Je fais partie de ces gens qui ressent trop. Je ressens tout trop fort.

Les sons, les mots, les émotions.

Un regard, une parole et je chavire

Je suis une éponge.

Je les vis. Ils me transpercent. Ils ne quittent jamais ma tête.

Une tension, un frisson, un silence.

Mon cerveau suranalyse tous les détails et même le vide.

Je suis sur une corde raide.

Je ressens les gestes avant que quelqu’un ait eu le temps d’ouvrir la bouche.

Ce n’est pas un sixième sens.

Ce sont tous mes sens en hypervigilance constante.

Une ambiance trop lourde et une vague me renversent.

Trop de bruit et je me déstabilise.

Un imprévu, un plan qui change et plus rien ne va.

Mes repères ne tiennent qu’à un fil.

Un fil déjà trop mince, trop usé.

Je suis celle qui s’attache à un personnage d’un livre comme s’il faisait partie de ma vie.

Je suis celle qui verse trop de larmes pour une chanson parce que la nostalgie prend toute la place.

Je suis celle qui est submergée par les souvenirs du passé.

Je suis celle qui est épuisée le soir venu parce que je vis à travers les émotions des autres.

Je suis celle qui a de la difficulté à différencier ses propres sentiments.

Je bois les non-dits et je me noie dans une mer de scénarios.

Crédit: Unsplash

J’ai longtemps envié ceux qui étaient capables de faire la part des choses.

Ceux qui pouvaient gérer leurs émotions et ceux qui étaient capables de se protéger des tempêtes du monde extérieur.

Ceux qui n’avaient pas besoin de se battre pour rester dans la réalité.

Ceux qui n’avaient pas besoin de se protéger.

Ceux qui pouvaient séparer leur cœur de leur tête.

Moi, ma tête, elle tourne. Tout le temps

Toute ma vie on m’a dit que j’étais trop.

Trop sensible, trop intense, trop rigide, trop fragile.

C’est ce qui fait que je suis assez.

Je suis moi. Je suis vraie.

Il m’a fallu 30 ans pour comprendre que j’étais plus que ça.

Je n’ai pas à devenir plus forte. Je n’ai pas à m’endurcir.

Je ne suis pas brisée. Je n’ai pas à m’excuser d’avoir des limites différentes.

J’ai appris à accepter que ma différence ne fût pas un problème. Elle m’a forgée.

Le chemin est long pour accepter que notre monde doive tourner au ralenti dans cette vie étourdissante.

Pour accepter de s’écouter nous.

Pour prendre soin de notre petit cœur un peu trop empathique, mais tellement fort.

Tellement plus que ce l’on peut croire.

L’hypersensibilité est souvent amenée de façon négative.

Pourtant, elle devrait être vue comme une qualité, particulière, mais unique.

L’hypersensibilité c’est être une personne pure.

C’est apprécier la simplicité.

C’est s’émerveiller avec les petits bonheurs du quotidien.

Ce n’est pas d’exagérer, c’est d’aimer oui parfois trop fort, mais toujours dans la vérité.

C’est vivre la joie des autres autant qu’eux.

C’est emmagasiner un coucher de soleil et le ressentir jusqu’au fond de mon être.

C’est s’abandonner au vent qui souffle dans les cheveux en voiture les fenêtres baissées avec cette sensation de liberté.

Crédit: Unsplash

À tous ceux qui ont ressenti ces mots, résonner, trop fort, parce que leur vie était enfin expliquée, vous n’êtes pas seuls. Ne vous cachez pas.

À tous ceux qui, comme moi, ont essayé de s’oublier pour entrer dans le monde neurotypique,

Ne perdez jamais vos couleurs qui vous font rayonner.

Ne les laissez pas vous éteindre.

L’hypersensibilité, c’est notre plus grande force.
Photo de couverture via Scott Webb
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