Les chemins tracés de la vie

Depuis l’enfance, j’ai grandi sans me poser trop de questions sur l’avenir, en pensant naïvement qu’être adulte, c’était suivre le chemin de la vie, le seul et l’unique, soit école, bon travail bien rémunéré, mari, maison, enfants; tout ça dans l’ordre. Jouer les rôles qu’on nous impose, ou du moins ceux qui sont ancrés dans notre culture. En vieillissant, en côtoyant des gens, en lisant beaucoup, en voyageant et en élargissant mes horizons, je me suis rendu compte que, des chemins, il y en avait plusieurs, que c’était infiniment plus compliqué, en fait... Tellement de différentes façons d’aborder la vie, tellement d’objectifs de vision, de valeurs. Autant de choix, ça fait peur. Devant tant de possibilité, tellement de façons de prendre les mauvaises décisions, tellement de possibilités de se tromper et de ne pas trouver la satisfaction. Comment s’assurer de bien choisir sa vie, de bien savoir où est sa place à travers tout ça?  Et donc, malgré cette prise de conscience que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, je n’ai pas remis en question la place que je désirais avoir ni les rôles que je souhaitais accomplir, car, pour moi, il était évident que tout se passerait comme je l’avais anticipé au départ, parce que c’était ce que la majorité faisait et parce que je faisais ce qu’il faut pour que ça arrive… Et cela a duré jusqu'à ce que je réalise, il y a quelques années, que j’avais du retard dans mon planning initial de vie, que tout ne s’était pas déroulé comme prévu.... Ça a déclenché une ébauche de réflexion qui me suit depuis et c’est peut-être aussi bien comme ça, en fait. Tant d’éléments qui m’ont fait me remettre en question, qui m’ont fait évoluer.

D’abord, les imprévus, les peines, le rejet, les bévues du quotidien, les coups durs qu’on n'anticipe pas et qu’on doit surmonter sans s’y sentir préparé et les blessures qu’on doit panser. Le temps à prendre pour se retrouver, pour se relever. Les pauses obligées qu’on doit respecter.

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Ensuite, la découverte de soi qui ne cesse vraiment jamais, mais qui n’est pas de tout repos… L’importance d’être sortie de son confort et de ses certitudes au fil des rencontres, des essais, des passions et des talents qui se développent, des intérêts qui apparaissent. Il n’y a pas de moment pour ça. Ou peut-être que c’est le rôle de l’adolescence, mais, dans mon cas, c’est sur le tard que l’urgence de vivre et de me connaître moi est apparue. De me faire ma propre idée de ce que je veux construire pendant ma vie et avec qui je souhaite le faire. D’être face à la question : «Quel genre de vie je veux ?». Quelles décisions me permettront d’être satisfaite de mon parcours, d’être en accord avec mes valeurs? Et ce sentiment de « retard », ce sentiment de ne pas être au bon endroit au bon moment est peut-être finalement seulement le résultat de mon ambivalence et de la peur de me positionner dans le aujourd’hui et maintenant. Mais au fait, quel mal y a-t-il à se chercher, à être dans l’incertitude ? Quel mal y a-t-il à avancer à son rythme avant de se poser?

Comme si ce n’était pas déjà assez compliqué, à cela s’ajoute le va-et-vient des relations. La famille qu’on a et celle qu’on se crée, qui nous confronte dans nos opinions et nos valeurs, pour le meilleur et pour le pire. Les gens que nous ne faisons que croiser sur le chemin et qui nous apprennent des leçons, ceux qui partent, ceux qui nous blessent, ceux qui restent de fidèles amis et ceux qui seront toujours là dans les moments difficiles. Tant d'éléments hors de notre contrôle, mais qui influencent irrémédiablement notre chemin.

Mais qu’est-ce qu’on cherche, réellement ? Au bout du compte, quand on s’arrête, il ne reste que l’envie de faire ce que l’on aime le plus longtemps possible avec les gens qu’on aime, ceux qui nous font sentir bien, forts, importants, valides. Et ça, on peut le faire même si on se cherche, même si on n’a pas toutes les réponses… Et peut-être que je me trompe, mais je me dis qu’on ne peut pas vraiment faire un mauvais choix en suivant son cœur et son instinct, même si ça ne correspond pas au plan initial. Je me cherche toujours… et c’est très bien ainsi.

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