L’anxiété de performance, cet état mental qui nous pousse à donner notre 120 % en tout temps. Ce mal touche de plus en plus de jeunes dans notre société. On parle ici de 10 % à 15 % des enfants et adolescents qui recevront un diagnostic d’un trouble anxieux. Est-ce la société d’aujourd’hui qui nous rend toujours plus performants les uns que les autres? Est-ce la venue des médias sociaux qui nous montrent les meilleurs coups, ceux qui réussissent le mieux dans la vie, ceux qui ont le bonheur le plus facile? Personnellement, je pense que les médias sociaux ne doivent pas aider aux anxieux et anxieuses de la performance.
Anxieuse de nature, j’ai toujours voulu donner mon 100 %, voire 110 %. Je me souviens lorsque j’étais adolescente, à un entraînement, nous devions faire des tours du quartier en jogging. Alors que toutes mes amies avaient cessé lorsqu’elles n’avaient plus la force, j’ai continué à faire un dernier tour… pour finir en vomissant sur le gazon. Je me souviens également d’avoir participé à une course et malgré le fait d’être tombée et d’avoir le genou en sang, je me suis relevée avec cette rage de gagner contre deux gars qui font du « crossfit ». J’ai vieilli et je me suis assagie : maintenant je fais mon possible et je fais de mon mieux. Par contre, la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre. Mon fils, qui aura prochainement 9 ans, fait de l’anxiété de performance. Ce qui rend la chose encore plus difficile, c’est qu’il est jumeau. Son frère, qui en fait un peu, mais rien à comparer, ne doit pas avoir le malheur d’être le meilleur. La comparaison est constamment présente à la maison.
Tout a commencé vers 5 ans. Première année au hockey et à l’école. Toute une année. Il a des tonnes de bâtons et de crayons qui ont revolé. J’étais épuisée. Nous avons même consulté une psychoéducatrice. J’étais convaincue que mon fils avait un TDAH, H MAJUSCULE. Des symptômes similaires comme l’opposition, la demande d’attention, l’hyperactivité, l’agitation, la difficulté de concentration. Nous avons essayé des médicaments comme le biphentin, mais le biphentin sur un petit anxieux, ce n’était pas juste le crayon qui volait dans les airs, mais les livres, les pochettes et tout le reste. Après avoir vu des spécialistes, le TDAH est mis sur pause.
L’anxiété de performance par contre, on va y goûter…. Mon fils se met une pression si énorme: il veut plaire et pour plaire, il doit bien réussir. Il a peur de faire des erreurs et d’échouer. Dans toutes les sphères de sa vie, il doit être le meilleur. À l’école, au hockey, au soccer et même dans ses bricolages. S’il a le malheur de dépasser un dessin de son album à colorier, il déchire la page et recommence jusqu’à ce que ça soit parfait. À l’école, particulièrement en première année, lorsqu’il a appris à lire et écrire, c’était atroce.
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Il pouvait pleurer et crier en disant qu’il n’était pas capable. C’est faux, il était capable, mais il n’était pas assez bon à son goût. Du jour au lendemain, il aurait fallu qu’il sache écrire tout l’alphabet en lettres attachées. Faire la lecture était l’enfer. S’il s’enfargeait sur un mot, le livre volait dans les airs. Sans compter toutes les stupidités qu’il s’infligeait : « j’suis nul, j’suis con ». Il pouvait effacer et recommencer une dizaine de fois. Au hockey, le nombre de bâtons qu’il a lancés, le nombre de coups qu’il a donnés, le nombre de gants qui ont revolé. S’il fallait qu’il échoue un échappé, c’était un coup de bâton assuré. Même s’il faisait 5 buts, ce n’était jamais assez. Moi-même j’éprouvais de l’anxiété à le voir aller : « faut qu’il score, faut qu’il score ».
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Pourtant, ce ne sont ni mon mari, ni moi qui lui mettons cette pression. Nous ne sommes pas le père de Joey dans le film Pee-Wee. À la fin d’une partie, il pouvait pleurer lorsqu’il avait perdu. Malgré le fait qu’on lui répète sans cesse que l’important, c’est d’avoir du plaisir, plusieurs fois, il ne semble pas avoir grand fun. Quand tu entends dans les estrades « il est ben malin. », non, il n’est pas malin, il est anxieux. Avant les tournois, c’est triste de le voir dans sa bulle. Son cerveau fonctionne à 110 % et ses pensées se bousculent. Il y a aussi les symptômes physiques qui embarquent: mal de ventre, fatigue, perte d’appétit. Pour les jeux vidéo, c’est le même scénario. Si son ami gagne, il pète sa coche.
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Il apprend tranquillement à gérer ses émotions, plutôt à essayer de les gérer. Je lui dis de respirer, je lui donne des balles anti-stress. Je lui ai lu le livre Extraordinaire moi calme son anxiété de performance. On essaie de mieux l’outiller, mieux le comprendre et non le chicaner.
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Oui, il y a des trucs qui peuvent atténuer l’anxiété de performance, mais je crois sincèrement que le meilleur truc est d’apprendre à vivre avec et de modifier nos pensées. Il faut donner le meilleur de nous-mêmes et faire notre possible, mais rappelons-nous que la perfection n’existe pas. Il n’y a pas de honte à échouer si nous avons fait notre possible. On se relève et on recommence. La vie est déjà assez exigeante, soyons doux envers nous-mêmes.