La maladie de Crohn est une maladie incurable qui s’attaque au gros intestin. C’est un cauchemar pour les futures mamans qui doivent apprendre à consolider la vie de famille et la douleur. Pour Marianne Boivin, c’est une façon d’avoir pu se réinventer.
Marianne Boivin a été diagnostiquée à l’âge de 16 ans de la maladie de Crohn. Une maladie inflammatoire du gros intestin provoquant plusieurs symptômes, tels que des douleurs abdominales, de l’anémie, des nausées ou encore de la diarrhée. Il existe plusieurs traitements pour traiter la maladie et rendre le quotidien des gens atteints plus soutenable. La prise d’antibiotiques, la chirurgie ou encore l’utilisation de produits biologiques peuvent aider.
La maladie de Crohn est une maladie propre à chacun, au niveau des symptômes et des traitements. Cette jeune femme a baigné dans l’incertitude avant de recevoir son diagnostic final. Elle a toujours eu des maux intenses au ventre et les médecins ne savaient pas vraiment de quoi elle était atteinte à l’époque. Elle a reçu des diagnostics de plus en plus erronés sur sa condition, jusqu'à ce qu'un médecin mette le doigt sur le problème.
« On me disait que j’avais le côlon irritable. Un autre a pensé que je faisais une possible intolérance au lactose et au gluten. Il y en a même un qui croyait que j’étais une petite fille en manque d’attention de ses parents. »
C’est à l’âge de 16 ans que le verdict tombe. Elle est atteinte de la maladie de Crohn. Une maladie incurable avec son lot de désavantages. Elle subit des effets comme des maux de ventre intenses, des haut-le-cœur et une fatigue de plus en plus forte. Sa vision a aussi commencé à faiblir. Pour cause, son corps s’est battu avec acharnement pour contrôler la maladie, laissant son organisme vulnérable.
Ne connaissant pas le mot « abandon », Marianne débuté, et continue à suivre, un traitement intraveineux qui aide à contrôler la maladie de Crohn. Surtout pour réaliser son vœu le plus cher : être maman.
Le miracle malgré les déclarations
« Madame, vous êtes infertile. »
Cette réplique est un crève-cœur pour toutes les femmes qui souhaitent donner la vie.
Pour une femme qui est atteinte de la maladie de Crohn, c’est un cauchemar. Dans le cas de Marianne, elle a tellement été bombardée par les différents diagnostics des médecins qu’elle a cru ne jamais pouvoir mettre au monde un enfant.
Le destin en aura voulu autrement. C’est à l’âge de 18 ans, que le contraire des médecins se produit : elle a appris qu’elle attendait la venue de sa première petite fille.
« J’étais à l’hôpital quand la nouvelle a été annoncée. Sur le coup, j’ai stressé et je trouvais cela tellement irréel. À force d’entendre des mauvaises nouvelles, j’ai fini par y croire. Quand je l’ai su, j’ai failli faire un malaise. »
Les risques pour le fœtus sont importants. Selon le Dr Denis Constantini, gastro-entérologue, le fœtus peut avoir des risques de naître prématurément, avec un faible poids à la naissance et un retard sur la croissance intra-utérin. Dans le pire des cas, des fausses couches peuvent se faire de façon spontanée. Pour Marianne, sa grossesse devait s’arrêter à la 40e semaine pas plus. Une provocation de l’accouchement était nécessaire éviter le pire.
Le 2 novembre 2018, malgré des risques de naissance prématurée, Marianne a donné naissance à sa petite fille, Tamara.
Image par Thedanw via Pixabay
Recommencement
Depuis l’arrivée de son bébé, Marianne a beaucoup réfléchi sur elle-même. Notamment sur le fait d'apprendre à vivre dans son corps, malgré la maladie incurable dans son organisme.
Cela a été pour elle une période de grands changements. Un déménagement pour changer d’air. Elle a pu bénéficier énormément de l’amour de sa famille, de son conjoint, de sa meilleure amie et de sa cousine atteinte de la même maladie.
Elle a dû changer de traitement par intraveineuse. Auparavant, Marianne prenait de la Remicade. Depuis la naissance de sa fille, elle a développé des anticorps contre le traitement. Elle a changé alors pour l’Entyvio, un immunosuppresseur biologie. C'est ce changement qui a eu un effet positif sur sa fertilité.
En effet, Marianne est tombée enceinte de son deuxième enfant à la suite de ce nouveau traitement. Le 31 décembre 2020, pour bien terminer l’année, son fils Owen est né.
Malgré tout
Pour rien au monde, Marianne ne changerait quoi que ce soit. Avoir donné la vie a été la plus belle expérience, bien qu’elle ait toujours été mise en garde par ses médecins.
Selon un document du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), les risques de transmettre la maladie de Crohn au nouveau-né sont de 2 à 5 %. Si les deux parents sont atteints de la maladie, les probabilités sont de 1 sur 3.
Malgré ce que la maladie de Crohn a a comme impact sur son quotidien, elle n’a jamais laissé tomber. Il y a une leçon qu’elle souhaite transmettre à ses enfants, qui peut aussi s'applique à nous tous :
« Bien que nous voyons les gens avec un regard simple, certains ont des faiblesses visibles et d’autres en ont que nous ne pouvons pas voir à l’œil nu. Jamais, au grand jamais, il ne faut porter de préjugés si nous ne sommes pas en connaissance de cause. »
Vous ne connaissez peut-être pas cette jeune femme à l’amour débordant pour ses proches. Mais sachez qu'elle sacrifierait tout, malgré la maladie, pour permettre à son entourage d’être heureux.
Même pour le troisième enfant qu’elle attend en caressant doucement son ventre.