Lettre à mon ami gay

C’est correct d’avoir peur, ce n'est pas facile de montrer qui on est à tout le monde et d’être obligé de recevoir un jugement qu’on n’a pas demandé. Moi je n'ai pas eu besoin de m’asseoir avec toi et de te dire «Faut qu’on s’parle…» Je n'ai pas eu besoin d’une discussion officielle pour t’annoncer que je suis hétérosexuelle. Je n'ai pas eu à me coucher le soir en me disant que demain on ne me regardera plus de la même façon. Je n'ai pas dû imaginer plein de scénarios dans lesquels les filles de mon école secondaire se remémoraient qui j’étais en se disant «Tu devineras jamais, j’ai su qu’elle était hétéro!» Je n'ai pas eu besoin de vivre ça, parce qu’on a jamais besoin d’en parler quand on côtoie des couples mixtes. Alors oui, c’est correct d’avoir peur. Tu ne devrais pas avoir à subir toute cette pression malsaine là, parce que t’es le même gars qu’hier au fond. Je sais que t’as peur qu’on te voit plus de la même façon. T’es le gars dur depuis toujours. C’est toi l’alpha, le gars de char, le Notorious B.I.G. Il n'y a rien qui change, faut pas que tu t’inquiètes. T’as pas troqué ta voiture depuis hier, que je sache. T’as pas commencé à tripper sur Taylor Swift pendant la nuit, que je sache. Et même si c’était le cas, c’est encore toi notre Big Poppa. 

Source  : static.buzznet.com

Faut que je t’avoue quelque chose, j’avais peur de ce que t’allais me dire. Je voyais bien que quelque chose n’allait pas. Ça faisait des mois que j’te voyais te renfermer. Je voulais faire partie de ton monde parce qu’on avait tellement de fun ensemble depuis tout le temps qu’on se connait, mais tu t’es mis à  te tenir  à l’écart. Au début, j’en ai fait une histoire personnelle. Pendant un temps, j’ai pensé que je ne faisais plus l’affaire. J’ai pensé que nous n'étions pas des bons amis pour toi et que tu passais à autre chose dans la vie. Ensuite je me suis mise à paniquer, je me suis dit «Non c’est pas ça, c’est pas nous le problème, c’est lui qui ne va pas. C’est lui qui feel pas et il veut pas de nous pour l’aider.» J’ai eu peur pour toi, je te voyais bien être malheureux et j’avais mal de rien pouvoir faire pour t’aider. Je me suis demandée si c’était ta santé qui faisait défaut. Je me suis demandée si t’avais des problèmes d’argent trop importants pour en parler sans être gêné. Je me suis demandée ce qui te rendait si distant, si triste et si différent du gars de gang que t’avais toujours été. Je me suis demandée dans quel pétrin t’avais bien pu te mettre pour broyer autant de noir. Hier, quand tu m’as appelé pour me dire de passer chez vous parce qu’il y avait quelque chose de vraiment important dont tu voulais me parler, j’ai eu peur. J’ai eu vraiment peur de devoir faire face à une vérité que je n’étais pas prête à entendre et qui allait nous changer, mais là tu m’as dit que t’étais gay, et je pense que ça fait partie des plus grands soulagements que j’ai ressentis de ma vie. J’ai enfin su que je m’en faisais pour rien depuis des mois. J’ai compris que rien ne pouvait nous changer et que je n'allais pas perdre mon mâle alpha, que t’allais seulement pouvoir être toi-même et arrêter de te mettre à l’écart. 

Source : liveluvcreate.com

Alors c’est correct d’avoir peur, c’est correct parce que quand vient le soulagement, tu vas voir, c’est parfait comme moment. Prends ton temps, aie peur autant que tu en as besoin, mais sache que je suis toujours là et je suis fière de toi. Tu perds absolument aucune lettre de noblesse. 

Source photo de couverture : static.buzznet.com