Les premières impressions numériques

C’est rare de rencontrer quelqu’un pour la première fois sans d’abord avoir traqué son Facebook. Sans l’avoir étudié, comme on étudie un examen important. Nous avons ce besoin fou de tout savoir et d’éplucher les réseaux sociaux de personnes que nous ne connaissons même pas. On le fait tous sans même y penser, sans même se poser de questions, sans même se demander si c’est sain.

Les réseaux sociaux sont une toile de gens s’exposant et se dévoilant en quelques clics. Un vaste espace où nous sommes tous reliés. On s’exhibe à qui veut le voir, ou pas, sur les réseaux sociaux. Notre vie privée est maintenant accessible 24 sur 24, comme un « drive-thru » de McDonald. Avant même de croiser le regard d’une personne pour la première fois, cette personne peut s’être fait une idée complètement altérée de vous et vous d’elle.

Les réseaux sociaux ne disent pas que la vérité. Ils sont connus pour mentir ou modifier la réalité. Nous allons remplir nos cerveaux fragiles de faussetés et souvent, nous y croyons. C’est un peu comme les commérages, mais en version web. En version qui se propage à une vitesse incommensurable. Une photo, une publication, un commentaire peut fausser votre personne aux yeux des autres.

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En arrière de nos écrans, nous pouvons nous construire une vie de rêves, de plastique, un paradis illusoire. Alors, comment pouvons-nous être certains que ce que l’on voit est réel? Il est facile de berner les yeux qui nous regardent derrière l’écran. Comment pouvons-nous nous fier à ces ramassis d’utopies pour nous faire quelques impressions que ce soit?

J’ai connu les années de rencontres sans cellulaire, sans application, sans Facebook. La première idée de l’être humain devant moi était faite au moment de la rencontre, une vraie première impression. Au mieux, j’en avais entendu parler par des amis communs. Sinon, c’était 100 % grâce au temps passé avec cette personne. La technologie s’est tellement emparée de nos vies que parfois j’ai l’impression que ce temps n’a jamais existé.

Alors maintenant, les premières impressions sont numériques. Faut-il être prudent lorsque nous partageons du contenu? Ou au contraire, vivre sa vie selon ses propres règles, mais aux yeux de tous? Est-ce que c’est sage de tenter de tout connaître d’une personne avant même de l’avoir rencontré, de fixer ses impressions sur une image diffusée. Est-ce qu’on brouille nos premières impressions? Est-ce que c’est un comportement sain? C’est quelque chose qui nous aide dans nos relations ou au contraire, est-ce une nuisance?

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Alors devant tant de questionnements, je dis prudence et intelligence. Allons à la source, prenons le temps de converser avec les gens, de poser des questions. Prenons la peine de voir les gens en vrai avant d’arrêter nos opinions. Encore plus que jamais, voyons au-delà de nos écrans. Soyons indulgents, soyons humains. La prochaine fois que vous allez à la rencontre de quelqu’un, n’allez pas voir ce qu’elle partage, fiez-vous à votre instinct. Cette petite voix qui est souvent étouffée par la technologie qui nous entoure. Revenons dans le temps, juste le moment d’une rencontre.