Quand on a vu la totalité des épisodes et des films de la célèbre série de science-fiction Star Trek, il est approprié de se considérer comme une Trekky. L’écoute attentive de plus de 540 heures de contenu Sci-Fi, sans compter les nouveautés, développe inévitablement un intérêt marqué pour les nouvelles technologies.

Je ne peux pas m’empêcher d’être enthousiaste face aux nombreux développements technologiques des dernières années ! Ces avancées informatiques ont de quoi faire rêver Gene Roddenberry sur son nuage.

L’intelligence artificielle est sans aucun doute la réalisation la plus impressionnante et la plus Sci-fi de toutes. Dans Star Trek, l’IA est partout ! Il n’y a pas un épisode où aucun protagoniste ne s’adresse à l’ordinateur. Il est indispensable.

Une chose qui saute aux yeux des fans attentifs, c’est que cette intelligence artificielle demeure généralement un outil. L’ordinateur n’a pas le dernier mot. Il est là pour faciliter la vie de l’équipage, pour le protéger, et non pour le remplacer.

Au-delà des prouesses nécessaires pour concrétiser de tels programmes, l’intelligence artificielle est sans doute une belle occasion d’en apprendre plus sur l’humain. Les fans de Star Trek savent très bien que la grande réflexion en trame de fond de l’ensemble de l’œuvre, c’est la grande question : qui sommes-nous, les humains ?

La fiction et la réflexion

Malgré les nombreux détails visionnaires sur sa technologie fictive, Star Trek n’est pas qu’une série de science-fiction. C’est avant tout une œuvre philosophique qui cherche à comprendre la nature de l’humanité.

Lors du premier épisode de la série Next Generation avec Patrick Stuart, un personnage nommé Q (et prononcé « Kiou ») qui est semblable à Dieu, mets Capitaine Picard au défi de prouver la légitimité de la race humaine en jugeant de la valeur morale de ses actions. En se proclamant grand inquisiteur, Q décidera ensuite du sort réservé à la race humaine. De quoi mettre le ton sur la réflexion philosophique qui guidera les scénaristes tout au long de la série.

Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la vraie vie. Justement, dans le but de faire de l’intelligence artificielle un outil de tous les jours, les experts de l’IA n’étudient pas nos comportements, nos motivations, notre relation avec les autres, etc. ? (Curieux? lis l’article de Psycause)

Quel est ce mystérieux processus qui fait de l’humain un être humain ? C’est au cours des questionnements existentiels du personnage Data, joué par l’acteur Brent Spiner, que Next Generation explore cette question essentielle. Et le questionnement va bien au-delà de l’analyse de ses capacités intellectuelles.

À réfléchir !

Dans la réalité

Dans le vrai monde, nous sommes spectateurs des développements de l’intelligence artificielle. Certains concepteurs semblent rêver grand, comme Dave Rogenmoser avec Jasper. D’autres, comme Google, préfèrent être pratiques en développant des logiciels d’utilisation intuitive.

Dans tous les cas, il manque un élément humain très important aux logiciels IA : l’intelligence émotionnelle. Je me demande s’il sera un jour possible de transmettre à un logiciel IA la capacité de juger moralement une situation de sorte à prendre une décision de valeur.

À ma connaissance, l’IA demeure une machine qui imite les comportements humains. Elle n’est en aucun cas capable, à ce jour, de vivre les émotions nécessaires à l’adoption de valeurs.

Après la lecture d’un article où l’on a mandaté CHATGPT de servir de guide touristique dans la ville de Montréal, je me suis questionné, comme tant d’autres, sur la compréhension du logiciel face à ce qu’on lui demande. Il semblerait que CHATGPT ne sache pas faire la différence entre la réalité et ses lubies. Il ment, ce qui est moralement inacceptable, si on parle d’un humain. Dans les faits, ChatGPT ne fait que répéter ce qu’on lui a appris, comme le robot qu’il est, sans faire preuve de jugement.

La capacité à appliquer le raisonnement émotionnel à un logiciel IA sera peut-être LE défi du siècle ! Serait-il possible que, tout comme dans Star Trek, le développement informatique nous réunisse tous autour de cette question éternelle : qui sommes-nous ?

Et pour la suite…

Tout comme Data, il me semble important de se questionner sur la nature de l’humanité pour perfectionner l’utilisation de l’intelligence artificielle. Si dans Star Trek, l’humanité s’est unie devant les nouveaux défis de technologie et de civilisation, est-ce que le vrai monde saura se surpasser dans sa recherche de l’idéal technologique ? Peut-être qu’au fond, nous cherchons simplement à valoriser notre humanité par la réalisation d’un monde artificielle… Qui le sait vraiment ?

Pour l’instant, la technologie demeure un outil performant de mimétisme. L’intelligence artificielle garde sa neutralité et peut être utilisée pour faire le plus grand bien comme le plus grand mal.

Il me fait rêver de penser qu’il est toujours permis d’aspirer à un monde où, comme dans Star Trek, la technologie saura pousser l’humanité à révéler le meilleur d’elle-même.
Image de couverture de Jonathan Kemper
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