Ma petite louve, tu es arrivée à 36 semaines lorsque maman était épuisée et tannée de cette grossesse. J’ai eu des maux de cœur et toutes sortes de virus pendant que tu étais dans mon ventre au chaud. J’étais stressée comme jamais face à ton arrivée, sur comment ça allait se dérouler avec ta sœur, comment ça allait se dérouler avec ton papa et aussi comment moi j’allais me sentir.
Après l’arrivée de ta sœur, j’ai eu un gros pic d’anxiété et j’ai eu tellement de difficulté à m’adapter et à accepter qu’on avait tellement pas le contrôle quand on a un enfant. J’ai eu peur lorsqu’elle s’est fait mal pour la première fois, j’ai eu mal avec elle lorsqu’elle a eu ses premières dents, j’ai manqué faire une crise cardiaque lorsqu’elle a déboulé les marches, je suis certaine que tu t’imagines le portrait de ta mère.
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Je me suis dit qu’au deuxième, on connaît mieux la routine, on est mieux préparé. C’est là que j’ai frappé mon mur. Surprise, tu es l’opposé de ta sœur. Charlie pouvait dormir un peu partout, elle avait eu des maux de ventre dû à une intolérance, mais le tout c’était résorbé. Toi, tu venais de naître et déjà on t’arrachait de mes bras pour te mettre sous une grosse lampe chaude, car tu ne conservais pas ta chaleur. Lorsqu’enfin je t’ai eue dans mes bras, on t’enlevait encore pour t’enlever un morceau sous ta langue qui t’empêchait de bien téter. J’ai eu envie de t’allaiter vraiment longtemps, sachant comment faire maintenant, mais bien vite tu as eu aussi des maux de ventre qui m’ont torturée à t’entendre t’époumoner de douleur. J’ai arrêté le sein et ainsi j’ai eu l’impression que je ne savais pas plus comment faire.
À vrai dire, j’étais terrifiée.
J’essayais de jongler entre te donner tes boires, te stimuler, t’aimer, t’entendre, te consoler et gérer ta sœur de deux ans qui me faisait des crises parce que ce n’était pas le bon verre dans lequel je lui avais servi son verre.
J’ai paniqué, ma fille.
J’ai dégringolé de la montagne et je me suis ramassée épuisée, triste et seule. Je me sentais seule, j’avais l’impression d’être chanceuse d’avoir deux belles filles en santé, mais en même temps, je me sentais impuissante face à tes nombreux maux de ventre et ta sœur en crise d’autonomie. Je me suis repliée sur moi-même et je t’ai regardée. Je t’ai regardée longtemps, mais en silence, je ne savais pas trop quoi te dire. J’ai regardé ta grand-mère te parler et je me suis dis qu’il n’était pas trop tard pour commencer. Je t’ai pris dans mes bras et je t’ai dit que ça allait aller. Je suis allée chercher de l’aide pour m’appuyer. Ton papa m’aide beaucoup à comprendre mes réactions et me consoler lorsque je perds le nord.
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Nous avons six mois devant nous, je sais que c’est peu, mais maman doit terminer un cours et j’ai une date limite. Je suis stressée face à la garderie si jeune, vas-tu me reconnaître? Est-ce qu’on va avoir un beau lien si fort que personne ne peut le séparer? Vas-tu m’aimer aussi fort que je t’aime ma fille? J’ai eu encore une fois très peur. Ce que je peux te promettre c’est qu’une journée à la fois je retrouve mon équilibre, et je te promets que je fais mon possible pour te donner le meilleur de moi-même. Parce que même quand je suis fatiguée, brûlée, exténuée, vous restez, toi et ta sœur, le plus beau cadeau qui soit.
Allons-y, faisons connaissance une journée à la fois, et même si ce ne sera pas parfait ma chérie, je serais toujours là près de toi.