Cette vague impressionnante qui a fait chavirer plusieurs personnalités publiques ne tire pas sa révérence sans applaudissements. C’était un mouvement aux couleurs féministes des plus médiatisé des dernières années. C’était émouvant d'assister à ces aveux de toutes ces victimes d’agressions sexuelles qui ont dénoncé avec ces deux mots tout simples un acte qui a eu tant de répercussions dans leur vie. C'était une union puissante de femmes et d’hommes dont plusieurs affichaient ouvertement leurs blessures. C'était beau et choquant à la fois. Oui c'était un mouvement de masse et c'est bien le but de choquer. Le monde a pu constater la triste réalité : les agressions sexuelles surviennent trop souvent à beaucoup trop de personnes.
Au Québec, il ne s’agissait pas de la première vague de dénonciations. On se souvient de Guy Cloutier et de toutes ces histoires de membres des clergés qui ont abusé de jeunes enfants dans un silence qui a été brisé que des années plus tard. La vague de #moiaussi témoigne de la persistance de ces crimes. Les premiers mouvements de dénonciations publiques qui avaient pour but de choquer, de mettre en garde la population contre ces crimes, n’ont pas mis fin à leur source. Il faut encore se battre de nos jours pour dénoncer un de ces actes. La vague de #moiaussi a aidé beaucoup de victimes à mettre leur pied à terre et témoigner de leur agression. Cela met en garde de plus en plus la population.
C’est un premier pas vers l'extermination de ces affreux phénomènes qui ruinent la vie de beaucoup de femmes et d'hommes. Il n’en demeure pas moins que pour obtenir justice, il faut énormément de temps et d'énergie qui n'assurent pas toujours une résolution lorsqu'on dénonce un agresseur. C’est un combat qui est loin d’être gagné. Cela décourage encore un grand nombre de victimes de porter plainte.
Je me suis ouverte à mes amies proches récemment et j’avoue que je n’aurais pas eu autant de facilité à verbaliser rapidement cet incident, si ce n’était pas un sujet que l’on entend sur toutes les lèvres. Lorsque j’ai parlé de mon agression, je n'ai pas reçu de consolation, mais plutôt une question : «Pourquoi tu ne portes pas plainte ?» Ma réponse a été la suivante. C'est si dur de sortir cela de soi, de ne pas culpabiliser, de ne pas être bloquée par la peur qu’au moment où je vous dis ceci, je considère avoir accompli une grande étape : en parler. J’ai partagé une blessure parce que j’ai besoin de soutien pour la guérir. Une fois que l'on trouve la force d’aller au-delà de notre peur, il faut dépenser tant de temps et d'énergie sans être assurée d'obtenir justice, alors à quoi bon porter plainte. Je suis en quelque sorte soulagée d’avoir fait part de l’incident. La vague #moiaussi m'a donné confiance pour le faire.
Voilà ce qu'il faut retenir de ce phénomène. On a levé le tabou sur les agressions sexuelles. Ce phénomène a prouvé à des milliers de victimes qu’elles ne devaient pas se sentir mal de parler, de se confier et qu’elles avaient un droit de parole avec une grande valeur. Le droit de partager et de parler sans crainte.