L’immigration est une des plus grandes décisions qu’un individu puisse prendre. Ce n’est pas une simple chose que de partir! Il peut s’avérer difficile de quitter ses terres, son pays d’origine et s’en aller vers d’autres contrées pour s’y installer.
Et à raison.
Les changements et toute la charge émotionnelle que cela implique peuvent être radicaux, bouleversants et surtout définitifs.
Il y a ceux auxquels l’immigrant doit faire face une fois à destination. Mais il y en a, tout aussi importants et éprouvants, qui surviennent en cours de procédure.
Quoi donc de plus normal que d’y réfléchir avant de s’engager et faire le grand saut.
Une raison profonde…
Quelles que soient les raisons qui peuvent motiver le choix de « tout quitter » un jour, pour « tout recommencer » … ailleurs; l’immigration reste profondément liée à la perspective d’une meilleure qualité de vie sur la terre d’accueil.
L’immigrant recherche le bien-être.
Et très souvent, après réflexion, et à son corps défendant, il entrevoit que l’herbe est plus verte ailleurs.
Un jour alors, il décide de partir.
J’ai dû, moi aussi, prendre une telle décision. À dire vrai, j’ai plutôt cédé à celle de mon conjoint, prise en 2011. La crise sociopolitique que traversait notre pays avait achevé de le convaincre de la nécessité d’entamer une procédure d’immigration à destination du Canada.
À l’époque, je n’avais certainement pas l’âme d’une aventurière et n’étais aucunement ce qu’on pourrait appeler une « voyageuse ». Pourtant, après l’achat d’un document d’informations sur l’immigration au Canada; et plusieurs « séances » de réflexions aux allures de discussions houleuses plus tard, nous nous sommes engagés dans un projet qui allait changer nos vies avant même sa réalisation!
Le projet prend forme… les difficultés aussi
Notre procédure dura 8 longues années.
Toutes sortes de tracasseries et de difficultés ont jalonné notre chemin. Les principales étaient surtout d’ordre financier. Eh oui, ça coûte beaucoup l’immigration! Devoir débourser l’équivalent de presque 25 000$ pour la cause était plus qu'éprouvant; surtout pour des individus de classe moyenne d’un pays africain, et donc très loin d’être riches.
Il nous a fallu endurer toutes sortes de privations pour les besoins de ce qui nous apparaissait, alors, comme un projet de vie.
Tous nos objectifs et toutes nos décisions étaient étroitement liés à ce projet et devaient œuvrer immanquablement à sa réussite.
Tout ce qui n’y concourait pas, ou en était un frein, était alors purement et simplement écarté; non sans parfois créer de l’amertume.
J’ai dû, par exemple, renoncer à m’investir pour mon ascension professionnelle et m’accrocher à un poste au bas de l’échelle dans l’entreprise où je travaillais, parce que c’était financièrement plus rentable à court et moyen terme. C'était un prix à payer, vu qu’on était mieux de gagner de l’argent plutôt que d’en dépenser « inutilement ».
On était prêt à tous les sacrifices! Y compris celui d’être incompris par nos amis et proches.
Et plus le temps passait et c’était difficile, moins nous nous sentions enclins à rebrousser chemin. Mieux, nous étions plus que résolus, certains d’être comme des élus qui ne pourraient que récolter du miel au bout de l’effort! Et comme on le dit chez nous, « c’est le plus dur qui est le chemin »!
Le bout du tunnel…
Le temps passait, et notre détermination portait ses fruits puisqu’on arrivait à honorer nos échéanciers pour les différents frais et honoraires réclamés.
On se sentait fiers. Le bout du tunnel se profilait clairement.
Il n’y a rien de plus gratifiant que de voir ses efforts récompensés et de goûter au fruit de sa semence!
Quand vient le temps de partir, la satisfaction personnelle est bien au rendez-vous. Alors on part, le cœur léger pour certains, lourd pour d’autres. C’est selon.
Quoi qu’il en soit, on ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur et de l’appréhension. Ne dit-on pas que partir c’est mourir un peu? On laisse bien une partie de soi qu’on a toujours connue pour se tourner vers un inconnu à apprivoiser!
Mais c’est certain, la quête du bonheur et l’intime conviction d’avoir fait le bon choix et d’y avoir travaillé dur, donnent des ailes pour s’envoler vers son destin, prêt à tout affronter avec dignité.
Aucune montagne ne peut tenir devant un cœur ferme dans ses résolutions!
Image de couverture de Glen Carrie