Pour la partie 1, c'est ici
Avant, je t’appelais et tu répondais avec bonne humeur. Maintenant, je t’appelais et tu ne répondais plus. Avant, je t’écrivais et tu me répondais activement. Maintenant, tu voyais les messages sans te donner la peine d’y répondre ou d’y répondre brièvement parce que tu étais sûrement «écœuré» du fait que j’avais tant de misère à lâcher prise d’un coup. Avant, tu aurais trouvé difficile de ne pas me voir ne serait-ce qu’une journée. Maintenant, quand j’ai pris l’initiative à une reprise de passer te voir pour avoir des explications, pour comprendre, pour tenter de trouver des solutions, j’avais l’impression de te déranger. J’avais l’air d’une vraie folle alors que tout ce que ça voulait dire, c’était que la relation comptait, que tu comptais. J’avais mal. J’avais mal parce que je t’aimais.
Au début de la rupture, je dormais peu, je pleurais beaucoup, j’avais de la colère en me demandant pourquoi je me faisais tant de misère pour quelqu’un qui a abandonné si vite. Je me réveillais dans la nuit en crise de panique, je m’attribuais tous les défauts du monde, je repassais tous les moments en m’évaluant fortement, j’essayais de voir ta vision des choses en tentant de comprendre même si c’était vraiment difficile à faire, je n’avais plus le goût de rien, j’avais de la misère à garder ce que je mangeais de telle sorte que j’ai perdu cinq livres en une semaine.
Mes pensées filaient à toute allure. Je me demandais ce que je valais, ce qui me manquait. Ça me fait de la peine de savoir que je t’ai laissé tout ce pouvoir même en n'étant plus là puisque tu occupais la majorité de mes pensées. J’ai même manqué deux jours de travail alors que je ne m’absente J-A-M-A-I-S. Je passais par toute une gamme d’émotions dans la même journée (soulagement, peine, colère, anxiété, joie) en pensant que j’étais folle et anormale alors que je réagissais de façon complètement humaine. Un changement de situation aussi vite et drastique a de quoi déboussoler une personne même si c’est la plus sensée au monde.
Puis, peu à peu, je me suis autorisée à vivre mes émotions sans vouloir les minimiser ou les censurer. J’ai arrêté de me fesser sur la tête en départageant ce qui m’appartenait et ce qui ne m’appartenait pas. J’ai compris que chacun de nous n’était pas tout noir et tout blanc et que chacun avait sa part de responsabilités. J’ai compris que je devais arrêter de penser au pourquoi du comment et penser à des méthodes pour aller mieux, pour avancer et prendre confiance en moi. Je me suis recentrée sur des choses que j’avais délaissées qui me faisaient du bien.
J’ai commencé à moins t’en vouloir. J’ai commencé à te pardonner et me pardonner pour mieux me libérer. J’ai commencé à accepter. J’ai commencé à être plus sereine. J’ai peu à peu commencé à ne plus espérer que tu m’écrives, que tu m’appelles, que tu te présentes chez moi, que tu me donnes des explications et même peut-être que tu t’excuses quand au final je m’excusais pour des choses que je n’aurais peut-être pas dû au fond. J’ai peu à peu commencé à me recentrer sur les personnes qui demeurent dans ma vie malgré mes millions défauts et qui m’acceptent quand même. J’ai commencé à porter attention à des petits bonheurs de la vie et être plus reconnaissante de ce que j’avais, parce que des raisons d’être heureuse, j’en ai à perte de vue même si ma vision est parfois un peu plus embrouillée.
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Merci à ma famille (ma mère, mon père, ma sœur, mon grand-père) d’avoir écouté mes mots et mes silences, de m’avoir respectée dans mes montagnes russes d’émotions en les normalisant, de m’avoir rappelé mes plus belles forces et de m’avoir aidée à voir plus clair en me respectant et en le respectant aussi.
Merci à mes amies (Sonia, Jessica, Camylle et Joannie) qui m’appelaient souvent pour savoir comment j’allais, qui sont venues chez moi pour me changer les idées, qui m’ont fait rire quand j’avais envie de pleurer, qui m’ont motivée à aller de l’avant en me rappelant à quel point j’étais forte. Ça m’a marqué quand elles m’ont dit que cette personne ne me connaissait pas comme elles me connaissaient parce que si tel était le cas, il ne serait jamais parti. Ça m’a fait énormément du bien à entendre, comme un baume sur mon coeur.
Merci à mon partenaire de cours de groupe au gym (Michel) qui s’informait de comment j’allais, qui s’inquiétait de quand je manquais un cours, qui me rappelait qu’il était disponible et qui avait une bonne humeur contagieuse.
Merci à mes collègues de travail (Sophie mon amie TS et mes belles amies ergos/physios) d’avoir été attentives à moi, de m’avoir dit à quel point vous aimiez travailler avec moi, d’avoir souligné mes compétences professionnelles et de m’avoir dit que j’étais appréciée quand vous saviez que je vivais des choses plus difficiles.
Merci à mon psychologue (Alain) qui m’a accueillie dans toute mon entièreté. Qui m’a aidée à faire la part des choses, à prendre du recul, en soulignant mes forces, en reconnaissant la raison d’être de mes émotions, en diminuant la pression que je m’imposais, en m’aidant à m’accepter et à me donner le droit à l’erreur, à voir mes difficultés comme des défis à relever et en me rappelant que ce n’est pas parce que quelqu’un ne m’aime plus que ça doit me remettre autant en question. On sait tous les deux que tout ça ne date pas d’hier. Je sais que tu trouves que je fais de belles prises de conscience et que je démontre une belle maturité et je sais que j’en ai encore à découvrir avec ton aide.
Je trouve ça triste de m’être perdue de vue quand tu es parti. Je dois avouer que je trouve ça beau que ça m’ait permis de mieux me retrouver par la suite.