Nous sommes en 2017. Je décide qu’il est maintenant temps de me libérer de mes menstruations. Adieu flux sanglant. Je ne t’ai jamais aimé de toute façon. Au revoir alarme hebdomadaire. Je t'ignorais tout le temps. Mon but est fixé, je veux un stérilet. Je n’ai aucun regret de mon choix.

Je prends un rendez-vous avec ma docteure. Ma prescription de pilules contraceptives arrivait à échéance. Je lui avoue que je ne souhaite pas renouveler mon ordonnance. Elle m’explique les différents types de stérilets. J’opte pour celui avec hormone de cinq ans. Je m’assurais ainsi ne plus avoir à organiser mon horaire avec celui de mon cycle menstruel. On me donne un papier. Je dois rencontrer une gynécologue.

Le rendez-vous

Je me rends à une clinique spécialisée en gynécologie. C’est là que l’histoire devient vraiment moins belle. Je m’assois et sors mon cellulaire pour me divertir. Dix minutes au compteur, j’aperçois d’autres gens entrer dans la pièce. Vingt minutes, ces mêmes personnes arrivées après moi sont interpellées à aller voir les médecins. Trente minutes, je bouillonne d’impatience. On m’appelle enfin. Je me déplace dans un nouveau local… vide. Où est la gynécologue? Me suis-je trompée de salle? Je sors ma tête du corridor. Je jette en coup d’œil à droite, puis à gauche. Encore personne. Ça fait maintenant quarante minutes que je patiente. Quand la gynéco arrive, mon sourire a quitté mon visage. On doit faire mon examen et je n'ai aucune envie qu’une inconnue insère quelque chose en moi.

Elle m’invite à m’installer sur le petit lit, sans pantalon, sans culotte. Ce n’est pas la première fois que je passe ce test, mais ma crainte est nouvelle. Elle introduit dans mon intérieur un objet qui permet d’écarter mon sexe. « Ça fait mal », lui dis-je, inquiète. Elle me réplique que c’est normal. Ah bon? Pourtant, ça ne m’est jamais arrivé auparavant. « Ça fait vraiment mal », ai-je clamé encore plus fort. Elle semble ignorer mes plaintes. Des larmes coulent le long de mes joues.

Une fois l’examen complété, la gynécologue se retire et me déclare : « C’est terminé. Tu peux te rhabiller. Tu prendras un mouchoir. Ça saigne un peu. » Qu’est-ce qui vient de se passer ?

L’achat

Au comptoir de la pharmacie, je présente la feuille. Je regarde le prix s’afficher. On dépasse les 400 $. J’en perds mon souffle. Pourquoi personne ne m’a avisé combien ça coûtait? J’appelle ma mère. « Mom, please, dis-moi que les assurances qu’on a couvrent une partie. » Elle m’apaise par un oui. Je fais le calcul. Ça revient quand même moins cher de payer ce gros montant maintenant que de continuer avec la pilule pendant cinq ans. Je poursuis mon objectif. Après tout le chemin que j’ai accompli, je ne vais pas retourner de bord.

La mise en place

C’est un matin gris. Je me rends une nouvelle fois au bureau de gynécologue. J’ai fait attention de ne plus revoir la même dame qui m’avait examinée. Je stationne mon auto. Tiens, une Volkswagen jaune, comme celle de ma grande sœur. Ça me fait penser à elle. Ça me rassure.

J’entre une fois de plus dans la salle d’attente. Je donne mon nom à la réception. « Lucie ! » Je me retourne. Ma sœur est là. Mon anxiété a disparu. Je lui demande ce qu’elle fait ici. Elle m’annonce qu’elle vient aussi se faire poser son stérilet. Le hasard fait si bien les choses. On discute. On prend de nos nouvelles. J’en oublie le temps. On nous appelle pour nous rendre dans les salles privées.

Le médecin est si gentil. Il s’assure de me mettre en confiance. Il m’explique que la procédure sera de courte durée, mais qu’il y aura un long pincement qui sera douloureux. Il a raison. J’ai mal, mais il reste avec moi et me prend la main. La souffrance se termine rapidement. Avant de me quitter, le gynécologue prend soin de savoir si tout va bien.

Je rejoins ma grande sœur. On marche ensemble à notre automobile. On se fait un câlin. Je sais que l’on peut compter l’une sur l’autre.

Mission accomplie

Je n’ai plus à me rappeler de prendre ma pilule. Je n’ai plus à me rendre à la pharmacie pour aller chercher ma prescription. Je n’ai plus de menstruation. Le plus beau dans tout ça, c’est que je n’ai plus à arrêter mes pulsions sexuelles à cause des saignements. Mon but est atteint. Je ne reviendrai pas à mon ancien mode de contraception. J’ai parlé avec plusieurs personnes de mon expérience. Tout le monde a son histoire.

J’ai eu la malchance de tomber sur une gynécologue qui m’a blessée, mais les spécialistes ne sont pas tous les mêmes. Je remercie celui qui a posé mon stérilet. Grâce à toi, je n’ai pas de regret de m’être lancée dans cette décision. Merci.

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Le look:

Vêtements - La Vie en Rose

Lieu - Codmorse

Photos - Mathieu Flageole de Codmorse

Retouches - Camille Dg de Codmorse

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