La pandémie nous a malheureusement tous fait prendre conscience d’une dure réalité : la solitude des aînés. Si beaucoup d’entre nous le savaient déjà, les événements des dernières années nous ont ouvert les yeux et forcés à voir en face leur triste sort. Par contre, j’aimerais jeter un éclairage nouveau sur les aînés et vous confier à quel point ils ont changé ma vie !

Fraîchement employée dans un organisme communautaire venant en aide aux aînés, j’étais déjà bien au courant des défis qu’ils surmontaient. Côtoyer la misère humaine au quotidien n’était pas chose facile, mais c'était ce à quoi mes études en éducation spécialisée m’avaient préparée.

Quête sans fin

Il faut dire que je vivais moi-même mon lot d’épreuves depuis plusieurs années. Le décès de mon père, le bonheur illusoire d’une relation qui ne me convenait pas et une quête incessante de santé m’avaient entraîné dans une spirale toxique. La trentaine bien avancée, mariée, une maison et tout le tralala, j’avais toujours l’impression d’errer, de chercher quelque chose. Une chose qui allait venir combler ce vide abyssal dont je ne comprenais pas l’origine. Durant mes années de recherche, je me suis lancée corps et âme dans une panoplie de formations de toutes sortes en croissance personnelle, spiritualité, naturopathie et j’en passe…! Je n’en étais pas consciente à l’époque, mais un diagnostic de maladie chronique reçu plus d’une décennie plus tôt n'avait fait que raviver l’anxiété qui m’habitait depuis l’enfance. Mon côté perfectionniste refusait catégoriquement cette fatalité et j’ai perdu beaucoup de temps et d’énergie à tenter de trouver des solutions… Jusqu’à la rencontre avec MES aînés comme j’aime les appeler !

Entre souffrance et résilience

Au leur contact, je me sentais moins seule. Les problèmes qu’ils me confiaient résonnaient avec les miens. Je me sentais liée à eux d’une manière toute spéciale. Ils me décrivaient leur douleur au corps et c’était comme s’ils parlaient de moi.. Au-delà de l’empathie, je ressentais une connexion forte avec leur souffrance. Un peu confrontant au début, car nous avions beau partager les mêmes douleurs, des décennies nous séparait. Je me décourageais parfois de me sentir dans la peau d’une personne de 70 ans !

Toutefois, avec le temps, à force d’être témoin de leur résilience et de leur appréciation de l’instant, je me suis mise à la recherche moi aussi de ce précieux moment. Et tout naturellement, il est venu à moi.

Quand je visite un aîné et qu’il me raconte son histoire de vie, je me sens à la fois privilégiée par ce partage, cette confiance. J’entre parfois dans des maisons où le décor d’autrefois est demeuré intact, telles de petites capsules temporelles gardiennes d’une mémoire lointaine. Chaque fois, je savoure cette chance incroyable que j’ai de vivre ces rencontres. Cet échange où l’aîné se livre totalement, discute de ses souvenirs, de ses rêves et de ses déceptions. C’est durant ces précieux instants que je goûte au moment présent dont j’avais tant entendu parler durant mes formations. Si j’avais su qu’il était si près de moi !  Il m’attendait patiemment au détour d’un chemin, dans ma communauté, avec des gens riches d’une existence bien remplie.

Retour à moi-même

Accueillir ce qui est, se laisser traverser, laisser aller, accepter. Des principes que je connaissais bien, mais que j’ai soudainement intégrés à vitesse grand V lors de mes visites avec les aînés. Comprendre que « Tout est temporaire », tel qu’affirment les bouddhistes. Il n’y a pas à dire, les aînés sont de merveilleux enseignants ! De la sagesse oui, mais beaucoup d’humour, du vécu et un respect de la vie. C’est leur présence riche qui m’a amené où je suis aujourd’hui.  Je le sais. J’ai d’abord cru à une grande transformation, vous savez, celle où la chenille devient soudainement papillon. Mais c’était autre chose, plutôt un retour à moi-même, à celle que j’avais toujours été. Un bonheur tranquille, empreint de petites victoires, moins d’ambition, moins perfectionniste, mais comblée par le quotidien.

Redonner aux aînés

Si vous souhaitez vous aussi embellir votre vie par la présence des aînés, il est possible de le faire en faisant du bénévolat. Ce peut être aussi simple qu’un appel d'amitié, une visite pour jouer aux cartes ou un coup de main pour faire les courses. Le bénévolat enrichit votre vie d’expériences inoubliables et fait une énorme différence dans la vie des personnes que vous aidez. Certes, le bénévolat n’est pas payant, mais il est enrichissant !

Quelques pistes pour vous guider :

Contactez le Centre d’action bénévole (CAB) de votre région afin d’y dénicher des occasions bénévoles auprès des aînés. Plusieurs CAB offrent des services de maintien à domicile et ont toujours besoin de bénévoles. Transport-accompagnement, visites d’amitié, livraison de popote roulante, etc. Ils peuvent également vous fournir un répertoire des organismes où vous pourrez dénicher l’expérience bénévole qui vous convient ! Il y a plus de 115 Centres d’action bénévole sur tout le territoire du Québec.

Demandez au CHSLD de votre région s’ils ont des besoins en bénévoles. La plupart de ces établissements offrent des activités pour les aînés et ont souvent besoin d’animateurs.trices.

Rendez-vous sur la plateforme Jebenevole.ca afin d’y trouver votre bénévolat de rêve! Jebenevole.ca est une plateforme de jumelage entre les organismes communautaires et les bénévoles. Il est très facile de naviguer sur le site et de faire des recherches selon votre région ou par secteur d’activités.

- Gabrielle Malo-Bibeau, Travailleuse communautaire

Image de couverture via Pixabay
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