Par où commencer ou ne pas commencer. Je ne veux pas faire de cette lettre l’occasion pour moi de remettre les pendules à l’heure ou de revenir sur le passé qui m’a tant blessé. Cette lettre se veut un message de paix et d’amour pour un père qui a fait de son mieux pour être le meilleur papa du monde. Ça fait maintenant plus de trois ans que tu es présent plus que jamais dans ma vie avec mon retour dans ma ville natale. Je ne te cacherai pas que ce fut un choix déchirant, mais aussi le choix que je ne regretterai jamais…ça fait tellement de bien d’être présente à tes côtés.
Une présence de papa c’est tellement rassurant, ça m’a manqué à moi probablement plus qu’à ma sœur, car le petit gars manqué en moi avait besoin de toi, avait besoin d’un homme pour la comprendre, la rassurer, la chouchouter. Quand maman était trop sur les nerfs ou que j’avais besoin de la convaincre de quelque chose, j’avais besoin de toi pour m’appuyer. J’avais besoin de toi de mon « bord », quand maman et Karine se partageaient de si beaux moments mère-fille. Moi j’étais et je voulais être la petite fille à papa.
Mais ces souvenirs sont choses du passé. Pour vivre pleinement le moment présent, je devais mettre un trait sur ces moments antérieurs qui m’ont grugée pendant de si longues années. J’ai vite réalisé que je grandissais en suivant ton image : personne travaillante et acharnée. J’accomplissais des exploits afin de te voir réagir, d’avoir de l’attention, pouvoir enfin dire : mon papa est fier de moi. J’avais tes qualités, mais aussi tes défauts : ton caractère ; ma façon de réagir face à l’inconnue et les babounes d’insatisfaction qui pouvaient s’échelonner sur des heures, même des jours entiers.
Maintenant, tout le monde le dit : « ton père t’aime tellement » et je peux maintenant le voir, le réaliser. J’étais si bornée à me répéter que mon père m’avait tellement manqué dans ma jeunesse que je ne réalisais pas la chance que j’ai de t’avoir à mes côtés maintenant. Je vois cette étincelle dans tes yeux quand on se serre dans nos bras, quand je soupe ou dîne à tes côtés, quand tu viens me chercher à l’autre bout de la ville sous la pluie avec mon petit vélo.
Je te fais vivre les montagnes russes d’émotions avec mon côté casse-cou, mais je sais aussi que tu seras là pour me tendre la main afin de m’aider à me relever à tous les coups. Je sais que tu voudrais que je sois plus tranquille, mais je sais aussi que tu m’aimes telle que je suis et ce petit côté qui t’effraie tant est aussi ce petit côté que tu aimes tant, qui fait de moi la petite Gege unique.
Je ne suis certes pas l’enfant type paisible assise dans son coin. Je te fais vivre des moments forts en émotions et je t’en ferai certainement vivre encore plusieurs. Mais ça fait de moi la fille que je suis… aussi fonceuse et déterminée que tu as créée et qui pourra aller loin dans la vie. Tu peux dormir l’esprit tranquille, car tu as fait de moi, une fille automne, une fille persévérante, entêtée et orgueilleuse qui ira toujours au bout de ses ambitions.
Tu as fait de moi, la jeune femme entreprenante que je suis. J’espère un jour pouvoir te permettre d’être présent comme grand-père dans ma vie. Si la chance nous sourit : te voir être présent pour mes enfants, tourner le balancier et t’ouvrir grands les bras pour laisser place à un grand-papa souriant semant le bonheur autour de lui.
Tu as su délaisser la bouteille et je te lève mon chapeau, car ce n’est pas un chemin facile. Tu as su prendre soin de maman, de ton couple, mettre de côté le travail, ta compagnie auquel tu tenais tant. Car pour des « workaholics » comme nous c’est difficile de se valoriser dans d’autres sphères de notre vie que le travail. Je te dis bravo et je suis si fière de toi, fière d’être ta fille! Merci pour tout ce que tu as fait, je n’ai jamais manqué de rien dans la vie et je sais que je ne manquerai pas de rien dans ma vie future et surtout pas d’amour.
Moi je suis la fille à Monsieur Demers et je suis fière de le dire. Je t’aime papou xxxxxxxxx