J'ai 21 ans et je suis vierge. Surprise ! Pendant des années, j'ai eu honte de ma virginité. Plus les années passaient, et plus j'étais complexée. Comme si je n'étais pas normale, comme si je devais la cacher. Ranger ma virginité dans le dernier tiroir de ma commode et ne plus jamais en parler. À quatorze ans, être vierge n'est pas vraiment un complexe. Mais quand tu dépasses la vingtaine, c'est comme si le chronomètre s'enclenchait. D'un coup, tes ami(e)s te regardent avec pitié, comme une petite chose fragile sur le bord d'une route déserte de sexe. Non, je n'ai jamais eu mon premier baiser, encore moins ma première fois. Mais je n'en suis pas triste, alors pourquoi ressens-tu le besoin de constamment me rassurer ?

Quand je dis que je suis vierge, j'ai toujours droit aux deux mêmes réactions : « Impossible! Une belle fille comme toi » ou encore « T'en fais pas, ça va venir bientôt ». Certains poussent la chose jusqu'à me proposer de coucher avec le premier venu. Au moins, ça va être fait. Qu'est-ce qui va être fait exactement ? La précipitation d'un moment charnière de ma vie sexuelle ? Non, merci.

Je ne vis pas non plus dans un monde de princesses et de licorne. On dit souvent qu'il faut attendre « le bon », mais c'est qui ça ? Pour moi, « le bon », c'est quelqu'un en qui j'ai confiance et qui sera à l'écoute de mes besoins et de mes limites. Quelqu'un de fun avec qui je m'entends bien pour effacer le malaise. Quelqu'un qui me fera sentir belle et désirée. Le mythe du « bon » m'a longtemps tenu à l'écart des candidats potentiels. Parce que je pensais qu'on devait ressentir de l'amour pour en faire. Désormais, je ressens beaucoup moins de pressions à l'idée de passer à l'acte avec quelqu'un qui me respecte, point. Est-ce que ça fait de moi quelqu'un qui passe à côté de quelque chose ? Je ne pense pas.

Sexe

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Il faut alors que je me pose l'éternelle question qui revient sans cesse : est-ce que je me confie à l'autre ou pas ? Il y a toujours une certaine crainte liée à la réaction de l'autre. Certains peuvent être repoussés alors que d'autres auront, selon moi, la meilleure des réactions : « C'est correct » ou « Ça ne me dérange pas ». La validation que j'attendais après des années à être complexée. La preuve qu'il existe des hommes qui vont me prendre comme je suis. Encore là, je ne ferai jamais le premier pas.

Bref, depuis quelques mois, j'ai décidé d'assumer ma virginité, parce qu'elle fait partie de moi. Elle est le résultat d'années à essayer de me reconstruire afin d'offrir la meilleure version de moi-même à l'heureux élu. J'ai travaillé fort pour ne plus en avoir honte. Alors, s'il te plaît, quand je te dis que je suis vierge, évite de me faire tes yeux de biche. Je ne suis pas fragile ni anormale. J'ai des désirs, des envies, comme tout le monde. Mais voilà : ma virginité fait partie intégrante de ma vie et je suis fatiguée de garder le secret.

De baisser la tête chaque fois qu'on parle de sexe. D'animer les jeux d'alcool dans les partys pour éviter de répondre aux questions ou de faire des conséquences dont je n'ai pas envie. Je ne veux plus me sentir mal à l'aise quand je dis que je n'ai jamais été en couple. Qu'on me regarde comme si j'étais un animal en voie d'extinction. J'ai envie de flirter, de dater, de faire l'amour. Parce que oui, ça m'a prit 21 ans pour me sentir prête. Et c'est correct.

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