La différence est souvent incomprise, jugée, exclue, rejetée et parfois même tabou, mais elle n’est pas synonyme de mal pour autant. Dans le documentaire Paris Is Burning de Jennie Livingston sorti en 1991, des membres de la communauté LGBT prennent la parole et nous introduisent à la culture du Drag Ball au centre de la ville des rêves, New York.

Très peu connu à l’époque, cet art qui se présente sous forme de compétition incluant plusieurs catégories, est une passion pour beaucoup de gens. On découvre un monde complexe dans lequel la réalisatrice met en scène des personnalités talentueuses, ambitieuses, intelligentes et des caractères uniques qui sont toutefois négligés et qui peinent à se forger une place en dehors de leur petit univers dans lequel ils se réfugient. ‘’ At a ball you have a chance to display your arrogance, your seductiveness, your beauty, your wit, your charm, your knowledge. You can become anything and do anything right here, right now and it won’t be questioned. ‘’ (Jennie Livingston, Barry Swimar, 1991)

Source image  : Out Magazine

Nombreux sont ceux qui se sentent accepté qu’une fois sous les projecteurs d’un Ball ou autrement dit, d’un podium. Vulnérables, mais avec des rêves plein la tête, ils s’expriment sur l’injustice par laquelle ils se sentent brimés. Nous suivons le quotidien d’une communauté solidaire, au passé et au présent tourmenté, qui surmonte les difficultés de la vie ensemble, mais qui réussit à s’épanouir en créant et en partageant les uns avec les autres un art souvent non apprécié à sa juste valeur par le reste du monde. Le reportage nous initie donc non seulement au mouvement du Ballroom, mais il traite également de sujets importants comme l’homophobie, l’écart au sein des classes sociales, le racisme, la prostitution et la violence. Quelqu’un comme Venus Xravaganza, l’un des figurants dans le film, pourrait se faire assassiner pour être différent et une rêveuse comme Octavia St-Laurent pourrait se faire mettre des bâtons dans les roues par la
société, sans parler de la discrimination quotidienne envers cette minorité visible. ‘’ Black people have a hard time getting anywhere. And those that do are usually straight.’’ (Jennie Livingston, Barry Swimar, 1991)

25 ans plus tard, Sara Jordeno sort son documentaire, KIKI, qui lui aura pris 5 ans à réaliser. Bien évidemment, il fut énormément comparé au mythique Paris Is Burning, c’était inévitable. Les deux dénoncent les même problèmes, mais à deux époques différentes. De plus, un nouveau terme est utilisé dans le reportage de Jordeno, la Kiki Scene, qui reste similaire au concept du Ballroom. Ce documentaire nous fait réaliser que malgré tous les mouvements dernièrement survenus en faveur de la communauté LGBT, il reste énormément de changements et de sensibilisation à faire.

Source image : Roger Ebert

Encore aujourd’hui, beaucoup de jeunes se font rejeté par leur famille, par leur communauté et se font insulter dans la rue. Rare sont ceux qui acceptent la situation et certains parents pensent que c’est seulement une phase. Les deux reportages se complètent, car Paris is burning nous initie à une sous-culture méconnue alors que KIKI fait un suivi plusieurs années plus tard et on réalise que malgré le laps de temps entre les deux documentaires, il n’y a pas eu beaucoup de changements sur le plan général. Beaucoup trop de personnes souffrent encore pour avoir suivi leur cœur.

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