Avez-vous déjà ressenti un profond malaise en étant seul, comme si cela faisait de vous un perdant, presque une mauvaise personne? Moi oui.

La première fois que j’ai réellement été confrontée à la solitude, j’avais 20 ans. Je sortais tout fraichement de ma technique et je devais aller m’exiler dans une ville à 12 heures de route de toute civilisation. Pour moi, partir là-bas c’était quitter un programme passionnant, des amis formidables, des colocataires incroyables et mon premier amoureux. C’était donc aussi le moment ou je vivais ma première peine d’amour. Une surdose de solitude.

En toute honnêteté, ça a été l’année la plus dure de ma jeune vie. Je déménageais souvent pour le travail et c’était dur de bâtir de nouvelles relations. Comme tout humain normal, mon premier réflexe a été de vouloir lutter contre cette solitude, je la boudais. Je détestais chaque moment seule sans mes amis, ma famille et mon amoureux. Je broyais du noir et je n’arrivais pas à profiter de la nouveauté autour de moi, comme si le fait d’être seule voulait absolument dire que je n’aurais pas de plaisir. Une réflexion qui nous accompagne plus souvent qu’il le faudrait.

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Source: The Culture Trip 

En amour :

Après ma première peine d’amour, j’ai commencé à être excitée à l’idée d’être à nouveau en relation, de partager ma vie avec quelqu’un d’autre. À force de ne pas réussir à vivre à deux, d’enchainer les échecs amoureux et de partir en courant après chaque je t’aime, j’ai bien compris qu’il y avait un problème, mais est-ce que c’était moi?

On me répétait : « c’est normal que tu ne te sentes pas en amour maintenant, laisse les choses aller, l’amour, ça se développe, ce garçon est parfait ». Ou encore « ISHHHHHH, pauvre toi, tu es encore célibataire, ça va venir, tu vas voir (rajoutez ici un clin d’œil maladroit) ». J’étais rendue à un point ou je me sentais carrément coupable à l’idée d’être incapable de tomber en amour.

Et si la raison pour laquelle je n’arrivais pas à me sentir amoureuse est que j’étais rendue à une place dans ma vie où je devais être seule??? À quoi bon passer des heures sur Tinder, avoir des rendez-vous et forcer les choses? Je peux vous dire qu’il n’y a rien de plus toxique que de forcer une relation pour combattre la solitude, tu te sens tellement à la mauvaise place. Mais on s’illusionne, on se force à être là, parce que, c’est la bonne chose à faire, au fond, ce n’est pas normal d’être seule!

Je pense sincèrement qu’il y a des moments dans la vie où nous avons besoin d’être célibataires. Comment être bien avec un autre quand nous sommes mal avec nous-même? Comment endurer quelqu’un si l’on ne s’endure pas? Comment laisser quelqu’un apprendre à nous connaitre quand on ne se connait pas? Toutes les fois où j’ai essayé de faire une place à quelqu’un dans ma vie dans une phase où j’avais besoin d’être seule, où je ne désirais pas réellement être en couple, la seule chose que j’ai créée, c’est beaucoup de stress et beaucoup de peine. Je suis bien au singulier, je vous le promets. Et plus je suis bien seule, plus je me sens prête à faire de la place pour quelqu’un dans ma vie.

L’obsession :

Mais d’où ça vient cette obsession de vouloir vivre à deux, avoir une maison et des enfants? Qu’est-ce qui fait aussi peur dans la solitude? Pourquoi est-ce qu’on se sent aussi mal à l’aise, aussi dévalorisé quand nous sommes seuls?

Avec du recul, je comprends mieux. Comment ne pas se sentir loser dans la solitude quand toute notre vie on se fait dire qu’il n’y a rien de glamour là-dedans? La majorité des films qu’on écoute nous parle du grand amour, de mariage ou encore de la vie à deux. On regarde les femmes sans enfant comme si elles étaient des criminelles, on juge les gens qui priorisent leur carrière, on regarde de travers les grands voyageurs solitaires. Du moment où l’on parle de faire quelque chose seul, on perd de l’importance, les gens ont presque pitié de nous. Aujourd’hui, nous sommes en 2016, personne ne va venir fouiller chez nous pour nous dire de faire plus d’enfants. On a le droit de vouloir être seul, un peu, beaucoup ou passionnément.

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Source: Instagram 

Être bien :  

Je pense que dans la vingtaine, se retrouver seul face à soi même au moins une fois c’est plus qu’important, c’est nécessaire. Parce que quand on est seul, il n’y a personne d’autre dont on peut s’occuper, il y a juste nous. Et pour prendre soin de soi, il faut se connaitre. Quand je me suis retrouvée seule au retour du travail, le matin et même les fins de semaine, je n’avais du temps que pour moi, mais qu’est ce que j’aime moi? Je ne pouvais pas faire plaisir à mon chum, suivre les plans de mon coloc ou sortir avec mon amie. Je devais me préoccuper de moi et moi seule.

J’ai recommencé à écrire et à faire de la musique. Deux vieilles passions laissées derrière par ma vie sociale trop occupée. Je me suis aussi découvert un amour pour la lecture et pour le sport, deux choses que je ne laisserais plus jamais de côté aujourd’hui. Je suis aussi devenue plus dégourdie, laissez-moi vous dire que quand tes tuyaux de laveuse explosent en pleine nuit et que tu vois l’océan atlantique déménager dans ta cuisine petit à petit, tu n’as pas le temps de rester planté là à crier à l’aide jusqu’à l’arrivée de superman. Tu remets chaque bout de films de filles et les conseils de plomberie de Docu-D ensemble et tu trouves l’entrée d’eau assez vite! Il y a tellement de choses qu’on fait pour les autres, ou qu’on laisse les autres faire pour nous.

Ce que j’ai appris en étant confrontée à moi-même, c'est que c’est la meilleure façon d’apprendre à se connaitre et à s’aimer. J’ai appris que le mot solitude ne rime pas avec abandon. J’ai appris qu’il n’y a rien de tabou à cela. J’ai appris qu’écouter un marathon d’Harry Potter en pyjama seule dans son salon, c’est aussi magique qu’à deux, que de manger de la crème glacée goûte aussi bon avec une ou deux cuillères. J’ai appris qu’une fois qu’on est bien seule, on devient bien à deux aussi. En tant que personne ultra sociable, je peux vous dire que de passer du temps avec les gens qu’on aime, c’est précieux et formidable, mais être en solo ça l’est tout autant. C’est ça que j’ai appris, apprécier la compagnie je le fais depuis toujours, mais apprécier également le temps que j’ai avec moi-même, il n’y a rien de plus glamour.

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Source: The little Hermitage 

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