Accrochée à un passé douloureux, j’ai consacré des heures, des journées, des semaines à récolter les pièces de moi au sol. Une par une, j’ai essayé de ramer à contre-courant afin de me retrouver complète. Comme si je n’étais jamais assez, je me suis fait rejeter de multiples fois. On me disait toutes sortes de raisons pour justifier cet abandon spontané : ton anxiété me ravage, tes traumatismes pèsent lourd, tu n’es pas prête à t’engager. Tu es trop brisée.
Il pourrait y avoir mieux que moi, et puis quoi après ? Il y aura toujours meilleur que soi, il y aura toujours pire. Il ne s’agit pas ici de chercher l’individu parfait, mais de trouver celui qui nous complète et provoque en nous une envie de continuer. Sans crier gare, il est arrivé et j’ai aussitôt ressenti que plus rien ne serait comme avant. Les papillons dont on parle dans les contes de fées se sont enfin manifestés. Comme une bouffée de chaleur, un feu s’allumant, mon bas de ventre s’est emballé. Quelque chose avait changé : il y avait maintenant des étoiles dans mes yeux. Pour une fois, il n’y avait plus que le physique à considérer. Il n’avait pas des lignes d’abdominaux tracées et biens définies ou des cheveux époustouflants. Or, il avait des yeux pétillants et une aura béate.
Un simple regard et j’avais plus que jamais envie de sourire. Un bonheur si sincère qu’il effrayerait même les personnages de Disney. Il n’a pas jugé mes batailles et il m’a donné la force pour ne pas baisser les bras. On a tous des failles et c’est des parties les plus brisées qu’on fabrique des œuvres d’art. Un coup de pinceau et un autre et puis on crée une merveille à partir d’un rien.
Errant dans les rues au petit matin, nous avons écouté les bruits quotidiens de la civilisation : ceux qui s’égarent bien trop souvent. Nous avons parlé de nos rêves brisés, de nos souvenirs cristallisés. Pour la première fois dans ma vie, je n’ai ressenti aucun jugement, aucune impression que je m’étais échouée quelque part. J’ai eu envie de faire partie d’une conquête commune.
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Il n’y a pas eu d’avertissement, un peu comme les fleurs fleurissent et que la neige tombe. Tu sais, lorsque la personne part au premier coup de vent. Il est mieux de se dire que ce n’est pas la bonne, même si cela semble cliché. Tout simplement parce que les bonnes personnes restent pour vrai. Les amoureux temporaires nous regardent affronter les tempêtes, de leurs doux yeux bleus. Les âmes sœurs nous accompagnent dans la traversée.
Comment puis-je savoir s’il est mon âme sœur ou seulement une partie du chemin et non de la destination ? Cela m’échappe, mais une chose que je sais, c'est que les âmes sœurs finissent toujours par se retrouver. En dépit de la distance, de toutes circonstances. Si ce n’est pas le cas, je le laisserai aller, car je sais que mon âme sœur m’attendra sur la route, même si cela prend une vingtaine d’années. Comme tout dans la vie, les choses finissent par se rétablir, tôt ou tard. Un jour, la mer devient paisible et réconfortante.
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La seule question à se poser est la suivante : vais-je avoir la patience ?