C'est fou.

De se réveiller un beau matin, comme à l'habitude. De déjeuner, rire, parler, et que le temps, ne serait-ce que de se retourner, le cours de la vie telle que nous la connaissions semble n'avoir même jamais exister. Laissant place à un brouillard d'incertitude, de peur, d'anxiété.

Ne sachant plus démystifier les rêves de la réalité, je n'arrive pas à déterminer si tout cela est réel, ou non. Je ne sais plus en quoi croire. En qui croire. Je ne sais plus ce qui en vaut la peine ou non. Je ne sais plus ce que j'aime, ce que je méprise. Plus rien ne me rassure, prise au piège & prisonnière de mes propres émotions.

« La vie est belle », disaient-ils tous. La vie est simple. Mélodieuse. Magique.

J'y ai cru. Même lorsque je n'avais plus foi en elle. Même lorsque j'avais toutes les raisons du monde, de ne plus y croire.

« Laisse le temps aller », disent-ils tous. Le temps aller? Et pourquoi donc?

Pour le laisser encore m'arracher, petit à petit, tout ce qui brille autour de moi. Ou plutôt, tous ceux, qui brillent autour de moi.

J'ai peur de laisser du temps au temps, et qu'il ne m'enlève encore quelque chose. Parce qu'une fois qu'il dérobe, il ne revient pas en arrière. Il nous laisse, seul, sur cette route qui, autrefois, était parsemée de toi. Et de toi. Et de nous. Le temps n'a pas de pitié. Le temps, il ne reviendra pas. Il ne reviendra jamais. Alors, pourquoi le laisser gagner? Pourquoi devrions-nous, « le laisser passer ». Sans réagir. Sans même se battre...

Comme s'il arrangerait supposément tout.

Le temps te crisse à terre, et toi, tu devrais le laisser passer.

Je n'y comprends rien.

Et pourtant, ils me répètent tous la même chose, ces gens autour de moi.

Si je le laisse aller, j'ai l'impression qu'il continuera de me priver. De me voler.

Sans permission.

Juste comme ça.

Parce que lui, le temps, il a ce pouvoir, d'écourter le temps des gens.

Pourquoi ne pas le répartir égal?

Pourquoi devrions-nous subir la perte des gens que nous aimons, parce que le temps est trop égoïste?

Et pendant que j'écris ces mots, le temps, lui, passe. Insouciant. Et demain matin, je continuerais de me réveiller, dans cette vie qui semble avoir été réécrite avec des mots qui ne m'appartiennent pas. Parce que je n'ai simplement pas d'autre choix.

D'autres choix que de laisser le temps passer.

Image de couverture via Unsplash
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