Loin de nous l’époque des filles de Caleb, où une jeune fille qui voulait exercer ce métier devait se résigner à une vie de misère et de chasteté. Jadis, comme c’était une profession que pratiquaient exclusivement des femmes célibataires, elle était mal rémunérée et comportait toute une pléiade de restrictions :
- Salaire peu élevé
- Célibat
- Absence de liberté
- Pas de vie privée
- Sous le contrôle d’un prêtre du village
Heureusement! C’est une époque révolue. L’enseignement est devenu un monde plus inclusif où il y a davantage d’hommes qui exercent la profession. Par contre, le monde de l’éducation est depuis longtemps un parent pauvre de la société québécoise.
Avec les populations grandissantes, les écoles regorgent d’élèves qui éprouvent toutes sortes de difficultés d’apprentissage et de comportements. Certains centres de service exigent l’intégration sauvage de ces élèves à besoins particuliers. D’ailleurs, les enseignants qui tentent de répondre aux besoins de ces élèves n’ont pas toujours les qualifications requises pour desservir cette clientèle qui a des spécificités bien à elle. De plus, les services ne sont pas toujours au rendez-vous.
Alors, comment attirer de nouveaux profs dans ces conditions?
Il y a plusieurs écoles de pensée. Voici quelques idées pour attirer de nouveaux enseignants :
Favoriser de meilleures conditions de travail
En créant des conditions de travail attrayantes pour les enseignants, telles que la présence de moins d’élèves avec des besoins particuliers dans les classes, l'embauche d'intervenants pour s’occuper de problématiques spécifiques aux élèves, les enseignants pourraient se consacrer à l’enseignement et non à des tâches connexes.
Alléger la charge de travail des enseignants serait un bon départ
L’implication dans différents comités, comme c’est exigé dans notre tâche professionnelle, fait en sorte que les enseignants peuvent consacrer moins de temps aux activités pédagogiques ou à aider des élèves qui éprouvent des difficultés. De plus, les directions d’école imposent qu’ils fassent des surveillances lors des récréations alors que la nouvelle convention demande qu’ils n’en soient pas ainsi. Plusieurs établissements scolaires ne l’appliquent pas.
Encadrement des jeunes enseignants
Le jumelage d’un nouvel enseignant avec un enseignant plus expérimenté serait avantageux, puisque l’un pourrait profiter de l’expérience et l’autre des nouveautés apprises à l’université et de la facilité avec laquelle les plus jeunes apprivoisent les nouvelles technologies.
Augmentation des salaires des jeunes profs
Jusqu’à tout récemment, les jeunes enseignants de la province n’étaient pas chèrement payés, si on les compare à nos voisins ontariens ou d’autres provinces. Après avoir payé toutes sortes de cotisations sur leur paie, ils ne leur restaient pas grand-chose dans les poches. Avec l’augmentation de salaires récents, au moins ce problème est réglé.
Meilleure conciliation travail-famille
Les enseignants n’ont pas de congés pour cause familiale ou pour se présenter à un rendez-vous médical. Si l’une de ces situations survient, ils doivent utiliser leur banque de maladie.
Rémunération des stagiaires
Sachant qu’au Québec, cela prend quatre ans pour compléter un baccalauréat en éducation, il serait juste de penser à une rémunération des stagiaires. Dans d’autres domaines, il est courant de rémunérer les stagiaires. Pourquoi ne pas le faire en éducation puisqu’il y a une pénurie ?
C’est certain qu’une personne ne va pas en enseignement juste pour de l'argent parce que les salaires ont grandement augmenté. Mais encore faut-il que les enseignants aient des conditions d’exercice de leur profession qui soient sensées. La société leur demande d’être pédagogue, bienveillant, sensible, d’aimer tous les élèves, même s’ils n’ont pas les outils ou les ressources. On oublie que, derrière ces personnes, il y a un humain. C’est sans doute pour ces raisons qu’il y a une pénurie dans les écoles parce que les jeunes se sont éloignés de cette profession.
Dans plusieurs écoles, il y a, dans chaque classe, plusieurs élèves en difficulté.
Or, les orthopédagogues, les orthophonistes en milieu scolaire, les psychoéducateurs et autres doivent faire face à des décisions déchirantes : choisir les élèves les plus faibles parmi ceux qui sont déjà en difficulté. Donc, à cause des besoins criants, certains élèves ne recevront pas de services.
C’est clair que, sans un changement au niveau des mentalités, il sera difficile d’embaucher la relève pour les générations futures. Les jeunes enseignants aspirent à avoir une vie plus équilibrée que leurs prédécesseurs et ne pas tenir compte de cette réalité est une énorme erreur.
Image de couverture d'Angelina Litvin