Nos routes se sont croisées il y a maintenant quatre ans. Virtuellement d’abord, puis sept mois plus tard, je traversais l’océan pour te rejoindre. À partir de ce moment, notre vie a été chamboulée.

De ce premier voyage pour te rencontrer ont découlé six autres au cours des trois dernières années. Te quitter fut un déchirement à chaque départ de chez toi… de chez nous.

Une partie de mon cœur et de ma tête est restée près de toi, dans notre Algérie.

Nous avons traversé de nombreuses épreuves, connu des moments de stress, de colère, de détresse et de tristesse, mais nous avons aussi partagé tant de douceurs et de complicité amoureuse. Chaque jour loin de toi est une torture. Et malgré tout, nous sommes encore là, ensemble, unis dans cette vie que nous bâtissons à deux.

Lors de mon dernier voyage à la maison, en novembre, nous étions loin de nous douter que je ne reviendrais pas avant longtemps. Ce qui devait être une séparation de trois mois est maintenant devenu cinq mois et demi… et ce n’est pas encore fini. La distance est difficile à porter. Mais ma mère est très malade, et je dois consacrer mon énergie à être ici, près d’elle. Tu as compris, avec beaucoup de cœur, que je devais rester auprès d’elle jusqu’à la fin.

En mars et avril, nous avons décidé de lancer les démarches pour un visa visiteur. C’était désormais à toi de venir me rejoindre. Encore des formulaires, des lettres à rédiger pour expliquer le but de ta visite : rencontrer ta belle-mère… avant qu’il ne soit trop tard.

Recevoir le courriel confirmant l’acceptation du visa a été un moment de pur bonheur. Enfin une bonne nouvelle ! C’était à ton tour de traverser l’océan. Ton tout premier vol, ton premier voyage à l’étranger, pour venir rencontrer une femme extraordinaire : ma mère. S’en sont suivis de nombreux jours de préparation en vue de ton arrivée.

Le 15 mai 2025 : la date de ton arrivée au Canada !

Bouleversée, j’étais à l’aéroport avec plusieurs heures d’avance. Et c’est là qu’a commencé la longue attente. Retard à l’aéroport d’Alger… Puis, une fois que ton avion a atterri, il a fallu encore attendre deux heures : les formalités pour un immigrant, comme si tu étais un criminel potentiel.

Mon stress montait en flèche. Je voyais défiler tous les passagers… mais toi, tu ne venais pas. J’en étais à douter d’être au bon endroit. Pourtant, c’était bien là que j’étais sortie lors de mes sept derniers voyages.

J’ai fini par demander à une agente de sécurité s’il était possible de savoir où tu étais. Elle m’a répondu « non ». J’étais au bord des larmes… quand j’ai levé les yeux… et que j’ai croisé ton regard.

Crédit: Unsplash

Ce regard. Ce sourire. Ceux qui me chavirent le cœur à chaque fois.

Tu m’as prise dans tes bras et soulevée dans les airs. Ce moment restera gravé dans mon âme. Enfin, plus de cinq mois plus tard, tu posais les pieds ici, en terre canadienne.

Aujourd’hui, deux mois se sont écoulés. Tu as décidé de rester pour m’aider avec ma mère. Ton aide est précieuse, et je t’en suis profondément reconnaissante. Mes parents t’apprécient énormément. Notre quotidien est souvent difficile, je le sais. Tu t’ennuies de la maison, de la mer, de notre vie sur la terre algérienne.

Les démarches de parrainage avancent à pas de tortue. Mais bientôt… oui, bientôt, nous verrons apparaître cette lumière au bout du tunnel, celui qui nous semble si long et obscur depuis tant de mois.
Photo de couverture via Caleb Ekeroth
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