Je n’ai jamais été vraiment attirée par l’idée d’avoir des enfants. J’ai toujours été une firm believer que la liberté s’éteint là où la famille nait. Je suis un petit modèle de femme qui ne ressent ni le besoin de sentir la vie grandir en elle ni celui d’élever une famille. En 26 ans de vie, je n’ai jamais senti l'appel de la maternité dont mon entourage parle sans cesse. J’irais même jusqu’à dire que les enfants me mettent mal à l’aise et que je deviens bizarre en leur présence. Bon, je pense qu’on peut dire avec certitude que je n’ai pas la fibre maternelle.

Et c’était vrai, jusqu’à tout récemment.

Vous savez, on m’a tout le temps dit que je changerais d’idée le jour où je verrais mes amis avoir des enfants. Pour moi, ç’a été l’effet inverse. J’ai naturellement pris mes distances avec les gens qui commençaient à fonder leurs petites familles. Je me sentais étouffée sous le poids de leurs responsabilités. Pognée. Juste à les regarder, les bras pleins et le regard dépassé, je me sentais pognée. À mesure que leur réalité changeait, moi, je m’éloignais.

C’est ce que je faisais, jusqu’à tout récemment.

Ma coloc voulait depuis longtemps me présenter le garçon de deux amis de longue date. Elle me disait tout le temps : « C’est sur que tu vas l’aimer Riley! Tu ne peux pas pas l’aimer. »

Mais je n’étais pas vraiment intéressée, même que j’évitais ce moment qui allait pourtant venir, inévitablement. Je n’avais jamais ressenti de lien avec un enfant, qui qu’il soit. Je me disais donc qu’il allait me taper sur les nerfs ; qu’il allait être lourd et pleurer, ou être lourd et être trop excité ! Dans ma tête, c’était les deux seules options possibles.

C’est ce que je croyais, jusqu’à tout récemment.

Un jour, j’ai rencontré celui qu’on appelait bébé, ou Riley de son prénom. Il n’est plus vraiment un bébé : il a deux ans et demi aujourd’hui. J’ai été agréablement surprise. Pas un chialeux, ce Riley : c’est un petit dur qui fait du skate, qui joue avec des motos et surtout, qui ne pleure pas quand il se plante. C’est un petit vite, un curieux, qui est intéressé par tout ce qui l’entoure et qui comprend rapidement. Il aime les animaux. Il est doux. Il est honnête. Il n’est donc pas si pire que ça Riley.

Plus le temps avance, plus je passe de temps avec bébé. On le garde à l’occasion et je me surprends même à chercher des raisons pour passer du temps avec Riley. C’est devenu mon buddy. En plus, comment ne pas l’aimer, il remarque quand je change la couleur de mon vernis et trouve ça beau, il embarque dans mes niaiseries et il rit de toutes mes blagues. TOUTES. Bon je lui donne, il est pas mal comique lui aussi. Je l’aime bien Riley.

Puis un jour, alors qu’on venait de passer une bonne demi-heure à rire et à sauter sur le matelas, avec des bobettes sur la tête en guise de casque (il fallait être là), Riley est venu me voir les bras bien raides et tendus. Je le regardais de haut sans trop comprendre ce qu’il voulait. Puis il me fait un petit mouvement de main qui veut dire « aweille! ». Il voulait que je le prenne dans mes bras.

Là j’ai fondu. L’instinct a finalement eu le dessus, après 26 ans. Je l’ai pris dans mes bras, petite larme à l’œil. J’ai su à ce moment-là que Riley m’aimait et j’ai réalisé que je l’aimais moi aussi. J’ai aussi su à ce moment-là qu’il était peut-être possible que mon opinion des enfants change, finalement. C’est spécial, de te dire qu’une rencontre avec la bonne petite personne peut changer aussi rapidement 26 ans d’opinions bien arrêtées. Depuis ce jour, je remplis fièrement mon rôle de matante Mélo.

Je ne sais pas encore si on peut dire que j’ai la fibre maternelle, mais j’ai certainement la fibre matante. Ce petit gars je l’aime et je vais toujours l’aimer. Il a une place très importante dans vie, parce que tranquillement pas vite, je pense qu’il est en train de tout changer.

Merci Riley.

heureuse enfant matante

Le look
Robe : Message Factory
Photo : Claudia Morin Arbour

heureuse enfant matante

Accueil