Mes chères endogirls, endowarriors, les filles,
Je ne suis pas sortie du lit de la semaine, sauf pour me rendre à l’urgence parce que j’étais plus capable, j’en pouvais plus. Pis encore là, je n’ai pas été capable de me rendre tout seule, j’ai eu besoin de l’aide extérieure. Je le sais que vous comprenez de quoi je parle, je n’ai pas besoin d’en dire plus. Je le sais qu’à la lecture de ces mots, vous avez un pincement dans le bas du ventre juste pour moi. Pis pour les autres, non, je ne vais pas expliquer ce que c'est que l'endométriose parce que de toute façon, même quand on essaye de l'expliquer, personne nous écoute et quand on nous écoute, personne ne nous croit.
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J’ai manqué tous mes cours à l’université cette semaine ; je vais encore devoir emprunter les notes de cours de mes collègues qui commencent vraiment à se demander pourquoi je ne suis jamais en classe. Une maudite chance que je n’ai pas de job, parce que je ne serais pas allée non plus. De toute façon, je ne sais pas pourquoi je vous dis ça, vous savez exactement comment je me sens. Je sais que je ne suis pas la seule dans cette situation-là ; je ne suis pas la seule à aller à l’école et je me doute bien que parmi vous, il y en a qui ont des jobs.
J’aimerais tellement ça sortir à mes collègues quelque chose de genre : «C’est pas parce que je ne veux pas, je vous le jure, c’est parce que mon corps suit pas, c’est parce que je ne suis pas capable, c’est parce que j’ai trop mal...» Sauf qu’au final, eux autres, ils s’en foutent. Ils s’en foutent et ils ont peut-être raison aussi de s’en foutre. Ils ne voient pas une fille malade, ils voient simplement une fille qui n’a pas assez de motivation pour se lever le matin et se bouger le cul pour aller en cours. Ils voient une fille en forme le lundi et le mardi ils voient une fille qui à l’air enceinte de 7 mois et demi, sauf que pour eux, ça ne veut rien dire tout ça. J’aimerais ça les voir vivre avec mes douleurs, avec nos douleurs pis la maudite fatigue chronique et tous les symptômes qui viennent avec, juste une journée, pour qu’ils comprennent ce que je vis, ce avec quoi je vis surtout. Je m’excuse, mais dans le fond c’est pas vrai, je mens, je ne souhaite à personne de vivre ça, même pas une journée. Je parle peut-être à travers mon chapeau, mais je pense qu'aucune endogirls ne souhaite ça à personne.
Je ne peux pas croire que ça fasse aussi mal pis que ce soit invisible. Je ne peux pas croire que je vais passer le restant de mes jours à me promener avec de la morphine ou de l’oxycodone dans mon sac à main comme si c’était juste des vulgaires Tylenol. C’est encore tellement tabou. Comment je dois réagir quand l’infirmière au triage me rit en pleine face quand je lui réponds que j’ai mal à 9/10 avec les larmes qui me coulent sur les joues? Je le sais que vous, chères endogirls, vous me comprenez.
Je ne suis pas sortie de la semaine pis j’ai envie d’envoyer chier la terre entière. J’ai envie de leur crier haut et fort qu’ils comprennent pas pis surtout qu’ils n’écoutent pas! D’envoyer chier les médecins, mes collègues de travail. Je vais même vous confier que des fois, j’inflige ce traitement-là à ma famille, à l’amoureux que je n’ai pas, parce que je suis à bout de force, que je ne sais pu comment faire pour gérer la douleur alors tout sort tout croche. Je tiens à m'excuser auprès de mes proches de mon comportement et j'espère sincèrement que ce texte pourra aider certaines endogirls à faire comprendre à leur entourage à quelle point elles souffrent.
Les seules personnes à qui j’ai envie de parler, c’est vous, mes petites endogirls. Parce qu’avec vous, il n’y a jamais de jugement. Pis qu’avec vous, j’ai le droit de me plaindre, de vider mon sac, de vous dire à quel point j’ai mal sans vous mentir. Avec vous, je n’ai pas besoin de retenir ma peine. Je peux tout laisser aller.
Même si on essaie d’être positives, c’est difficile. Sauf que j’aimerais ça en profiter pour vous dire merci, vous dire merci, parce que grâce à vous, je ne me sens plus seule.
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