Il y a deux ans, un monstre a établi sa maison chez moi, sans ma permission. Rapidement et par pur hasard, les soldats en blouse blanche ont trouvé des traces de ce monstre. Les soldats se sont consultés et ont décidé une stratégie pour éliminer le monstre. À plusieurs reprises ils ont changé leur plan.
L’année 2017 aura été l’année du combat entre le monstre et les soldats à blouse blanche avec comme champ de bataille, mon corps. Les soldats ont d’abord déraciné le monstre qui s’était installé sagement dans un petit endroit, sans se laisser traîner. Les soldats ont ensuite brûlé pendant des semaines le petit endroit où le monstre avait établi son domicile. Les soldats voulaient être certains que le monstre ne reviendrait jamais.
Puis après un long combat, mon corps m’a finalement été redonné. J’avais enfin pleine possession de moi-même, plus d’étrangers pour habiter avec moi, à mon insu. Les soldats à la blouse blanche m’ont garanti que les chances que le monstre revienne étaient presque nulles. Ils avaient évalué toutes les possibilités.
Je suis jeune ; le monstre préfère les domiciles avec plus de cachet. Je suis en santé ; le monstre préfère cohabiter avec des personnes malades, afin de prendre plus de place. Je ne buvais pas et je mangeais bien ; apparemment le monstre se nourrit d’aliments malsains. En plus, pour être vraiment certaine, chaque jour je prenais un médicament pour rendre mon corps invisible, pour empêcher le montre de retrouver son chemin.
Deux ans plus tard, je retourne voir les soldats à blouse blanche. Chaque six mois ceux-ci vérifient que je suis toute seule dans ma maison, que le monstre n’est pas revenu sous une autre forme. Chaque six mois j’ai peur et j’angoisse à l’idée de devoir à nouveau prêter mon corps aux soldats pour qu’il leur serve de champ de bataille. Cette semaine les soldats ont cru voir quelque chose dans la maison. Ils ont gratté brusquement sur mes murs et ont fait couler de la peinture rouge sur ceux-ci. Ils m’ont fait mal et m’ont laissée partir avec du plâtre grossièrement appliqué. Les soldats aux blouses blanches m’ont dit que dans deux semaines je saurai si le monstre est revenu. Les soldats ont peur et moi aussi.