La fois où j’ai démissionné après un shift de 3 heures

Je suis probablement l’une des personnes qui a occupé le plus de jobs différentes à seulement 22 ans et toutes mes dents. On va se dire les vraies affaires. Habituellement, les emplois rémunérés au salaire minimum sont assez précaires. Justement, je ne veux pas travailler toute ma vie pour un salaire de misère et avec des conditions merdiques, alors c’est pour ça que je compte bien finir mes études universitaires.

Revenons à nos moutons! La fois où j’ai démissionné après un shift de 3 heures, c’était un 15 septembre. Je me rappelle de la date parce que c’est la fête à mon père cette journée-là. Je m’étais présentée en personne, la veille, pour déposer mon cv et on m’a engagé tout de suite comme hôtesse en me disant que je commencerais le lendemain. T’avoueras que c’est louche de se faire engager sans passer d’entrevue… Bref, à l’époque, je cherchais un emploi à temps partiel et j’étais juste contente d’avoir eu la job.

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Je suis arrivée au restaurant dont je vais taire le nom, tant pis pour les curieux, avec mon petit stress et ma joie de vivre naturelle. J’ai tout de suite senti que quelque chose clochait, je ne savais pas quoi, mais il y avait quelque chose dans l’air qui me faisait déjà douter de mon choix. C’était peut-être dû à la clientèle majoritairement masculine ayant consommé un peu trop de bières tout en regardant le match de hockey sur les écrans géants dans les salles à manger ou peut-être l’odeur du popcorn extra beurre+extra sel, je ne le saurai jamais. Mes tâches étaient assez simples, je devais accueillir les clients et leur assigner une table tout en leur apportant le menu et du popcorn. Jusqu’ici, ça va!

C’est quand ma supérieure est arrivée et qu’elle m’a apporté l’uniforme que je devais porter que ça a dégénéré. C’était un petite robe noire, mais pas celle que tu mets à des funérailles mettons. C’était une robe sexy ultra moulante one size fits all qui arrive ras la foufoune, surtout quand tu mesures 5 pieds 9, avec un décolleté plongeant. Je ne suis pas prude dans la vie, ce qui me dérangeait c’était que les serveurs, eux, portaient des pantalons et des chemises couvrant chaque parcelle de leur peau. Non mais, si t’obliges les femmes à être presque nues, pourquoi les hommes ne travaillent-ils pas en chest? Quand t’entends parler de «l’objectification du corps de la femme», c’est exactement ça dont il est question dans ce resto.

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Je me croyais dans un film stéréotypé des années 1950 dans lequel la femme doit servir l’homme peu importe ses désirs. Les serveuses qui travaillaient là, je dis serveuses parce que sur 20 serveurs, il y avait juste 2 hommes, alors le féminin l’emporte peu importe les règles de la grammaire. En tout cas, elles étaient toutes très jolies, sveltes, maquillées, correspondant au moule standard de la Barbie parfaite, comme quand on dit aux petites filles : sois belle et tais-toi. Ça m’énerve tellement ce genre de mentalité. Moi, j’ai pas envie de me taire. J’emmerde les bonnes manières. Les clients, des hommes d’affaires majoritairement, regardaient soient du sport à RDS sur les écrans ou bien les atouts féminins des serveuses bien mis en valeur. Pas très féministe tout ça…

Dans la vie, je ne peux pas faire quelque chose qui va à l’encontre de mes valeurs, alors c’est pourquoi j’ai démissionné après seulement 3 heures.