« Le succès n’est pas en lien avec ce que nous faisons. C’est par rapport à qui nous sommes. »

Croire que nos relations réussissent en raison de ce que nous faisons. Croire que notre travail est reconnu en raison de ce que faisons. Croire que notre vie est réussie en raison de ce que nous faisons. Toujours vouloir en faire plus, tout le temps, partout, avec tout le monde, dans l’espoir d’un jour être assez. Tout ce temps, pendant toutes ces années. Et pourtant, quelque chose cloche. Car ce que nous faisons n’est qu’une image et l’image ne peut surpasser l’essence même de ce que nous sommes.  Car avant de vouloir être quelqu’un, il faut d’abord être soi-même. À quoi bon mettre de l’énergie à bâtir une image et une personnalité qui n’est pas la nôtre ? Pourquoi être soi-même serait-il honteux ? Qu’avons-nous à cacher ?

La plupart d’entre nous passeront leur vie à investir temps et énergie pour bâtir cette image, ce personnage qui répond aux attentes sociales, culturelles et familiales. Certaines personnes en deviendront même prisonnières, incapables de laisser place à leur soi réel, à leur ombre. À la manière d’un contenant, un beau vase, dépourvu de son contenu, de ses fleurs. Selon plusieurs auteurs dans le domaine de la psychologie, dont Jean Monbrouquette, Carl Jung et Robert Bly, jusqu’à la trentaine, il semble que nous ayons tendance à passer la majorité de notre temps à déterminer quelles caractéristiques et facettes de notre personne et de notre personnalité nous allons enfouir, cacher et jeter à la poubelle. Puis, nous passerons ensuite le reste de notre vie à tenter de retirer un à un ces morceaux de nous, jetés à la poubelle.

« L’ombre de l’apparence s’arrête là où le désir du cœur commence. » - Loïc Schneider

L’existence de notre ombre et la découverte de celle-ci représentent une démarche aussi difficile qu’essentielle si l’on désire vivre, au lieu d’uniquement exister, aussi abstraite que concrète si l’on se donne la chance d’aller au fond de nous, aussi arbitraire que naturelle si l’on développe notre capacité d’introspection et d’ouverture. L’ombre, cette image, ce personnage aussi appelé persona que nous avons créé pour survivre dans la société, au travail et dans notre famille, s’est bâtie en raison d’interdits, entre autres. Bien que le terme ombre revêt un caractère négatif, il ne faut pas se leurrer : cette partie de nous enfouie est en fait un potentiel refoulé qui, si elle est utilisée à bon escient et en équilibre avec notre image — notre soi idéal aux yeux des autres —, nous permet de trouver cohérence et paix avec nous-mêmes.

Car si nous voulons être aimés, nous devons d’abord nous aimer. Comment espérer, sinon, qu’une personne puisse nous accorder une importance, si nous avons honte ou même peur de qui nous sommes ? Comment penser se rapprocher du succès et de la reconnaissance si notre vie est motivée par l’importance de l’image au détriment de notre essence propre ? Comment penser évoluer si l’apparence est plus importante que la transparence et la cohérence ? Car comme a dit Roman Price, « si tu cherches la personne qui va changer ta vie, regarde-toi dans le miroir. » Parce que la lumière n’existerait pas sans son ombre.

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