Ce soir-là s’est présenté sans crier gare dans la grisaille de novembre. Certains diront qu’il était prévisible, après trois ans à déambuler dans les affres des apps de rencontres. Voir que cela aurait dû arriver depuis longtemps. J’entends mes amis me dire: bon enfin! Eux qui me redonnaient mon téléphone après cinq minutes passées sur l’app à « s’amuser » pour finalement être blasés. La patience et la tolérance sont de belles qualités qu’on utilise parfois un peu trop…
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(À lire; La CRISS de technologie )
Le jour où j’ai eu mal au coeur en ouvrant Tinder… Ce n’était pas parce que le profil d’un garçon exhibant un peu trop son tronc et son bas du corps apparaissait comme première photo, pas parce que je venais de lire la plus dégoûtante pick up line ever ou que je venais de me faire dire que « j’étais pas pire conservée pour une mère », ni parce que le gars avec qui j’avais une conversation intéressante depuis hier venait de disparaitre. Ce sont pourtant toutes de bonnes raisons pour avoir un petit haut le coeur. Ce n’était pas le cas ce soir-là. Par le passé, toutes ces situations s’étaient présentées à quelques reprises sans me décourager pour autant de continuer ma quête (parce que oui, je vous confirme que c’est digne du Seigneur des anneaux les apps de rencontres, c’est fatiguant mentalement, ça prend du courage, du temps et surtout il faut être capable de garder sa vision tout en se nourrissant d’espoir et d’eau fraîche).
Donc, cette journée-là de novembre, je venais de lire un énième message du genre : « c’était une bonne soirée, mais je n’ai pas senti l’étincelle »). Au moins, lui, était franc, il m’en parlait deux jours après ladite date, il était clair et il ne s’était pas volatilisé dans le vent d’internet. Il avait même été vraiment « smath » comparativement à d’autres. Je ne l’avais pas plus senti ladite étincelle, mais je voulais donner une chance au temps, parce que je me questionne depuis déjà un moment sur l’existence possible de ces fameuses étincelles (mais ça, c’est une autre histoire!). La remise en question classique a bien évidemment eu lieu, puis est arrivé le moment où j’ai placé ça derrière moi, que je ne cherchais plus le pourquoi du comment et que j’ai décidé de recommencer à swiper , parce qu’il faut aller de l’avant non, continuer la quête? Et là, en ouvrant l’application, ça m’a frappée de plein fouet, j’en avais marre. J’étais tannée, à bout, écoeurée, dégoûtée, irritée. Depuis trois ans, je naviguais dans les eaux tumultueuses des apps de rencontres de façon intermittente, en on and off comme je le dis souvent. J’y ai développé une relation ambivalente, d’amour/mépris à l’état pur envers mon téléphone. Mais là, à ce moment, je n’en pouvais juste plus… ma tête, mon corps et mon mal de coeur me criaient que c’était TARMINÉ!
42 dates plus tard (ma mémoire et moi on fait malheureusement une trop bonne équipe par moment!) , rien…niet…le néant…je me retrouvais devant le catalogue et j’avais mal à l’âme. Que restait-il de ces heures à swiper et à dater ? Une écoeurantite aiguë, c’est ça qui restait. Ok j’ai bien noué quelques amitiés au passage, certaines plus importantes que d’autres. Mais sinon…ai-je vraiment appris à plus me connaître à travers ces rencontres, ces moments agréables et/ou malaisants? J’ai certainement appris à connaître le dating à tout le moins et je pense que j’aurais aimé mieux ne pas savoir.
42 dates c’est un grand nombre…sur 36 mois ça se relativise bien… 1 date par trois semaines - un mois environ. Il n’y a rien là vu comme ça….Sauf qu’à long terme c’est lourd, ça use et on s’y ennuie. Dans les derniers mois, j’avais par moment l’impression de peser sur « play » quand la date commençait et de partir la cassette. Et devinez quoi? Je suis un peu tannée d’entendre la cassette de ma vie, surtout la cassette de la surface de ma vie.
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Donc, en cette journée de novembre, j’ai supprimé mes comptes (pas juste les apps cette fois-ci!) de mes trois apps (Ouin, trois…). Pas n’importe comment, j’ai supprimé avec des intentions.
L’intention d’occuper mon temps de façon plus constructive (même tricoter m’apportera plus pour l’hiver à venir!).
L’intention de me recentrer sur ma vie, ma vraie vie, la vie réelle en 3D là!
L’intention de ne pas céder à l’ennui ni à la grisaille de novembre et de réinstaller les apps. L’intention de rencontrer autrement.
L’intention de…
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