Je me rappelle avoir été craintive à l’idée de laisser entrer quelqu’un dans ma vie à nouveau. À bien y penser, craintive est un euphémisme, je dirais plutôt que j’avais la chienne. J’étais tannée d’avoir mal et de m’emballer pour être déçue au final.
J’ai longtemps voulu cacher mes vulnérabilités et mes peurs. Ma quête quasi obsessionnelle de l’excellence et de la perfection m’avait souvent amenée à m’empêcher d’être, c’est-à-dire un être imparfait avec de belles qualités attachantes. J’ai travaillé fort sur mon cheminement personnel, genre vraiment fort. J’avais désormais décidé et réussi à me montrer complètement transparente. J’étalais mes difficultés au même titre que j’étais fière de présenter mes atouts.
J’écrivais des textes sur ce blogue qui parlaient de mon côté intense, de ma grande sensibilité et de mon anxiété. De cette façon, ceux qui m’approcheraient sauraient ce qui me caractérise dans toutes les facettes de ma personne (oui, parce que ceux qui m’approchent devraient préalablement chercher à me connaître et lire mes textes, ça revient un peu à ça je crois), donc ils ne pourraient s’attendre qu’à du rose bonbon en m’idéalisant. Je me protégeais ainsi, peut-être, d’avoir mal inutilement. Je me rappelle que tu aimais ces textes et que tu cliquais même sur le petit coeur en guise de réaction virtuelle. Même ceux qui décrivaient de façon hyper précise les choses que tu m’as au final reprochées en quelque sorte. Je me rappelle aussi que tu m’aies dit un jour : «Je sais que tu ne me crois pas quand je te dis ça, mais je ne suis pas le genre de gars qui finit par partir du jour au lendemain.»
Je me sentais si bien. On était tout le temps ensemble. On ne se chicanait jamais. C’était simple. En plus de te laisser la clé de mon condo, je t’ai finalement laissé la clé de mon coeur. Je me rappelle même que tes amis te disaient que tu avais peut-être enfin trouvé la bonne tellement que ça cliquait. Tu étais fier de me présenter aux tiens et tu montrais aux miens à quel point tu m’aimais.
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Les deux semaines avant notre rupture, j’ai commencé à me sentir bizarre. J’avais l’impression que, même en étant toujours ensemble de corps, on commençait à s’éloigner d’esprit. J’avais l’impression de n’être jamais assez, je me sentais incomprise, je sentais comme s’il fallait presqu’instantanément que je rationalise mes pensées, que mes opinions étaient moins bonnes. Je n’avais peut-être pas raison de penser ça, mais c’est comme ça que je le vivais. Je me sentais à fleur de peau. Je te sentais plus impatient, plus distant. Ça me rendait encore plus anxieuse, donc ça renforçait mon sentiment d’être insuffisante, mon idée que je ne vivais pas les «bonnes émotions» de la «bonne façon» et mon anxiété. Allô le cercle vicieux. Je ne comprenais plus rien parce que je savais qu’on avait le potentiel d’aller dans la bonne direction, bien que je savais qu’on zigzaguait depuis peu de temps. On se parlait, mais nous avions une surdité psychologique qui nous empêchait de nous écouter réellement.
Je me disais donc que c’était peut-être une passe un peu plus difficile et que ça arrive inévitablement dans tous les couples. Ce n’était pas non plus comme si ça avait toujours été comme ça et comme si on se chicanait tout le temps, comme s’il y avait plus de conflits que de bon temps. On était peut-être un peu plus tourmentés, un peu plus fatigués. On avait chacun nos défauts, mais on avait aussi de belles grandes qualités qui avaient favorisé initialement l’émergence des premières étincelles de notre feu d’amour. Ce feu d’amour qui s’est rapidement transformé en feu de paille.
Et puis, ça a changé. Vivement. Drastiquement. Irréversiblement. J’ai eu l’impression que, pendant que je croyais que c’était une mauvaise passe qui allait se résorber, tu t’es préparé à creuser le cercueil de notre histoire. Tu t’étais préparé mentalement, enfin c’est ce que je me dis, selon la vitesse à laquelle tu es parti. Tu as rassemblé toutes tes affaires en tentant de faire ton possible pour ne rien oublier. Tu m’as dit que tu m’aimais et que j’étais une fille très intéressante, mais que ça ne fonctionnait plus. Je voyais dans tes yeux que la page était sur le point d’être tournée, j’espérais que tu vois dans les miens l’incompréhension totale qui me laissait de glace.
J’ai mon lot de défauts. J’ai un gros caractère, je suis parfois extrême, j’ai souvent une tête de cochon et je suis souvent stressée. Par contre, je suis loin d’être désagréable et je suis loin de ne pas en valoir la peine. Je t’ai aidé dans les moments où c’était plus difficile pour toi et j’ai même été là pour ton ami coloc quand c’était plus « tough ». Je m’entendais bien avec ta famille et je pense bien qu’elle m’appréciait. Je faisais des choses qui me tentaient plus ou moins pour te faire plaisir. Tu m’as dit que tu avais apprécié toutes ces choses, mais que malheureusement, ce n’était pas assez.
Pour connaître la suite, rendez-vous demain!