Mon premier emploi, c’était dans un magasin.

À l’époque, j’avais 16 ans et je ne me doutais pas que j’allais consacrer les 16 prochaines années de ma vie au commerce au détail, dont une douzaine en tant que gestionnaire.

Crédit: Sam Lion

« Harvard », j’y suis donc moi-même passée !

Durant ma carrière, j’ai vu beaucoup de nouvelles recrues arriver en poste, pour finalement quitter après quelques semaines ou quelques mois en s’avouant vaincues.

Force était de constater que ce n’était pas tout le monde qui pouvait faire mon travail.

Ne vous méprenez pas sur mes propos, chaque emploi vient avec son lot de défis, mais permettez-moi de prêcher pour ma paroisse le temps d’un article !

Un gérant, c’est plus qu’une personne qui a les clés pour ouvrir la porte du commerce le matin. C’est un rôle complexe qui demande de maîtriser et d’appliquer plusieurs compétences au quotidien, sans même s’en rendre compte.

Être un bon gestionnaire, c’est savoir faire preuve de…

Leadership ; c’est être son propre département de ressources humaines. On recrute, on embauche, on forme, on évalue, on développe nos employés, on les écoute, on les conseille et on les motive. L’envers de la médaille, c’est aussi parfois devoir gérer des personnes à défis ou en difficulté, avoir des conversations difficiles et devoir, parfois, en congédier.

Crédit: Markus Winkler

Collaboration ; on interagit avec un nombre incalculable de personnes avec qui on doit apprendre à communiquer et à influencer. On doit aussi créer et entretenir des liens à distance, comme nos collègues sont souvent aux quatre coins de la province ou même du pays. Le travail d’équipe est la seule raison de notre succès.

Beaucoup d’engagement ; commencer tôt, finir tard. Ne pas compter ses heures. Être le dernier à partir. Ne pas pouvoir se permettre de ne pas rentrer, sinon qui va ouvrir la porte ! Dîner sur le coin d’un bureau par manque de temps. Faire passer ses employés en premier. Leur payer des petites récompenses de notre poche parce qu’on a l’impression de ne jamais pouvoir en faire assez.

Flexibilité et créativité ; on fait, défait et refait des plans sur une base quotidienne. Notre liste de tâches, fraîchement rédigée du matin, est déjà désuète quelques heures plus tard. On gère des priorités prioritaires et on sait se « retourner sur un 10 cennes ». On ne se limite pas seulement au plan B, on défile l’alphabet des scénarios !

Vision stratégique ; c’est savoir anticiper l’avenir en fonction d’une poignée de données et de notre bagage d’expérience. C’est pouvoir formuler des stratégies et plans d’action qui nous permettront d’atteindre nos objectifs à long terme. C’est prendre de grosses décisions basées sur un peu de science et beaucoup de foi en nos compétences.

Crédit: Pexels

Résilience ; travailler quotidiennement avec le public, c’est difficile. Quand un client demande à nous parler, c’est la plupart du temps négatif. On gère des plaintes, des insatisfactions, on explique et, réexplique les mêmes choses, tout en essayant de garder le sourire et de faire notre possible pour satisfaire la personne devant nous. On travaille, en tout temps, cette vertu qu’est la patience !

Malgré tout ça, et bien plus, je n’ai pas toujours été fière du rôle que j’occupais. Il m’a fallu changer de domaine pour prendre réellement conscience de tout ce que j’avais accompli durant ces nombreuses années.

Maintenant, quand on me demande « as-tu déjà pensé être gestionnaire ? », je souris et je me dis que le jeu en valait vraiment la chandelle.

J’espère que toi aussi, gestionnaire dans le commerce au détail, tu souriras en lisant ces mots. J’espère que tu prendras, à ton tour, conscience de ta valeur et que tu te réapproprieras le mérite qui te revient de passer par la plus grande des écoles !

Image de couverture de Rachel Claire
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