J'étais tout près de mon seizième anniversaire lorsque mon père a quitté le domicile familial. Je pourrais facilement dire que tout était de sa faute puisque c’est lui qui est parti, mais pour être franche, je ne connais pas toute l'histoire derrière leur rupture et c'est probablement mieux comme cela. Je suis maintenant rendue à 30 ans et je m'en souviens encore parfaitement comme si c’était hier.
Je me souviens de ce que j'ai ressenti. Un mélange de colère et d'incompréhension, de coup de poing au ventre et de mal de cœur. Il n'y a probablement pas de moment pour une rupture, mais laissez-moi vous dire qu'en être pleinement consciente à l'adolescence n'est pas chose facile. Le petit monde que nous nous étions construits en tant que famille venait de s’écrouler. Nous devions quitter notre maison, mon repère, l'endroit où je me sentais bien et en sécurité.
Les premiers temps ont tellement été difficiles. Tout change et pas nécessairement pour le mieux. Du moins, c'est ce que la jeune ado de 16 ans que j’étais se disait. Le retour de l’école, la routine du matin, celle du soir, plus rien n'est pareil. Et par la suite, la vie continue. La colère se transforme en acceptation, la tristesse redevient peu à peu de la joie. Tu t'accroches aux petits bonheurs de la vie pour ne pas tomber encore et encore...
Et puis, les jours et les années passent. Mon père et moi ne nous voyons plus depuis mes 17 ans pour de multiples raisons. Mais vieillir nous apprend à vivre avec tous les événements de la vie, qu'ils soient beaux ou laids. Que toutes situations ne soient pas bonnes à vivre, mais que le plus important est comment nous y faisons face dans notre quotidien. Ce qui m'a le plus aidée à accepter cette situation c'est de cesser de lui en vouloir. Cela m’a pris plusieurs années et je vous mentirais si je vous disais que je ne pense jamais à lui et aux beaux moments que j’ai passés auprès de lui lorsque j'étais enfant.
Je me dis simplement que peut-être que ce qu’il lui fallait pour être heureux était de faire un virage de 360 degrés et de recommencer à nouveau. Je me dis que le plus important est qu’il soit bien avec la vie qu'il mène. J'essaye de ne jamais penser que c’était de la faute à qui que ce soit.
La rancune et la colère grugent trop d’énergie pour que nous passions notre vie à composer avec cela.
Et qui sait? Peut-être pense-t-il à moi comme je pense à lui parfois...
source image de couverture: Pexel