« Je ne m’y attendais pas du tout… »
« Je ne voyais pas les choses de cette façon… »
« Chez nous, ça ne se passe pas comme ça… »

Autant d’expressions qui peuvent découler d’un croisement d’idées différentes, de perceptions différentes, de façons de faire différentes. Comme lors d’un choc culturel.

« Le choc culturel »: un terme bien familier aux Canadiens. Il a d’ailleurs été utilisé pour la première fois dans les années 1960 par un anthropologue canadien, Kalervo Oberg. En effet, le Canada est une terre d’immigration et d’accueil par excellence. Statistique Canada projette que les immigrants pourraient représenter de 29,1 à 34,0 % de la population du Canada d’ici 2041.

Alors naturellement, les populations locales et immigrantes qui se rencontrent, se retrouvent à faire face à des réalités qui leur sont inconnues les unes des autres; ce qui peut être facteur de bon nombre de défis à relever.

Les rêves plein la tête vs la réalité plein les yeux!

Généralement, les personnes qui déposent leurs valises dans d’autres pays dans l’optique de s’y installer nourrissent le secret espoir que leur intégration sur leurs nouvelles terres se fera avec le moins de heurts possible.
Certaines d’entre elles se voient même y vivre comme dans leur pays d’origine, avec leurs façons d’être et leurs façons de faire.

Malheureusement la réalité peut s’avérer fort décevante, et difficile à vivre. Cette difficulté peut être en lien avec plusieurs facteurs comme le climat, la langue, la nourriture, les règles de comportement, etc.

Choc culturel et désillusion?

Le choc culturel peut se vivre différemment d’un individu à un autre, dépendamment de la capacité d’adaptation à un nouvel environnement.

Mais comment se définit-il concrètement?

Selon l’anthropologue canadien cité plus haut, le choc culturel se résume à « une expérience de stress et de désorientation vécue par la personne devant apprendre à vivre dans une nouvelle culture ».

Le défi reste énorme.

Passé l’euphorie et l’excitation des premières semaines suivant l’arrivée en terre inconnue, période pendant laquelle le nouvel immigrant est littéralement sous le charme, dans une attitude de positivité et de curiosité joyeuse; vient le temps de désillusion ou de crise. L’immigrant ressent alors les effets de la « claque de bienvenue » reçue pourtant aux premières heures de son arrivée.

  • Le froid est difficile à supporter.
  • La langue du pays n’est pas si aisée que ça à apprendre et à comprendre.
  • Il n’arrive pas à apprécier la poutine, il préfère l’attiéké! (Mets d’origine ivoirienne).
  • Il est frustré de ne pas savoir comment se tenir ou interagir adéquatement avec les autres selon les circonstances.
  • Il ressent fortement le mal du pays.
  • Il est fatigué, impuissant, confus, irritable, stressé.
  • Il peut même perdre l’appétit et avoir des maux de tête!
  • Et la surcharge informationnelle n’est pas faite pour arranger les choses!

L’ouverture aux autres et la patience, un impératif pour s’adapter aux nouvelles réalités

Il est important pour l’immigrant de surmonter le choc culturel pour réellement apprécier la vie dans le pays d’accueil.

Lorsque je suis arrivée au Québec il y a bientôt 5 ans, j’ai dû faire face également au choc culturel tel que précédemment décrit.

Le plus difficile a été la surcharge informationnelle. Toutes ces informations et demandes à traiter et à assimiler, généralement en peu de temps, avec ce sentiment d’urgence ou de pression constante, généraient énormément de stress en moi. Il m’a fallu réapprendre à m’organiser pour y faire face. Heureusement que j’ai aimé dès les premières heures ce que le Québec avait à m’offrir, au-delà des difficultés d’alors. Cela a été pour beaucoup dans ma volonté de surmonter le choc; y comprit aussi le fait de garder le contact avec mon pays d’origine, notamment ma famille et mes amis.

En tout cela, il est bénéfique pour l’immigrant d’éviter l’isolement et de s’ouvrir aux autres, aux Québécois, cela s’entend; dans un esprit flexible et tolérant! On a toujours beaucoup à apprendre et d’énormes richesses à découvrir des autres surtout quand on est patient.

Surmonter le choc culturel demeure essentiel pour une personne qui s’installe dans un nouveau pays si elle veut jouir pleinement de ce que ce pays a à lui offrir et s’épanouir.

Il est à noter, par ailleurs, un aspect dans la notion de choc culturel qui selon moi n’est pas à négliger. Un choc se produit bien entre deux corps, deux réalités. Si ses effets sont ressentis d’un côté, il peut valablement être ressenti de l’autre côté. Eh oui, il peut être réciproque! Peut-être pas avec la même intensité, mais il est bien réel! Les Québécois peuvent vivre, dans une certaine mesure, et à certains niveaux, le choc culturel.

Cela peut changer la donne d’admettre qu’eux également peuvent avoir bien du mal à cerner ce que nous portons en nous et notre façon de l’exprimer. Chacun évite l’apitoiement sur son sort.
Relativiser ainsi tant soit peu, peut être un excellent facteur d’ouverture d’esprit et d’acceptation de l’autre.

Image de couverture de Darius Bashar
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