Simone De Beauvoir a écrit dans son livre Le deuxième sexe, publié en 1949 : « Une femme qui n'a pas peur des hommes leur fait peur ». C’est drôle parce que cette phrase-là m’est restée dans la tête un bon moment. Pourquoi est-ce que je devrais avoir peur des hommes, moi? Parce que je suis une femme? Pourtant, je croyais que nous vivions dans un pays où le stéréotype de la femme soumise était disparu, voire même enterré six pieds sous terre, grâce aux efforts et à la volonté de nos consœurs, les pionnières du féminisme : Les suffragettes. Mais, à bien y réfléchir, à observer autour de moi, à m’informer, je me suis vite rendu compte que je suis encore à mille lieues d’être égale vis-à-vis un homme, et qu’il existe encore aujourd’hui une forme de discrimination, souvent invisible, plus insidieuse et difficile à briser. Certes, nous sommes beaucoup plus libres qu’autrefois, et j’en suis consciente. Je suis entièrement propriétaire de mon propre corps, je peux voter, être ministre, exercer le métier de mon choix et je n’ai pas à dépendre d’un homme pour avoir une belle vie, mais n’empêche qu’il reste, à mon avis, des changements à apporter à la société.
Moi, j’aimerais voir une game de hockey de filles à la télé, je voudrais qu’une adolescente ne se sente pas mal de pratiquer beaucoup de sports à l’école parce qu'elle ne veut pas se faire traiter de tomboy, je voudrais qu’il y ait plus de femmes politiciennes et je voudrais être payée le même salaire que mes collègues masculins. C’est un fait, les hommes bénéficient de plus de privilèges que nous dans notre société, ce qui, selon moi, crée un mouvement de distance. Comme si, lors d'une expérience, un groupe aléatoire d'individus, vivant sur le même territoire, avait été catégorisé en deux.
Les hommes et les femmes.
Et qu’est ce qui m’arriverait si je décidais de me défaire de mon rôle de femme soumise? Simone aurait-elle raison?
Si je gagnais plus d’argent que mon mari, est-ce qu’il l’accepterait? Il y a certains hommes, qui, encore aujourd’hui, prétendent que c’est leur tâche de ramener la nourriture sur la table. Oui, oui.
Et s’il est plus petit que moi, mon mari, est-ce que ce petit détail pourrait m’empêcher de porter des talons hauts si j’en ai envie? Certains hommes refuseraient même catégoriquement de sortir avec une femme plus grande.
Et si j’ai envie de m’occuper du barbecue ce soir, est-ce que celui-ci me laissera faire? Je l’espère, mais malheureusement, j’ai des amies qui, elles, ne peuvent pas l’utiliser, sous prétexte que c’est « aux hommes de s’en occuper ».
Aussi banal que cela puisse paraître, l’inégalité des sexes, c’est aussi des petits détails comme ceux-ci.
Une femme qui exerce les mêmes activités qu’un homme court plus de risques d’être victime de harcèlement, d’insultes, ou d'être mise à l’écart du groupe puisque certains de nos camarades masculins, lorsqu’ils se sentent menacés, voire même attaqués, se protègent, sans doute de façon tout à fait inconsciente. Pourquoi? Pour préserver leur masculinité et leur image d’homme fort.
En résumé : lorsque leur virilité est mise en péril.
« Les hommes, au même titre que les femmes, ont le droit d’être sensibles. Les hommes, tout comme les femmes, devraient se sentir libres d’être forts… Il est grand temps que nous appréhendions l’égalité comme un spectre, au lieu d’y voir deux idéaux distincts et opposés ». –Emma Watson.
Je crois sincèrement que si chacun de nous, femmes et hommes, prenons conscience que la virilité, ce n’est pas juste une question de physique et de sexualité, que nous nous regardons tous en dehors de notre nombril et que, par la suite, nous changeons certains de nos comportements et habitudes face aux stéréotypes qui nous entourent, la guerre des sexes cessera peut-être enfin.
Un homme peut être un aussi bon papa qu’une femme peut être une bonne maman.
Un homme qui souffre de dépression a le droit de demander de l’aide.
Un homme qui voudrait pratiquer la coiffure n’est pas forcément « gay ».
Un homme trop gentil envers une femme ne mérite pas nécessairement d’être balancé dans la friendzone. Au contraire, peut-être qu’il a simplement compris ce qu’est l’égalité homme-femme.
Un homme ne doit pas avoir honte d’exprimer ses sentiments.
J’ai envie que les femmes ET les hommes se sentent libres aussi bien mentalement que physiquement. Je ne souhaite pas être restreinte dans ma liberté. Je veux être plus qu’une personne de sexe féminin qui se limite à ce qui est conçu pour elle et j’espère aussi que les hommes auront un jour, le même désir que moi… Celui de pouvoir s’exclamer haut et fort avec fierté «Simone, tu te trompes!!!»