Je ne sais pas si c’est les promotions de matériel scolaire qu’on annonce déjà à plus d’un mois de la rentrée qui ont fait remonter des trucs dans ma tête (ou dans mon cœur j’sais pas trop). J’ai réfléchi un peu, beaucoup, jusqu’à décider de laisser parler le petit en sac à dos qui dort quelque part dans mon cerveau…
Je ne doute pas une seconde qu’il y a des fois où le divorce se passe bien, où les enfants ne le vivent pas trop mal, où les parents continuent de communiquer, mais parfois, être un « enfant de divorcés », c’est quelque chose de gros, de dur, de lourd à porter.
Il était une fois des parents qui ne s’aimaient plus. Vraiment plus.
Un matin d’orage, ils se sont séparés, leur garçon était petit, vraiment petit. En fait, il se souvient à peine de les avoir vus ensemble un jour. Puis les souvenirs qu’il porte viennent probablement de photos ou de vidéos visionnés.
Peu de temps après, le père habitait dans une ville, la mère dans une autre lorsque c’est arrivé. Le problème, c’est que les amis du petit étaient dans une ville, mais pas dans l’autre. Même chose pour son école.
Il avait deux chambres, deux lits, deux bacs à jouets, mais une seule doudou pis un seul toutou. Il portait toujours un gros sac à dos. Il fallait tout prévoir : ne pas oublier de prendre les bons cahiers, les jouets préférés, les habits propres et tout ça et tout ça. C’était quand même quelque chose. Quelque chose sur quoi le p’tit cul n’avait pas de contrôle.
Un jour, il a laissé ses affaires de gym chez l’un et cela a rendu tout très compliqué. Il y a eu une chicane à propos de paresse et d’irresponsabilité. Le gamin supposait que c’était des mots que seuls les grands comprenaient. Finalement, c’était plus facile d’en racheter des nouvelles que de les récupérer.
Ah parce que oui, je ne t’ai pas encore dit, dans cette histoire, les parents après leur séparation, se sont rarement reparlés, ça prit du temps.
Quand l’enfant les voyait à deux, c’était dans le stationnement pour discuter de la garde. Une garde qui s’est avérée simple, car le papa n’était pas prêt, pas là, à ce moment-là. Ce n’était pas l’fun, mais ça allait.
Il avait des amis et pour lui c’était ça le plus important dans la vie. Parfois, dans la cour de récré ses amis lui disaient « Toi, tu reçois deux fois plus de cadeaux à ton anniversaire », il rigolait jaune « Héhé oui… je suis chanceux. », mais dans sa tête, il se disait qu’avoir une seule fois sa fête avec sa mère et son père à ses côtés, ça vaudrait tous les cadeaux du monde.
Et puis, un jour, il y a eu cette question qu’une amie de classe lui a demandé « Tu préfères ton papa ou ta maman ? », il ne savait pas quoi répondre, il a dit « Bah… les deux », et son amie a répliqué « Ça, ce n’est pas une réponse ! ».
Le problème c’est que quelques années plus tard, cette question qui lui revenait constamment en tête a été posée par une grande personne. Une médiatrice qu’on l’appelait et il ne savait toujours pas quoi répondre, il aurait aimé dire « Bah… les deux », mais il savait qu’elle aussi aurait répondu « Ça, ce n’est pas une réponse ! ».
Alors le petit a beaucoup réfléchi, il a fait un calcul dans sa tête, ça faisait quelques années qu’il vivait plus chez sa maman que chez son papa donc il s’est dit qu’il était temps de changer ça pour « se partager justement ».
Et voilà
Sa maman a été triste. Ce n’était pas facile. Mais avant, c’était son papa qui était triste et ce n’était pas facile non plus.
Alors avec son sac à dos, il les consolait et écoutait leur « Tu diras à ton père que ceci, tu diras à ta mère que cela ». Quand ils disaient des insultes, il fermait ses oreilles en serrant les dents très fort.
Son cerveau tournait dans tous les sens, il essayait de trouver des mécanismes, des solutions, des tours de passe-passe pour améliorer la situation, mais il ne connaissait pas encore tout ça, il les a appris beaucoup plus tard alors qu’il était trop tard.
Un jour, il s’est tanné, il a mis son bureau contre la porte de sa chambre et ne voulait plus voir personne.
Puis le temps s’est écoulé, il a grandi, puis c’est passé. La vie a continué.
Aujourd’hui, il n’est plus un enfant, du moins physiquement, il a su aimer ses parents. Aimer précisément chacun d’entre eux pour tout l’amour qu’il a reçu et pour ce qu’ils étaient.
Il a compris que ce qui les rendait de mauvais parents c’était les différends, des différends d’amoureux qui ne s’aimaient plus, plus comme avant. Ceux qui persistaient jusqu’à ce que le laissé pardonne à celle qui l’a laissé.
Depuis, beaucoup de temps s’est écoulé
Le petit, il continue de construire sa vie comme il l’a appris, petit à petit, petite brique par petite brique. Puis même aujourd’hui alors qu’il est rendu très grand, il a encore une pensée pour tous ces enfants qui se demandent présentement pourquoi ils se retrouvent souvent coincés entre les deux personnes qu’ils aiment le plus au monde, et ce constamment.
Le poids de la chicane entre deux parents ne devrait jamais se refléter sur leur enfant. Aussi petite que soit cette lourdeur qu’il ne peut lui-même supporter sur ses épaules et encore moins de ses petits bras.
Il en a déjà suffisamment à s’occuper de bien se comporter, bien parler, ne pas tomber.
P’tit être, je te souhaite de ne pas subir ce genre de disputes d’adultes, tu en as déjà assez de tout le poids de ton sac déjà bien rempli de tes trésors qui feront de toi un jour je te jure, un être à part et un sac à dos bien à toi.