À toutes celles qui se sont forgées, avec le temps, les déceptions et les blessures, une carapace un peu trop difficile à percer.
Mon cœur, tel un bébé tortue, est enveloppé d’une petite carapace.
Au début, mon cœur était tout fragile. Il fallait le manipuler avec précaution, chose qui n'a malheureusement pas toujours été faite. Il a, par moment, été trahi, empli de chagrin, manipulé et frustré. À la base, la carapace n'était pas si solide. Elle avait des failles et on pouvait la contourner facilement. Mais, au fil du temps, elle s'est endurcie. Parfois, je me dis même qu'elle est rendue un peu trop étanche.
Ma carapace a reçu des coups, certains plus violents que d'autres. Des coups de bâtons qui cherchaient à la percer. Certains qui ont bien failli la briser pour de bon. Pourtant, elle tient le coup. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » comme on dit.
Maintenant, l'option la plus facile est de ne laisser personne entrer.
J'ai tellement utilisé cette carapace pour me protéger, qu'elle et mon cœur ne forment plus qu'un. C'est impossible à séparer. Je n'ose plus faire confiance. Je me dis qu'on ne voudra que faire du mal au petit être fragile qui s'y camoufle. J'ai eu tellement mal dans le passé que je tente de me protéger avant même que la menace n'arrive. Je coupe les ponts, je sabote, je recule, je néglige. Lorsqu’une opportunité d’engagement se présente, je pars courir dans le sens contraire.
Faire confiance n’est pas une option.
Comment peut-on faire confiance après avoir été brisé? J’avais laissé entrer dans ma carapace un petit cœur auprès du mien. Ils allaient battre côte à côte. Ensemble, ils battraient plus fort. Je lui ai confié tous mes secrets, pensant que cela ferait en sorte qu'ils seraient liés à jamais. Je lui ai offert ma chaleur, pour être certaine qu’il se sente aimé autant qu’il le devrait. Sentant que ce n’était pas assez, je lui ai offert ma vulnérabilité, en laissant tomber complètement ma carapace. Souriante, je l’ai regardé la laisser tomber. Il n'a fait aucun geste pour la retenir.
Puis il a quitté. Sournoisement.
J'ai ramassé les petits bouts de carapace éparpillés que j'ai pu retrouver. Je les ai collés, un peu trop fermement. Avec le temps, elle a repris des forces et elle s'est refermée sur elle-même, emprisonnant mon cœur du même coup.
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Depuis, j'ai énormément de difficulté à faire confiance aux gens.
Je laisse entrevoir une carapace qu’ils croient être capables de percer facilement. Mais ce n’est qu’illusion. Ils ne se rendent jamais réellement à mon cœur. Plus maintenant. Ils se rendent à ce que je veux bien laisser entrevoir.
Je crains d’être celle encore qui accueillera à bras ouverts celui qui va la briser. Celui qui me fera croire être le meilleur confident, digne de confiance… Alors qu’il n’attendrait que le moment opportun pour voler une petite partie de mon cœur et se sauver avec sans jamais me la rendre.
Je suis consciente que le manque de confiance a énormément de conséquences. Les gens le ressentent lorsqu'ils n'ont pas accès à l'entièreté de notre personne. Je sais que je ne réussirai jamais à trouver l’amour si je ne me permets pas de bâtir une confiance. Mais j’ai si peur. Et s’il volait, lui aussi, une trop grosse partie de mon cœur? Sera-t-il ensuite capable de battre pour quelqu’un d’autre ?
J’ai peur que mon petit cœur soit rejeté à nouveau. J’ai peur qu’il soit abandonné. Mais je sais que celui qui ne risque rien n'a rien. Je sais aussi que le bon sera tenace, qu'il tiendra à réussir à ouvrir la carapace, mais en douceur, à mon rythme.
Et moi, je dois apprendre à l'ouvrir un peu, pour me laisser une chance d'apprendre à nager dans le bonheur.