Récemment, plusieurs villes américaines ont introduit un nouveau jour férié, soit le 19 juin [June Nineteen, en anglais] dans la foulée des revendications raciales après la mort de George Floyd et de Breonna Taylor. La nouvelle a fait la manchette des bulletins d’informations et des journaux de plusieurs média américain, mais pourquoi?
Pour comprendre l’importance de Juneteenth [contraction de June (Juin) et Nineteen (dix-neuf)], il faut remonter aux années esclavagistes américaines. Grâce à la montée de l’industrialisation dans le Nord, la question sur la moralité de l’esclavage commençait à être soulevée par les intellectuels. Après tout, le Chemin de Fer clandestin [route souterraine partant du Sud jusqu’aux États Nord, puis vers le Canada, qui permettait aux esclaves de s’enfuir vers la liberté] emmenait son lot de témoignages bouleversants sur la réalité noire sur les plantations sudiennes. Des images faisaient la une des journaux, exposant les marques de fouet imprégnées dans la chaire d’un homme noir et des témoignages d’hommes nouvellement libres occupaient la page principale de l’édition du soir. L’esclavage devenait la honte du Nord, alors qu’il avait déjà été aboli par les métropoles européennes et dans leurs colonies : il devenait de plus en plus pressant de l’interdire sur le territoire américain. En effet, la question de l’esclavage était régie par chaque état et le Sud refusait d’envisager de libérer leurs esclaves, après tout, c’était leur moteur économique. Il faut comprendre que pour une entreprise, un des coûts les plus élevés est la main d’œuvre (environ 40% des profits passent dans les salaires), donc trouver une main-d’œuvre plus ou moins qualifiée à moindre coût est le but ultime. Il aurait été insensé pour les maîtres de plantation de cracher sur d’aussi gros profits.
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Pour les Sudistes, ce n’était pas qu’une question économique, mais aussi une question d’auto-détermination : ils ne voulaient pas que le Nord leur impose ses valeurs. Éventuellement les discussions à la Chambre des Représentants et au Sénat ont été caduques. Les États du Sud ont créé leur propre État : La Confédération et ont déclaré la guerre à l’Union [les États du Nord]. La Guerre Civile Américaine, ou Guerre de Sécession, a duré 4 ans, soit de 1861 à 1865. L’Union a remporté la Guerre, ils ont forcé l’annexion de la Confédération à l’Union et ont ordonné l’abolition de l’esclavage. Malgré le décret d’Abraham Lincoln qui avait aboli l’esclavage auparavant, ce n’est qu’en 1865 que le décret devient effectif sur l’entièreté du territoire américain.
Nonobstant, plusieurs personnes noires sont demeurées dans leur état de servitude quelques années après ladite proclamation. Il faut se souvenir que les nouvelles voyageaient lentement au 19e siècle et que pour toute nouvelle loi, il y a un délai, permis par la loi, pour la mettre en place. Donc plusieurs afro-américains n’ont pas obtenu leur liberté avant le 19 juin 1867, où les maitres ont réuni leurs esclaves, leur ont servi le souper et leur ont « donné » leur liberté qui avait été déjà acquise. Pas de remerciements, pas de promesses d’emplois, pas de compensations, nulle part où aller, sans le sou. Imaginez la crainte, l’anxiété et la peur d’affronter un monde inconnu en tant qu’adulte alors que l’on avait toujours été traité comme un enfant. Le gouvernement leur avait promis 1 mule et 40 hectares de terre pour leur permettre de créer du capital et comme compensation pour les années d’esclavage. Cette promesse est morte au moment où Lincoln prenait son dernier souffle.
L’histoire américaine noire est remplie d’injustice, mais aussi de résilience et de force. Juneteenth est considéré comme le jour de l’Indépendance noire et le début de leur histoire.