Tinder. J’me laisse aller le swipe. Tadah! Un autre match parmi tant d’autres. Mais avec lui, on passe le cap de ne pas ignorer nos descriptions respectives (ça devient sérieux) et on ne s’en tient pas qu’au typique allô ça va. Puis même que la suite de la conversation est innovatrice : je ne lis pas nulle pas dans la conversation : je cherche rien de sérieux quesse tu fais a soir? ;), qui se veut un classique Tindernien. C’est assez incroyable, que je me dis.
Puis viennent les compliments, les petits sons de violons et tralala. Puis, il m’invite, après quelques minutes d’habile cruise, à passer le prochain week-end chez lui. Eh bien, il ne niaise pas avec la puck comme on dit. Comme ses projets sont plus élaborés qu’un one night (ce qui est bien parfait pour moi, car à ce moment-là de ma vie, ce n’est pas ce que je recherche ici et maintenant), je me dis : pourquoi pas ?
Il est donc le moment venu de faire la rencontre du dit gentleman.
Je cogne. Il m’ouvre. Wow, il est pareil à ses photos ! Une autre chose assez rarement observée dans la jungle des réseaux de rencontre. Cute, bel appart (propre), artiste, barbu, bref, tout ce que j’aime pis c’est pas fake, c’est devant moi, et je vois ça de mes yeux vus. Alors je pénètre les lieux. Il m’offre un verre. Pas un vaste choix, mais c’est déjà ça : rhum and coke ou bière?
Ok, ouin. J’aurais peut-être dû lui préciser que je préfère le vin rouge, mais c’est correct. De l’alcool, ça reste de l’alcool et j’en ai besoin parce qu’il est un peu crispé et ça me crispe par le fait même.
« Ok pour le rhum and coke. Avec lime s’il te plaît. Ben oui je suis un peu fancy, hein! Hihihi! » (veuillez insérer un gros rire malaisé)
Je suis pourtant pas gênée dans la vie, mais lui, il me gêne. Je sais pas si on peut dire que ça part bien. Est-ce que j'ai un testament d’écrit dans la face ? Il est où son sourire ? IL EST OÙ?
Clairement juste sur ses photos.
Heureusement, l’alcool a rendu les échanges plus fluides et tout ce qui vient avec. Yay!
Puis, dodo collé. C’était pas si mal. Mais bon. Sans plus.
Puis après ? Il devait travailler à 8h00 (un samedi matin, ark) pendant trois heures. Il me dit : « Tu peux faire dodo autant que tu veux belle beauté. » Wow, je suis gâtée : la belle beauté au bois dormant qui se laisse aller dans le dodo pendant que Chose s’en va travailler. Il est clairement d’une grande générosité, n’est-ce pas?
Le voilà de retour. Je me réveille, car je sens une odeur de petit déjeuner.
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C’est bien tant mieux, parce que je crave, pis solide.
Après m’être pomponnée en bonne girly girl, je sors de la chambre et le rejoins dans la cuisine.
Il fait la vaisselle.
Il ne m’offre ni un bonjour, ni de toasts.
Géniaaaaal. Que la belle beauté au bois dormant reste donc sur sa faim en tout point !
« Allô!», que je lui dis bien candidement.
« Salut.», qu’il me répond bien bêtement.
C’est crispé comme la veille, mais là, y’a même pas de mimosa en option pour baisser la tension. Ben en fait, y’a rien pentoute, j’te dirais. Quand t’offres même pas une toast au beurre de peanuts à ta date, c’est que t’es pas un gentleman. C’est que t’es probablement rien pentoute.
Le deuil du mimosa pis de la toast au beurre de peanuts étant fait, je me dis qu'il doit peut-être décompresser du travail. Je lui laisse une chance, en bonne jeune fille naïve et lui laisse le temps de se rattraper. One last chance, pis si ça reste aussi frette que le Nord du Pôle Nord, je fous le camp.
Il va s’asseoir sur le divan sans rien dire. C’est comme si je n’étais pas là. Malaise.
À la télé, le poste Zeste. Sébastien Benoît dévoile les Coups de food de ses invités à grands coups de poutines dégoulinantes and so much more.
Sweeeeet.
Il est assis, ne dit que très peu de choses.
Que des trucs assez banals en fait. Et toujours pas d’offre de toast à l’horizon.
« Qu’est-ce que je fais encore ici? Pourquoi je m’acharne? », que je pense. C’est sûrement l’effet des phéromones et de la barbe qui sent bon, parce qu’honnêtement, après 16 heures sans avoir mangé, son attitude d’adolescent et Sébastien Benoît qui se laisse aller aux plaisirs de la dégustation devant l’affamée que je suis (sans rancune Sébastien), je peux juste pas comprendre pourquoi je reste assise là aux côtés d’un plate-pas-gentleman-pour-une-cenne-cheap-pas-capab-d’offrir-le-p’tit-dej-à-sa-date.
C’est après qu’il se soit endormi, après deux épisodes en rafale de Coup de food, que je prends mes clés pis mes claques, et que je sacre mon camp. Oui! Enfin, je prends la poudre d’escampette et je suis clairement une badass, strong independant woman.
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Tu t’imagines qu’aucun petit mot n’a été écrit et déposé sur le coin de sa table. Et que plus jamais je n’ai écouté Zeste de ma vie (traumatisme).
J’étais un peu naïve, mais lui était poche pis re-poche. Pis c’est pire que la candeur, à mon avis.
Ça fait que c’est ça. Notre vie de couple et de famille s’est éteinte drette là. Pis en toute honnêteté, la pizza qui s’en est suivie l’a très largement dépassé en termes de satisfaction. Sorry not sorry. Pis surtout, adios !
Et toi, ça ressemble à quoi, ta pire date ever?