Je suis l'adulte, qui, à 29 ans, sait finalement qui elle est... pour l'instant....

C'est important de savoir refermer les portes, de refaire sa coquille et de foncer à sa manière dans la vie. Avec Internet et la rapidité avec laquelle les commentaires fusent, on oublie parfois que notre vie n'appartient qu'à nous et que les autres peuvent bien juger, mais qu'ils ne sont jamais dans nos souliers. On est le mieux placé pour prendre les bonnes décisions pour soi. Et je ne dis pas de ne pas écouter les autres, je dis seulement qu'il faut apprendre à choisir les voix auxquelles on accorde de l'importance...

Le Look: 

Chaussures: L'intervalle

Vêtements: b. young

Maquillage: Annie Bessette avec les produits Nars

Photos : Michelle Gagné

Lieu: Hôtel W