Lettre à l'ex de mon chum

Salut.

Écoute, je me doute bien que la dernière chose que tu veux, c’est d’avoir de mes nouvelles. Je comprends ça et j’aimerais que tu saches que je le respecte. Je respecte aussi le fait que toi et lui vous ayez un passé. Je le sais que vous vous parlez encore, que vous prenez souvent des nouvelles l’un de l’autre et c’est correct. Je respecte ça aussi. Je suis consciente que tu as été une grosse partie de sa vie et je ne lui demanderai jamais de faire une croix sur toi, tout comme je ne te demanderai jamais à toi d’arrêter de le texter.

Je te mentirais si je te disais que ça me fait plaisir quand je vois ton nom apparaître sur l’afficheur, mais pour moi c’est tout ce que tu représentes : un nom. Sauf que si je vois ton nom apparaître, je vais quand même lui dire de répondre, parce que même si on ne se connait pas, je m’inquiète pour toi. Tout d’un coup que c’est urgent. Je me dis qu’avec tout ce que vous avez vécu, je n’ai pas mon mot à dire. Je n’ai pas le droit de m’imposer dans une histoire qui ne m’appartient pas. C’est tellement difficile de faire confiance aux gens, alors si tu as confiance en lui qui suis-je pour dire quoi que ce soit?

J’aimerais que tu saches que je ne t’ai jamais stalké. Et même si des fois ça m’est passé par la tête, je connais juste ton prénom de toute façon et je crois pertinemment que c’est très bien ainsi. Je ne veux pas savoir si tu es plus mince que moi, si tes cheveux sont plus longs, si tu as un plus beau sourire, si tu as plein d’amies. Je ne veux pas connaître ta vie, je ne veux pas savoir que vous avez été heureux ensemble, parce que oui, à une époque vous l’avez été, je le sais. Je ne veux pas t’espionner et tomber sur des photos de vous dans vos meilleurs jours.

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Je ne veux pas savoir s’il te tenait la main de la même façon qu’il tient la mienne. Je ne veux pas savoir qu’il souriait d’une telle façon quand tu disais ci ou quand tu faisais ça. Ça ne m’intéresse pas de savoir s’il te jouait dans les cheveux avant de t’endormir ou s’il prenait soin de toi quand tu étais malade. Je me doute bien que oui, mais je ne veux pas le savoir.

Ne le prends pas mal, mais je n’ai vraiment pas envie de te connaître en fait. Ce que vous avez vécu n’appartient à personne d’autre que vous. Je n’ai pas envie de savoir qui tu es. Je n’ai même pas envie qu’on soit présentée l’une à l’autre. Je n’ai pas envie d’aller quelque part et de revenir à la maison ensuite pour lui dire : « Ah, en passant, j’ai vu ton ex ».

Ce n’est rien contre toi, c’est simplement que mon estime de moi n’est pas encore assez bonne pour faire face à tout ça. Je travaille là-dessus, vraiment fort. Sauf que je dois me protéger et je sais que je ne suis pas prête à faire face à ce genre de situation-là.

J’ai peur de découvrir que nos trucs sont en réalité vos trucs. Je t’avouerais que ça me ferait même profondément de la peine. Mais peut-être que de ton côté tu sais qui je suis, que tu me détestes et qu’au fond me faire de la peine te ferais plaisir. Tu sais ce qu’on dit : le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Je n’ai pas à être jalouse et je refuse de l’être : je le sais parce que les relations interpersonnelles, ce n’est pas quelque chose qui se compare. Je ne veux pas qu’on se lance dans une guerre pour savoir laquelle de nous deux lui a le plus mis le sourire aux lèvres. Je ne veux pas qu’on essaie de convaincre l’autre qu’on ne lui a jamais fait de la peine. Parce que de toute façon c’est faux. Je n’ai pas commise les mêmes erreurs que toi avec lui, mais j’ai fait mes propres faux pas. Je ne veux pas qu’on commence à se détester alors qu’on ne sait rien l’une de l’autre, ça ne m’intéresse vraiment pas de jouer à ce petit jeu-là.

Sauf que je voudrais quand même en profiter pour te dire merci. Merci parce que grâce ou à cause de toi, il est devenu l’homme qu’il est aujourd’hui. Il est devenu l’homme que j’aime et que je sais que tu aimes toi aussi.

Bref, si tu tombes sur cette lettre, sache que j’avais besoin de me vider le cœur. Tu n’étais peut-être pas prête à entendre ça, mais moi j’avais plus que besoin que ça sorte…

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