Le choix des mots utilisés pour communiquer un même message a le potentiel de générer un éventail souvent insoupçonné de réactions émotionnelles chez le récepteur.
Ainsi, par ricochet, des finalités diamétralement opposées peuvent découler de la transmission d’un même message, en fonction de la sélection des mots de l’émetteur.
Cette prise de conscience de l’impact des mots est déterminante pour optimiser la qualité de nos relations, et peut s’avérer un allié notoire dans le maintien d’une bonne santé mentale.
Impact sur soi-même: Le pouvoir de l’auto-discours
Dans l’ère actuelle d’une société où la production de masse est souvent priorisée au détriment de la reconnaissance de l’individualité de chacun, il est impératif de savoir prendre soin de soi-même, et de croire en son potentiel; il en va de notre santé mentale, et de notre propension au bonheur.
Ainsi, au lieu de nous traiter de nulles ou d’abrutis, nous avons tout intérêt à faire preuve d’autocompassion. Il ne s’agit pas de s’enfoncer la tête dans le sable ni de pratiquer le déni, mais plutôt de bien vouloir admettre que nous en avons encore à apprendre, tout en prenant soin d’apprécier et de reconnaître le chemin déjà parcouru. Notre état d’esprit sera profondément différent selon les mots utilisés dans notre auto-discours, et aura certainement un impact majeur sur notre motivation et notre estime personnelle.
Certains mots ont des connotations positives ou négatives, même s’ils ont des significations similaires.
La connotation est l’aspect subjectif et/ou émotionnel que nous inspire un mot. Elle peut être positive, négative ou neutre.
Certaines paires de mots partagent un sens littéral similaire, mais ont une connotation différente. Par exemple, si on ressent généralement une certaine fierté de se savoir perçu comme un individu audacieux, on risque fort bien de considérer plus péjorativement le fait d’être qualifié de téméraire.
Il en est de même pour les termes « appliqué » et « lent », ainsi que « défi » et « problème », pour ne nommer que ceux-ci.
Émotion et tonalité

Un même message peut transporter des émotions fort différentes, et être perçu comme rassurant, neutre ou accusateur, selon le vocabulaire utilisé.
Par exemple, le commentaire de l’enseignant qui nomme à l’étudiant qu’il est trop lent, sera perçu comme étant accusateur, et on peut le comprendre. Or, le message pourrait très bien être transmis de façon plus positive et rassurante.
En usant de prévenance à l’égard de son protégé, le mentor pourrait choisir d’aborder la discussion en exprimant d’abord sa reconnaissance de l’implication consciencieuse de l’étudiant à s’acquitter d’un travail de qualité.
Des encouragements à continuer de prendre son temps, tout en essayant d’être un peu plus rapide la prochaine fois, pourraient ensuite être exprimés. En procédant de cette façon, il y a fort à parier que le message soit perçu beaucoup plus positivement par l’élève.
L'impact de la formulation des phrases sur les émotions, l’estime, et la motivation, en fonction de l’objectif de l’émetteur
Pour une situation donnée, il est possible d’en présenter les mêmes résultats, mais de façons fort différentes, en fonction de l’objectif recherché par l’exposition des faits.
Par exemple, le supérieur hiérarchique qui nomme à son employé le fait qu’il a beaucoup progressé depuis sa dernière évaluation ne nie pas le besoin d’aller encore plus loin. Cependant, il sera davantage motivant pour le salarié d’entendre ces propos, que si on lui verbalise plutôt le fait qu’il n’est pas encore à la hauteur des attentes, malgré les mesures instaurées depuis la mise en place de son plan d’amélioration.
Donc, en fonction de la volonté des hauts dirigeants de la compagnie, le discours du gestionnaire mandaté d’agir auprès des subalternes pourrait être totalement différent pour une même situation rencontrée avec l’un d’entre eux. En d’autres termes, si l’intention de la direction est de motiver le salarié à poursuivre ses efforts, on pourrait s’attendre à l’annonce d’une mobilisation de ressources pour l’accompagner dans l’atteinte de ses défis, soutenue par un discours mettant l’accent sur sa récente progression.
En revanche, si le projet est plutôt de pousser l’employé vers la sortie, le message mettra plutôt l’emphase sur l’écart qui persiste entre les attentes de l’employeur et les résultats obtenus.
Il s’agit donc de la transmission d’un même message à 2 volets; d’une part, l’amélioration récente des résultats, d’autre part, les objectifs qui ne sont pas encore atteints. Pourtant, chacune des 2 présentations est susceptible d’affecter émotionnellement son destinataire de façon bien différente.
Les faits s’imposent, le regard se choisit.

L’utilisation d’un langage positif n’est pas une propagande pour encourager la fuite ou le déni, mais plutôt une façon constructive d’aborder les situations. On peut assurément choisir de voir les aléas de la vie comme des problèmes et des bâtons dans les roues, ou privilégier de les considérer comme des opportunités d’apprendre et de faire autrement. Il ne s’agit pas d’être naïf, mais de prendre ses responsabilités. En choisissant d'entretenir une perception positive de la vie, et en limitant les efforts improductifs consacrés à tenter d’aller à l’encontre de ce qui est hors de notre contrôle, la table est mise pour savoir recevoir et apprécier les imprévus de la vie, en se concentrant sur le bon côté des choses.
Il est indéniable que chacun continuera de rencontrer des situations dont il aurait sans doute préféré ne pas avoir à s’affranchir. D’ailleurs, ne s’agit-il pas là de l’un des nombreux aspects faisant partie intégrante de ce que constitue la vie?
À chacun ses décisions; chacun est maître de sa vie, jusqu’à un certain point. En revanche, on est tous entièrement libres et responsables de la perception que nous choisissons de cultiver de celle-ci et de ses aventures.
Être conscient que le choix des mots pour y faire référence a clairement le potentiel d’influencer son état d’esprit est sans contredit l’un des atouts les plus probants pour davantage de gratitude dans sa vie.
Photo de couverture via Aaron Burden