Avant de devenir mère, nous avons toutes une très vague idée de ce que cela implique en vérité. Ironiquement, bien que nous ayons quotidiennement côtoyé la nôtre, et éventuellement celle des autres, enfant, nous la percevions comme une figure en quelque sorte intemporelle, qui a toujours été telle. Jamais la réflexion d’un avant et d’un après nous a frôlé l’esprit. 

Toutefois, la femme, une fois mère, prend tranquillement conscience du changement psychologique et émotionnel qu’est le prix d’avoir donné la vie. Les craintes initiales du manque de sommeil et du corps métamorphosé deviennent une futilité. Elles sont remplacées par des craintes omniprésentes en lien avec leur bébé. Les inquiétudes a priori démesurées de notre mère, incapable de trouver le sommeil jusqu’à ce que nos pas aient franchi l’entrée, sont soudainement légitimées. Nous réalisons l'ampleur de ce que notre mère a traversé pour nous élever, et que chaque geste posé nous impliquait en arrière-pensée. 

Nous saisissons l’importance qu’accordent les mères à préciser l’âge de leur enfant, car nous comprenons maintenant qu’un huit mois et un dix-huit mois ne font pas partie d’une même réalité. Nous nous émerveillons devant des choses que nous n’aurions jamais soupçonnées, qu’avant, nous aurions probablement banalisées. L’excitation de notre enfant devant la fleur qu’il a trouvée ou de l’oiseau qu’il a vu voler, nous comble autant qu’un gagnant à vie remporté.

Le fait de ne plus avoir beaucoup de temps pour soi va de soi.

Nos priorités changent grandement, bien que graduellement, et nous nous surprenons à ne plus autant ressentir le besoin de nous greffer à une soirée, nous qui aimions pourtant les soirées bien entourées. Le quotidien nous comble autrement. Nous regardons désormais les mères en nous disant qu’elles sont singulières et extraordinaires. Elles trouvent toujours une façon d’y arriver, en puisant dans l’amour inconditionnel qu’elles portent pour leur bébé.

L’avant nous paraît soudainement lointain, une sorte de souvenir d’une autre vie que nous oublions au fil du temps. Nous ne nous souvenons plus vraiment de ce qu’était l’avant, mais l’après est parfait.
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