Le tout premier article que j’avais écrit pour Le Cahier était « La fille anormalement normale » et je parlais justement de ma situation de façon anonyme. Pour te dire, j’ai 31 ans et je suis boulimique depuis plus de 11 ans déjà. J’ai vécu longtemps dans la honte et je faisais tout ce que je pouvais pour que personne ne découvre mon « secret ». Avec le temps, j’ai réalisé que d’en parler changeait de loin ma perspective face à tout ça.
Source image: Unsplash
Tout d’abord, l’idée préconçue de ce trouble alimentaire est hyper clichée et ce n’est absolument pas ce que tu peux t’imaginer. Informe-toi avant de juger qui que ce soit, qui doit vivre avec ce problème, tu pourras alors comprendre sa réalité. Je présume que tu vois la fille avec un surplus de poids, qui bouffe à s’en rendre malade et qui termine chaque repas en allant se mettre les doigts dans la gorge à la salle de bain, mais ce n’est pas ma réalité! La boulimie se présente sous plusieurs formes pour compenser les aliments qu’on culpabilise de manger. Oui ça peut être en se faisant vomir, en faisant du sport à l’extrême ou en sautant un repas pour compenser le trop plein de celui d’avant. Ça se passe avant tout dans la tête.
Je dis toujours que c’est mon cerveau qui prend le contrôle de mon corps en entier. Ça devient une obsession et une fois dans le cercle vicieux de ce problème, il est bien difficile d’en sortir. C’est mon quotidien. Cela fait tellement longtemps que ça fait partie de moi et j’ai fini par vivre correctement avec cela. Compare ça à arrêter de fumer, beaucoup essaient plusieurs fois de cesser avant d’y arriver. Et je précise que je vis correctement avec cela, car j’ai fini par l’accepter même si j’aimerais être « normale » et ne pas y penser chaque jour de ma vie. Puis être normale, c’est quoi dans le fond? ;)
Source image: Pexels
J’ai le goût de te dire qu’il y a tellement plus de personnes qui vivent avec un trouble alimentaire que tu peux t’imaginer. Que ça se présente d’une multitude de façons et que ce n’est pas du tout évident à cerner sur quelqu’un. L’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie et j’en passe. Même quand tu penses qu’il n’y a pas d’issue, il y aura toujours de l’amélioration. Que d’en parler aux gens que tu aimes te fera du bien et qu’il n’y a pas de honte à ça. Il y a maintenant plusieurs ressources pour comprendre la nature du problème, des groupes pour échanger avec des personnes fantastiques qui vivent le même genre de trouble que toi. Je veux que tu saches que si tu te sens seule face à ton trouble, ce n’est pas le cas. Que ça ne fera pas de toi une personne fuckée de devoir composer avec ça.
J’ai le goût de te dire aussi de l’accepter. Que le cheminement est long et qu’il ne faut jamais que tu te décourages. Que d’en parler ouvertement te rendra plus légère et qu’aucune personne qui t’aime ne va jamais te juger pour la personne que tu es. Que même s’il y a des bouts plus difficiles, tu vas tout de même avoir de belles journées et de meilleures passes. Peut-être même que tu vis avec un trouble alimentaire et que tu n’es pas au courant, ou que tu ne vois pas cela comme un problème! Que tu restes une personne normale et authentique et que tu peux toujours t’en sortir quand ton cerveau sera prêt!
Et je termine en te disant que d’en parler m’a tellement aidée et libérée d’une tonne de briques qui me pesait dans le cœur, que je reste après tout la même Julie que tu connaissais avant et que ça ne change en rien tout ce que tu aimes de moi. Que de rester la même personne que tu es avec moi en sachant ma situation est le plus beau cadeau que tu peux me faire et moi, d’accepter de vivre avec mon trouble au quotidien est également un grand pas vers l’amélioration.
Source image: Pexels
Si tu vis avec un trouble alimentaire, libère-toi de cela et vide ta conscience aux gens que tu considères. Que ça ne changera en rien la magnifique personne que ton entourage apprécie tant. Aime-toi malgré tout, ce n’est tellement pas toi qui choisis au final et tu es tellement plus solide que tu peux le penser. <3