Je ne suis pas une fille d’extérieur. Vous ne me trouverez pas dehors à me prendre des coups de frisbee au visage, à trébucher sur une racine dans la montagne ou à me coucher sur une serviette dans ma cour jusqu’à ce que mon dos évoque la couleur d’un homard. Mais, bien entendu, passer l’été enfermée à la maison était une idée inconcevable. Alors je me suis bottée le derrière et j’ai suivi ma famille à Baie-Saint-Paul pour une semaine. Au lieu de nous envoler dans les tout-inclus du Mexique et de la République Dominicaine truffés de belles plages et de buffets où les excès deviennent quotidiens, notre quatuor familial a longé l’autoroute 20 et de la route 138 vers le petit village situé dans le domaine Charlevoix, question d’être plus actifs.
1er jour
Avec nos souliers de randonnée, des sandwichs et des sacs de noix bios, sans oublier mon carnet de notes, nous nous sommes dirigés vers le Parc National des Grands-Jardins pour une randonnée pédestre de plus de huit kilomètres. Bien que sept de ses onze sentiers soient classés « faciles », nous avons opté pour le Mont-du-Lac-des-Cygnes, étiqueté « difficile ». Dénivellation? 480 mètres. Durée moyenne? 4 heures. Avec ses multiples montées, ce fut bien différent des tranquilles marches au Mont Saint-Bruno pour ma petite sœur de dix ans. Mais la vue au sommet sur l’astroblème de Charlevoix au milieu de la végétation accrue est des plus sensationnelles et vaut la peine. Nous avons promis de revenir pour ses autres activités, comme le kayak, le surf à pagaie et le via ferrata.
2e jour
Nos jambes courbaturées de la veille, nous avons décidé que nos bras subiraient le même traitement avec une activité de kayak. En effet, la compagnie Katabatik permet des expéditions de kayak, de paddle surf, de canyoning et de vélo, entre autres, à différents endroits de Charlevoix. Nous avons choisi une excursion familiale de 12 kilomètres sur la Rivière du Gouffre, riche en saumon et en truite et… ponctuée de quelques rapides. Rien de très dangereux, mais j’ai remercié les cieux de ne pas être seule dans mon kayak, parce que dans de telles situations, il faut ramer encore plus fort et ne pas laisser la panique envahir son esprit si l’embarcation dévie dans sa trajectoire. Encore une fois, des paysages naturels fabuleux!
3e jour
En guise de journée de vélo au départ, nous avons pris un traversier à l’Isle-aux-Coudres. L’Isle-aux-Coudres, c’est une minuscule île de 29,46 kilomètres carrés baignant dans le Fleuve Saint-Laurent et d’un peu plus de mille habitants. Il s’agit de l’incarnation du village québécois fictif de Griffin Creek décrit par Anne Hébert dans son roman Les Fous de Bassan (à lire si ce n’est pas déjà fait): des maisons allant aux bicoques ancestrales médiocres jusqu’aux maisons estivales coquettes, une église ravagée par le temps, mais tout de même encore fréquentée par quelques adeptes, et surtout, les plages de sable, d’algues et de roches offrant une vue unique sur le fleuve d’eau salée et les montagnes. Nous avons pu apercevoir bon nombre de personnes faire le tour de l’île en vélo, mais nous avons abandonné l’idée par l’absence d’une piste cyclable, remplacée par un tout petit espace entre la ligne blanche et le trottoir. Nous avons plutôt visité les lieux et marché sur le bord de la plage, imaginant l’écume rejoindre nos orteils dans le sable.
4e jour
Gonflés à blocs, nous avions lavé nos bottes boueuses avec un boyau d’eau bien froide, puis renouvelé nos provisions de sandwichs pour une deuxième randonnée, cette fois au Parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Un autre parc national offrant diverses activités de plein air, mais nous voulions encore explorer de plus près sa végétation et ses sommets à pied. L’Acropole-des-Draveurs semblait très populaire, un sentier de 11,2 kilomètres avec une dénivellation de 800 mètres. Mais notre choix s’est arrêté sur Le Riverain, une piste moins escarpée d’environ 17 kilomètres avec différents sommets, et comme destination finale une gigantesque chute. Parfait pour faire quelques arrêts et manger, observer de saisissants paysages (que j’ai tenté d’illustrer dans mon carnet malgré mon piètre talent) et il y a même un charmant autobus jaune offert pour la descente.
5e jour
Nous avons décidé d’amorcer notre dernière journée avec le plus foudroyant de nos défis : le canyoning. Avec Katabatik, une initiation de trois heures à ce loisir un peu extrême est offerte. Engoncés dans des combinaisons isothermiques et alourdis par un harnet de mousquetons, nous avons descendu en rappel des chutes bruyantes, impitoyables, violentes, mais ô combien démonstratrices de la force de la nature. Étant donné l’état glissant des lieux, nous n’avons pas osé sortir notre appareil photo. Une expérience familiale inoubliable, et qui convient à ceux qui recherchent une activité plus intense. Et nous sommes ainsi repartis vers chez nous le lendemain la tête pleine d’aventures.
C’est mieux que de se faire griller, non?