Ma petite amour, tu auras bientôt 1 an.
J’ai envie de te raconter le monde d’avant. Un monde plus humain, moins individualiste, dont le rythme était plus lent, plus sain, plus naturel. J’ai besoin que tu saches combien l’homme pouvait être bon et avoir une foi inébranlable envers le futur, en créant sa propre réalité à coup d’audace, de découvertes et d’idéologies diverses.
Avant de tout oublier, avant de ne plus me rappeler ce que c’est que de vivre en me sentant en sécurité en étant convaincu que demain sera mieux, sans avoir peur que le monde s’enflamme, je veux tout te dire. Tout te dire de la beauté du monde, de la magnificence des prouesses de mère Nature qui nous a donné une Terre remplie de paysages à couper le souffle, de nourriture abondante et d’animaux incroyablement intéressants.
Avant que l’argent et toute la cupidité y étant reliée ne deviennent le fondement sacro-saint régissant pratiquement toutes les sphères de vie du monde moderne, amenant les humains à piller, exploiter et détruire chaque parcelle de notre si belle planète, existaient nos ancêtres qui respectaient et vénéraient la vie, la nature, l’ordre des choses.
Avant que l’homme ne se prenne pour Dieu, qu’il ne se place au sommet de l’échelle du règne animal, s’en dissociant, oubliant qu’il n’est qu’un mammifère. Plus intelligent certes, conscient aussi, mais devant vivre en harmonie avec son environnement pour survivre comme tout être vivant, simple mortel après tout.
Je te parle d’un temps sans écrans, sans technologies omniprésentes et envahissantes, sans pandémie, sans catastrophes naturelles en continu découlant de l’activité humaine débridée. Un temps dont j’ai pu entrevoir moi-même la fin, ayant eu le bonheur d’en connaître quelque peu les bienfaits, étant né à la fin des années 80.
Ces souvenirs de jeunesse, je veux te les transmettre.
Je sais que tu es bien trop jeune, encore pure et inchangée par l’extérieur, que ce sont des mots d’adultes, mais j’ai besoin que tu saches. Que tu saches toutes les merveilles qui se cachent dans nos esprits, tout l’amour qui se trouve dans nos cœurs et toute la solidarité qui nous unit, quand nous sommes capables de nous arrêter pour puiser dans notre nature humaine fondamentalement bonne.
Oublie ma petite ange la pression sociale de performer à tout prix, ne te laisse pas atteindre par la primauté de l’image au détriment de ton univers intérieur et, le plus important, ne laisse pas le pessimiste anxiogène ambiant t’empêcher de rêver, de croise, d’oser et d’accéder au bonheur d’être toi-même.
Ne laisse pas les autres te dicter quoi croire, quoi faire, quoi dire et comment rentrer dans le moule.
Apprends à te connaître, accède aux connaissances infinies dont regorgent les livres et fais ton chemin en créant ton propre code moral, en acquérant tes propres convictions, en faisant tes propres choix, fière de ton unicité en étalant ta personnalité, ton être et ta bonté.
Cultive les valeurs d’avant que sont le respect, l’art de prendre le temps, la joie des petits plaisirs, le bonheur d’aider et de donner, ainsi que la gratitude envers la nature, la vie et l’univers pour l’aspect magique et insensé que représente notre aventure en ce monde.
Sache que je ferai toujours tout en mon pouvoir pour te transmettre cette parcelle de vitalité qui m’habite encore, que je préserve et cultive pour toi, chaque jour, afin de t’insuffler cette étincelle d’énergie, de magie, qui te permettra de voir la vie avec les yeux du cœur et de garder ta curiosité d’enfant le plus longtemps possible.
Cette flamme que je protège contre les intempéries de la vie, je l’attise à coup de bons moments, en essayant le plus possible de m’ancrer dans le moment présent pour savourer ce qui compte vraiment. Par les joies de la musique, les délices de la lecture et l’amour que me procurent les miens, je garde vivant tout le beau, le bon et le vrai qui m’habite pour t’en faire cadeau.
Ma petite ange, papa t’aime plus que tout et quand je te regarde, je me dis que tout n’est pas perdu, que la vie est belle et qu’il n’est pas trop tard pour l’humanité, que nous pouvons encore changer, pour l’amour de nos enfants.