Auparavant, les personnes blanches s’identifiaient clairement comme racistes : elles en étaient fières. Puis, il y a eu la Seconde Guerre Mondiale où Hitler s’est inspiré des idéologies eugéniques américaines pour l’Holocauste. Puis, c’est devenu complètement inapproprié de s’identifier comme raciste. Aujourd’hui ce mot en « R » porte la poisse et signifie automatiquement qu’une personne est horrible si elle dit quelque chose de préjudiciable envers les personnes racisées. Mais, pourquoi? Pour comprendre le tout, il faut parler de l’eugénisme.
L’eugénisme était un mouvement popularisé au début du XXe siècle où ses adeptes tentaient d’isoler les traits dominants chez une personne. Ces traits étaient la peau blanche, les yeux bleus, le nez mince, les petites lèvres. Cette pseudo-science était basée sur la classification des races d’un certain Carl Linnaeus. En 1735, il avait divisé les races humaines en cinq : Américaine, Européenne, Asiatique, Africaine et monstrueusement, dans cet ordre. En se basant sur ce classement être blanc.he était le trait le plus désirable, alors qu’être noir.e se rapprochait plus d’un monstre que d’un être humain. Se rajoutait au tout, le darwinisme social, comme la sélection naturelle chez les animaux, certaines races humaines avaient plus de chances de survie que d’autres. Le darwinisme n’a pas été nommé par Charles Darwin, des scientifiques de la race s’en sont occupés. Dans cette optique, les eugénistes croyaient que si les personnes blanches se mariaient et avaient des enfants entre elles : elles resteraient pures à jamais. C’est pour cette raison que les mariages interraciaux étaient illégaux aux États-Unis jusqu’en 1967, qu’il avait des lois migratoires très racistes au Canada et des stérilisations forcées des femmes autochtones au Canada et des femmes noires aux États-Unis. La fin ultime de l’eugénisme serait l’éradication de toutes les personnes blanches. Hitler s’est inspiré de cette idéologie et le reste de l’histoire est connu de tous. C’est à ce moment que la communauté internationale a réalisé que le racisme scientifique était dangereux et que quelque chose devait être fait. C’est à ce moment qu’il y a eu un changement au mot raciste. Raciste était équivalent à être un nazi… et personne ne veut être un nazi.
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Appeler un chat un chat
Donald Trump était vu comme un philanthrope avant qu’il gagne les élections et qu’on réalise l’étendue de son racisme. Il avait même des ami.e.s noir.e.s : on a tous vu les photos de lui et Oprah.
Les policiers qui mettent à mort les Américains noirs ont des familles, des ami.e.s et sont probablement très appréciés de leur entourage.
Ta voisine qui pense que « les immigrés qui chialent devraient retourner dans leur pays » est peut-être une employée hors pair et une fille dévouée.
Ton ami qui s’échappe et dit « n**** » régulièrement a sûrement été là pour toi dans des moments difficiles.
Ton coloc qui te dit « qu’il n'aime pas les noir.e.s d’habitude, mais que ta blonde est cool » se ramasse probablement tout le temps, se laisse pas traîner et te dépanne constamment quand tu en as de besoin.
Ce sont tous des bonnes personnes qui payent leurs taxes et tentent d’améliorer le monde dans lequel elles vivent, mais peuvent quand même avoir des biais racistes. Le racisme est un problème ancré dans le système – systémique – dans le lequel on évolue. On le retrouve à tous les niveaux que ce soit dans la santé, l’éducation, l’emploi, l’environnement, etc. Il faut un travail ardu de déconstruction pour éradiquer ce type de pensée. Ce qui va différencier une personne raciste d’une personne qui a tenu des propos racistes est la façon de répondre au call-out. Vas-tu te braquer et refuser d’admettre ton erreur ? Ou vas-tu accepter que tu t’es trompé et promettre de faire mieux ? Cette nuance déterminera si tes proches racisés se sentiront en sécurité près de toi ou non.
Joyce Echaquan
Je ne peux pas terminer mon article sans parler de cette dame Atikamekw qui a perdu la vie mardi à l’hôpital de Joliette sous les rires et les injures racistes d’infirmières. Les médias vont tenter de présenter l’affaire comme un évènement isolé et que l’infirmière était une personne horrible. Flash news : elle était sûrement une collègue appréciée, aimée et les gens qui la connaissaient devaient la qualifier de personne extraordinaire ; cette situation n’était pas isolée. Des évènements comme celui-ci arrivent tous les jours aux femmes autochtones, racisées et noires que ce soit aux mains de médecins ou d’infirmières, et il suffit de regarder le passé eugénique du Canada pour comprendre. L’infirmière, maintenant congédiée, n’était probablement pas à son premier incident de racisme flagrant, mais le système médical colonialiste que nous avons lui a permis de continuer sans souci.