Lettre à mon jeune « moi »

Salut jeune moi,

Tu es au secondaire présentement. Tu aimes marcher dans la rue en t’imaginant que tu es dans un film avec une trame sonore qui change selon tes humeurs. Tu as un côté déjà très mature, mais il y a aussi une partie de toi qui désire rester enfant. C’est parfois un combat dans ta tête. Tu te laisses encore tenter par les jeux imaginaires et les missions espions dans ton quartier avec tes voisines d’enfance, mais tu es aussi curieuse de suivre tes nouvelles amies qui commencent à vouloir faire des partys avec de la bière. Prends-en des brosses à la Poppers, il faut bien mettre un peu de ramdam dans ton film. Mais continue de jouer aussi. Ça ne sert à rien de vieillir trop vite.

Tu es belle, mais tu ne le sais pas. Ne perds pas trop de de temps à te comparer aux autres filles, car tu rayonnes à ta façon. Tu aimes te laisser guider par l’amour, ça te fait vibrer. Le stress que tu ressens en jouant à vérité ou conséquence avec tes kicks est grisant. Tu as déjà fait plusieurs poèmes passionnés sur tes relations. Tu as plusieurs amis aussi. Tu passes des heures à leur parler le soir dans ton téléphone-chien et vous riez beaucoup. Il y en a plusieurs qui resteront dans ta vie pour très longtemps, mais ça, vous l’aviez déjà prédit dans vos lettres toutes pliées. En fait, le contenu de ton univers est résumé dans ton magazine Cool! et c’est parfait.

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Tu trouves que l’adolescence, c’est le fun et t’as bien raison. Je le sais que les adultes te le répètent souvent et ça t’énerve, mais moi je te le dis, tu vis l’une des plus belles périodes de ta vie. Profite de chaque moment, de toutes les premières fois, des deuxièmes fois même, et de chaque émotion intense que tu ressens comme tu le fais. On dirait qu’en le vivant, tu sais déjà que certains de ces instants resteront gravés dans ta mémoire pour toujours et en effet, l’adolescence t’habitera plus longtemps que tu ne le penses. Tu as une belle naïveté et ne change pas ça.

Je souhaiterais surtout que tu te fasses plus confiance. Tu n’as pas besoin d’être la meilleure ou bonne tout de suite dans ce que tu entreprends. Je te souhaite même de te planter parfois. Et laisse ton maudit orgueil de côté, tu découvriras bien vite qu’il ne t’aidera jamais à avancer.

Je sais que tu te questionnes beaucoup sur le monde adulte. Présentement, tu vends de la crème glacée pour des sourires durant l’été et tu as l’impression d’être entrée dans la vraie vie. Tes boss ont 25 ans, tu les vois comme des adultes, mais tu les retrouves à l’ouverture de la crèmerie, lendemain de veille, endormis dans la pile de boîtes de cornets dans le sous-sol de la place. Tu te sens fougueuse et aventurière. Cette période où tu gagnes ta vie à coup de deux boules pistache ou de moyennes molles vanilles restera l’une des plus belles et sûrement la plus simple de ta vie. Car je sais que tu ne sais pas encore ce que tu aimerais faire comme travail plus tard et que ça te stresse un peu de ne pas savoir quoi aller étudier. C’est tellement pas grave. Tu auras tout le temps pour le découvrir et c’est probablement le travail lui-même qui finira par te trouver. En attendant, continue de faire ce que tu aimes. C’est drôle que tu écrives de moins en moins, mais une chance, cette passion te rattrapera un jour.

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Je ne te dévoilerai rien, mais j’aimerais tellement connaître ta réaction si je t’apprenais quel genre de femme tu deviendras. De toute façon, tu ne me croirais pas. Mais ne t’en fais pas, mes valeurs sont encore près des tiennes. Tu t’imagines qu’être adulte veut dire la fin des questionnements, des conflits, des peines. C’est malheureusement faux. Je te mentirais si je te laissais croire que tu n’auras jamais mal et tu seras surprise de constater à quel point certains conflits de bureau peuvent étrangement ressembler à des chicanes de cour d’école. Dans ta tête, l’avenir se résume à un mari, une maison et des enfants avant 30 ans. Mais tu verras, il y a tellement autre chose aussi. N’angoisse pas si ça ne se passe pas comme tu l’avais prévu et essaie de garder ça en tête les jours où, un peu plus vieille, tu te surprendras à te battre pour une vie qui n’est pas la tienne.

En échange, je te fais une promesse. J’essaierai de réaliser le plus de tes rêves d’enfance possible. Encore une fois, je ne te révèlerai pas de punch, mais je peux t’assurer d’une chose, tu ne seras pas déçue et ta vie sera aussi palpitante que dans tes revues…

Love.

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