Lettre à toi, mon enfant intérieur

S’adresser à son enfant intérieur est un exercice qui permet de se reconnecter à soi, à comprendre ses blessures d’enfance comme l’abandon ou le rejet par exemple et qui aide parfois même à les guérir. C’est hyper libérateur et ça fait un grand bien. Je te le conseille fortement.

Ma chère mini-moi, 

Du haut de tes 5 ans, tu es une jeune fille sensible, enjouée et créative. Les autres te décrivent aussi comme étant timide mais je dirais plutôt que tu es réservée tout simplement.

Entourée d’une famille et d’amis aimants, tes proches sont très présents et s’occupent bien de toi.

Mais pourtant, très souvent, tu te sens seule. Et lorsque ces gens te quittent, ceux qui sont sensés veiller sur toi et te protéger… tu angoisses à l’idée qu’ils ne reviennent jamais.

La solitude, tu la fuis autant que tu peux. Quand tu n‘as d’autres choix que t’y résigner, tu te réfugies dans tout ce qui te fait du bien. Tu écoutes des films d’animaux (et quand ils meurent, tu pleures ta vie, tu arrêtes le film et tu supplies ta mère de ramener ça subito presto au club vidéo), tu dessines, tu t’amuses avec tes toutous, tes collections de timbres, de collants, de billes et de pogs (OUF je me sens tellement veille tout d’un coup) ou tu t’inventes des jeux dans ta tête. Mais ces moments-là, où tu es confrontée contre ton gré à la solitude, ne doivent pas durer trop longtemps. Sinon, ça finit par réellement t’angoisser.

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Heureusement, en grandissant, tu te feras beaucoup d’amis. Durant toute ton enfance, à chaque samedi, dès que tu seras debout, la première chose que tu feras sera de prendre le téléphone et de défiler ta liste d’amis jusqu’à temps qu’il y en ait un qui puisse jouer avec toi. Yay! Marie est dispo! Vous irez au parc, après vous appellerez les gars sur qui vous tripez pour ensuite raccrocher dès qu’ils répondront pis le soir, vous mangerez plein de cochonneries devant un bon film et tu vas dormir chez elle. Fiou, tu as un plan pour le weekend!

Tant et aussi longtemps que tu es entourée de tes proches, c’est OK. Sauf qu’on va se le dire, parfois ton sentiment de bien-être, c’est une illusion. Il t’arrive très souvent de te sentir seule même quand tu es avec d’autres personnes.

Paradoxal non?

C’est que tu n’en as pas consciente présentement ma belle petite Nat, mais tu as un formidable trait de personnalité qui s’appelle l’hypersensibilité. Tu vis toutes tes émotions, de la joie à la peine en passant par la colère, de façon très intense. Pas évident à gérer pour toi n’est-ce pas? En plus, tu te sens tellement différente des autres à cause de ça. Mais ne t’inquiète pas, en vieillissant, tu finiras par être reconnaissante et même à te sentir privilégiée d’être hypersensible. Et tu comprendras que tu as besoin de moments de solitude parfois, pour te ressourcer.

Durant les 30 prochaines années, tu vivras plusieurs expériences. Des belles et des moins belles. Tu auras de beaux succès scolaires, de belles amitiés, des relations de couple passionnantes, des animaux que tu aimeras plus que tout, des beaux défis professionnels, des rencontres avec des gens exceptionnels et j’en passe. Par contre, tu subiras aussi beaucoup d’intimidation, tu vivras des séparations douloureuses, tu auras des deuils à faire, tu connaîtras quelques ennuis de santé et comme ton estime de soi en aura mangé un coup, tu te chercheras beaucoup. Énormément même.

Tu en doutes sûrement présentement, mais malgré ta fragilité et ta vulnérabilité, tu as une force incroyable et tu réussiras à traverser chacune de tes épreuves. Tu en ressortiras même grandie et encore plus épanouie. Je te le promets.

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La raison pour laquelle je t’écris cette lettre, c’est pour te remercier. Merci de m’avoir tenu compagnie durant toute ces années. Toi, la petite fille enjouée, créative et sensible. Mais qui es aussi tellement effrayée… par elle-même en fait. Qui n’a pas encore conscience de toutes les richesses qu’elle a à l’intérieur et qui peine à faire confiance à la vie.

Aujourd’hui, à 33 ans, j’ai enfin compris que pour accéder au bonheur, je devais laisser derrière moi ce qui ne me sert plus. Je t’annonce donc je n’ai plus besoin de ta présence dans mon quotidien. Je suis une adulte maintenant, et cette peur de l’abandon n’a plus sa place dans ma vie. Si les gens autour de moi, ceux que j’aime, choisissent de me quitter, j’aurai évidemment beaucoup de peine, mais je n’en mourrai pas. Je veux pouvoir lâcher prise et juste vivre ma vie en me sentant libre d’être qui je suis.

Oui, t’as bien compris ma belle. On se verra vraiment moins souvent toi et moi. Mais ne t’en fais pas, je t’assure que tout sera OK.

Tu es la personne la plus importante au monde pour moi, ne l’oublie jamais. Et merci encore d’avoir été là.
Je t’aime, prends bien soin de toi

xxx